La métropole de Toulouse accueillera bientôt sur son territoire des bornes de recharge pour vélos à hydrogène. Un déploiement qui a donné lieu à des débats assez houleux lors du conseil communautaire de ce jeudi 8 février.
Des vélos à hydrogène dans les rues de Toulouse ? Ce sera bientôt le cas. Les élus de Toulouse Métropole ont effectivement voté, lors du conseil communautaire de ce jeudi 8 février, une délibération portant sur le déploiement d’un réseau de 15 bornes de recharges à hydrogène. C’est la société Pragma, avec laquelle la collectivité va signer une convention d’occupation du domaine public d’une durée de trois ans, qui les installera. Dans le détail, ces bornes de recharge, qui seront constituées chacune de six bouteilles de 18 litres d’hydrogène, permettront la recharge de 15 à 30 vélos, triporteurs, tricycles ou encore quadricycles par jour. Il faudra souscrire un abonnement mensuel de 9,90 € pour les particuliers et de 18 € pour les entreprises pour en profiter.
Si la Métropole veut « encourager des modes de déplacement et de livraison peu polluants » avec cette expérimentation d’installation de bornes à hydrogène, certains élus de l’opposition ne sont pas convaincus par l’initiative. En effet, selon Maxime Le Texier, élu du groupe Alternative pour une métropole citoyenne (AMC), il s’agit « d’une gabegie et d’une absurdité technique et écologique ». « Le vélo à hydrogène, c’est comme le pédalo nucléaire : totalement inutile et c’est du gaspillage », dénonce l’élu qui estime que le « véhicule à assistance électrique couvre largement le besoin ». « L’hydrogène vert doit donc être absolument réservé aux usages nécessaires dont le vélo est le dernier utile, bien derrière l’industrie lourde et la sidérurgie, voire la mobilité lourde », souligne-t-il.
Des propos qui ont fait réagir François Chollet, vice-président de Toulouse Métropole chargé de l’écologie, du développement durable et de la transition énergétique, qui, de son côté, voit dans cette initiative un moyen « d’explorer un nouveau secteur d’exploitation de l’hydrogène ». « Je vous trouve péremptoire, quelque part un peu arrogant et surtout sûr de vous face à un futur incertain et qu’il nous faut construire », dit-il en s’adressant à Maxime Le Texier. D’ailleurs, lorsque ce dernier pointe du doigt des problèmes de fuite liés au fait que « la molécule d’hydrogène est très petite », François Chollet lui répond : « Il n’y a pas de discussion à avoir sur la technique. L’entreprise Pragma est en phase industrielle, les vélos existent et ont été testés par les agents de la Métropole », rappelle l’élu.
Mise à part la technique, Maxime Le Texier attire l’attention sur la cible de la société. « Elle vise ici les grandes entreprises, même si aujourd’hui aucune n’a signé, qui pourraient être tentées de prêter ces vélos, totalement inabordables pour des particuliers, à leurs salariés. Bien qu’on se demande pourquoi faire », s’interroge l’élu. Patrick Chartier, membre du groupe d’opposition Métropole écologiste, solidaire et citoyenne (MESC) est du même avis : « On a l’impression qu’un usage est cherché à une production plutôt que l’inverse ». François Chollet convient du fait que « la cible est très spécifique, sûrement risquée pour l’entreprise ». « Mais c’est une cible réelle », affirme le vice-président qui tient à préciser que la Métropole n’est « pas la seule à entrer dans ce processus d’expérimentation avec Pragma ».
« Au bout des trois ans de mise à disposition du domaine public, nous ferons le bilan des comptes. Nous verrons si ce modèle promu par la société Pragma fonctionne ou non », annonce François Chollet pour qui « cette expérience mérite d’être tentée ». D’autant plus, « qu’il n’y a aucun coût dans cette opération pour la collectivité ». « C’est l’industriel qui prend le risque », appuie le vice-président de la Métropole. Mais face à cette affirmation, Maxime Le Texier dénonce « la dangerosité des opérations de communication » de la majorité qui « à l’opposé du vélo à hydrogène, solution élitiste, onéreuse, coûteuse d’un point de vue environnement, compliquée », a déposé un vœu avec son groupe à la fin du conseil proposant de « lancer un pan entier d’économie locale autour de l’écosystème vélo ».
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