La Mairie de Toulouse vient d’autoriser, ce mercredi 1er avril 2022, la mise en vente de la caserne Vion et de l’Hôtel de Lestang, deux sites emblématiques du patrimoine immobilier de la ville. Une décision que l’opposition dénonce comme émanant d’un maire-promoteur qui brade sa ville aux investisseurs privés.
Après la vente de l’institut Claudius Régaud sur le site de La Grave à Saint-Cyprien par le CHU de Toulouse (dont Jean-Luc Moudenc est président du conseil de surveillance en tant que maire de la ville), des Halles de la Cartoucherie ou de l’immeuble qui accueillait l’espace Croix-Baragnon, la Mairie de Toulouse semble décidée à se séparer de deux autres sites emblématiques de son patrimoine immobilier : la caserne Vion et l’Hôtel de Lestang. En effet, le conseil municipal vient d’autoriser la mise en vente de ces deux biens d’exception. Une décision que l’opposition à unanimement dénoncé lors du conseil municipal du 1er avril dernier et qui, pour Isabelle Hardy, conseillère municipale du groupe Toulouse écologiste, solidaire et citoyenne (TESC), vient s’ajouter à « la déjà trop longue liste des bâtiments et immeubles du patrimoine remarquable vendus par opportunisme, et dans une logique financière ».
Édifié en 1972 en plein cœur de Toulouse, sur les allées Charles de Fitte à Saint-Cyprien, la caserne Vion est un ensemble immobilier qui s’étend sur près d’un hectare et dont une grande partie est protégée au titre d’architecture remarquable depuis 2019. Cet ensemble, propriété de la Ville, a accueilli les pompiers du Service d’incendie et de secours (Sdis) de Haute-Garonne jusqu’à leur redéploiement dans de nouvelles casernes en 2018. Le site comprend 85 logements dans un bâtiment de 12 étages, une halle de 1200 mètres carrés, un amphithéâtre, des bureaux, des parkings souterrains, un gymnase, une tour de séchage (pour faire sécher les lances à incendie) et même une piscine avec une fosse de plongée.
L’Hôtel de Lestang, bâti en 1593 par l’évêque du même nom et acquis par la collectivité en 1857, a principalement servi de logement de fonction au recteur d’académie. Cet édifice, également mis à la vente, est « aujourd’hui inoccupé et désaffecté », précise la majorité avant d’insister sur le fait que sa vocation d’habitation complique sa reconversion au profit de la collectivité. Un argument également évoqué au sujet de la caserne Vion dont « la réhabilitation serait trop onéreuse pour [un] ensemble immobilier complexe et vieillissant ».
Sacha Briand, adjoint au maire en charge des finances et de la modernisation de la collectivité assure d’ailleurs que l’hypothèse d’installer un commissariat de police municipal a été étudiée puis écartée par les services de l’État en raison d’une incompatibilité avec le Plan de prévention des risques d’inondation. « Aucun service n’a marqué d’intérêt pour ces bâtiments, au regard de leurs caractéristiques. Ce qui est ancien est extrêmement consommateur sur le plan énergétique, très mal adapté à l’accessibilité des personnes handicapées ainsi qu’à la qualité de travail des agents », argumente-t-il avant de fustiger le « romantisme » et l’attachement conservateur d’une opposition qui considère que « tout ce qui est ancien est nécessairement beau et bien ».
Néanmoins, Isabelle Hardy reste convaincue que la collectivité est en mesure de trouver des solutions alternatives pour ce lieu qu’elle qualifie de stratégique. « Un promoteur privé va trouver des solutions. Opidea (la société qui conduit les grands travaux d’aménagement urbain au nom de Toulouse métropole, NDLR) peut donc en trouver également », s’élève l’élue de l’opposition qui lance quelques pistes de réflexion. Celle-ci évoque notamment l’idée d’accueillir le collectif Mix’art Myrys, poussé à déménager depuis la fermeture administrative de ses locaux actuels, au sein de la caserne Vion. « Cette perle du patrimoine architectural doit rester dans le domaine public », martèle-t-elle.
Son groupe (TESC) a d’ailleurs déposé un voeux dans ce sens, rejeté par la majorité, lors du conseil municipal.
De son côté, Vincent Gibert, conseiller municipal du groupe socialiste, communiste et républicain, dénonce une vente précipitée et demande également le retrait des deux délibérations. « La restitution complète du site ne se fera qu’en 2025. Il n’y a donc aucune urgence pour se précipiter dans la vente du patrimoine », argumente-il. Celui-ci enjoint donc la majorité à prendre le temps « d’imaginer ensemble un projet alliant, pourquoi pas, service public et service privé » et, éventuellement, d’engager une discussion avec l’État sur la possibilité de collaborer autour d’un projet de service public.
Notre 2nd vœu portait sur la Caserne Vion, patrimoine remarquable de la Ville que J-L #Moudenc entend brader plutôt que de le préserver. Nous demandions le maintien dans le domaine public de ce bâtiment exceptionnel mais la majorité l'a rejeté et persiste à aimer vendre #Toulouse pic.twitter.com/7wk6KV2GLq
— Groupe élu·e·s écologistes de Toulouse & Métropole (@Ecolo_ToulouseM) April 1, 2022
Enfin, bien que les délibérations votées « autorisent la vente sous plis » de ces deux biens, Sacha Briand rappelle que les deux procédures engagées sont à considérer comme des consultations et n’actent pas une vente de manière définitive. « Nous allons recevoir des propositions et discuter. Et si l’une d’entre elles est en capacité de préserver les caractères remarquables de ces bâtiments, nous la soumettrons au conseil municipal. Ce projet pourra aboutir ou non, intégrer des activités de service public ou non. Ce dialogue n’exclut rien », assure l’élu.
[#CMToulouse] La cession de la Caserne Vion et de l’Hôtel de Lestang permettra de renforcer le financement de l’action publique au profit de tous les Toulousains.
Nous veillerons à ce que ces bâtiments conservent leurs qualités remarquables. pic.twitter.com/88IRVbjnUQ
— Aimer Toulouse (@Aimer_Toulouse) April 1, 2022
Pas de quoi rassurer l’opposition qui multiplie les alertes face à ce qu’elle qualifie de « grande braderie », de « fête des promoteurs » et de privatisation de la ville.
Commentaires
marconi le 23/02/2025 à 12:16
toulouse est vendue aux promoteurs immobiliers ,c'est une honte!!!