Les enfants ont pris la place des “grands” au conseil municipal de Toulouse et ont fait voter une délibération visant a baptiser ”Place du Conseil municipal des enfants” l’esplanade du jardin Raymond VI, à Saint Cyprien. Une contribution inédite, en France, dans une telle assemblée.
Le moment fut aussi solennel qu’historique pour la vingtaine de jeunes élus du conseil municipal des enfants de Toulouse. En effet, lors d’une séance plénière exceptionnelle qui s’est déroulée au Capitole, ce lundi 1er avril, les apprentis conseillers municipaux ont soumis à leurs homologues adultes, qui se réunissaient juste après eux, une délibération proposant de nommer une place ou une esplanade de la ville. Une première dans l’histoire des conseils municipaux.
Vu la date, un premier avril, la scène aurait pu faire penser à un poisson. En effet, alors que les tables, chaises et micros étaient installés en hémicycle dans la salle des Illustres du Capitole de Toulouse afin d’accueillir le conseil municipal, une vingtaine d’enfants, écharpe tricolore en bandoulière, se sont installés gravement dans les sièges habituellement réservés aux élus de la ville. Ni farce ni coup d’État juvénile, cette scène inhabituelle était due, en fait, à une séance plénière du conseil municipal des enfants programmée en levé de rideau de celui des “grands”. « Cette séance est exceptionnelle, voire exceptionnelle », s’est d’ailleurs félicité Nadia Soussi, conseillère municipale déléguée qui présidait une séance « en grande pompe, filmée et retransmise en direct sur le site internet municipal, comme les adultes ».
Malgré ce cérémonial quelque peu intimidant, ces élèves habituellement scolarisés dans des classes de CM1, CM2 ou sixième d’établissements municipaux ont tenu leur rôle et ont proposé une délibération d’intention à soumettre au conseil municipal des adultes. Après plusieurs séances de travail, réalisées en vision-conférence pour d’évidentes raisons sanitaire, ces derniers s’étaient mis d’accord pour suggérer qu’une place ou esplanade de la ville soit nommé en hommage à leur assemblée. Une décision qu’ils ont confirmé par un vote à l’unanimité réalisé en présence de leurs parents ainsi que d’élus municipaux venus les soutenir dans leurs premiers pas dans la vie politique de la cité.
Moins de trente minutes plus tard, les adultes du conseil municipal adoptaient définitivement cette proposition, également à l’unanimité, et actaient le choix de l’esplanade du jardin Raymond VI pour recevoir le nom de Place du Conseil municipal des enfants. Un choix symbolique pour cet espace public en bord de Garonne dont s’est félicité Nadia Soussi. « Situé à proximité d’un jardin d’enfants et de la maternité de la Clinique Varsovie, ce lieu célèbre la vie », a argumenté l’élue.
Par ailleurs, les jeunes conseillers municipaux ont profité de cette séance à l’Hôtel de ville pour fait une courte restitution de leurs travaux et présenter l’aboutissement du mandat des enfants élus sur la période 2019/2021 : un jeu en ligne sur le patrimoine culturel et citoyen de la toulousain intitulé “À la recherche des lettres perdues”. Un projet qui, selon leur témoignage, leur a permis de « découvrir beaucoup de choses sur la ville » mais qui n’a pas étanché la soif d’action politique de certains apprentis élus. « Le jeu c’est bien, mais j’aurai préféré avancer de grands projets écologistes liés comme sur les déplacements ou les espaces verts », regrette par exemple Aubin.
Curieux du travail effectué sur le patrimoine toulousain par les jeunes élus, Djillali Lahiani, adjoint au maire en charge de la jeunesse, leur a demandé de citer les noms de personnalités locales qu’ils auraient découvert pendant leurs recherches et dont l’action les aurait marqué. Alfred Nakache, Claude Nougaro, Pierre-Paul Riquet, BigFlo et Oli, Saint-Exupéry ou les Wisigoths… Les enfants ont collectivement engrené les noms d’incontournables célébrités du pays. Une liste qui, malheureusement, ne mentionnait aucune figure féminine. De son côté, Maxime Le Texier, conseiller municipal de l’opposition, sondait les membres de cette jeune assemblée sur leur conception de la démocratie. « C’est quand on vote » ou « c’est quand c’est le peuple qui décide », ont alors simplement rappelé ces futurs citoyens avant de laisser la place à leurs aînés pour les débats du jour.
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