L’auteur et journaliste toulousain Alexandre Léoty vient de sortir son huitième roman, “Le Mystère de l’Oie bleue” aux éditions TDO. Après avoir éprouvé sa plume dans le genre du thriller, l’écrivain s’essaye désormais au “cosy murder”, un sous-genre de la littérature policière cher à Agatha Christie.
Octobre 1968. L’orage gronde. Pris dans une véritable tempête au beau milieu de la campagne gersoise, le détective Georges Florimont et son assistant Gérard Le Petit sont contraints de trouver refuge dans une auberge. Comme eux, d’autres personnes ont dû s’y abriter face à la violence de l’orage. Ils sont désormais 13 à devoir rester dans l’auberge le temps que la météo se calme. Mais ce qui aurait pu être une expérience somme toute assez pittoresque, devient un véritable cauchemar lorsque l’un d’eux est retrouvé sans vie. Georges Florimont « pur concentré de génie et d’égo boursouflé » va alors se charger de mettre la main sur le meurtrier…
Le huitième roman d’Alexandre Léoty, “Le Mystère de l’Oie bleue”, paru en février aux éditions TDO, saura ravir les fans de “cosy murder” ou “cosy mystery”, c’est-à-dire de polars où la violence est mise en retrait pour laisser davantage de place au mystère et à l’humour. Son auteur est d’ailleurs l’un d’eux. « Je suis friand de ces romans qui s’inscrivent dans la filiation d’Agatha Christie, souvent à huis clos, avec un meurtre, un enquêteur et toute une galerie de personnages. J’en lis depuis que je suis adolescent et il ne se passe pas une année sans que je relise l’intégrale des livres de la romancière britannique », confie l’écrivain qui est également journaliste à Toulouse.
Ce grand lecteur de “cosy murder” a donc décidé de s’essayer à ce sous-genre de la littérature policière. « C’était une envie que j’avais depuis un petit moment », indique Alexandre Léoty qui est surtout un habitué des thrillers puisqu’il en a écrit cinq. Et pour son premier “cosy mystery”, l’auteur ne s’est pas facilité la tâche. Son personnage principal, le détective et ancien policier Georges Florimont, est non-voyant. « Je trouve que les personnes en situation de handicap ne jouent pas assez souvent le premier rôle dans les romans. Pour autant, je ne voulais pas utiliser la cécité du héros comme un artifice », appuie l’écrivain.
En effet, le handicap de Georges Florimont trouve tout son intérêt dans l’enquête. « Cela participe à la complexité de l’intrigue. Quand il y a un cadavre ou un indice sur le sol, il ne peut pas les voir. Il a donc besoin du concours de son assistant, le narrateur, qui bien souvent ne comprend pas pourquoi Georges Florimont lui demande certaines choses », raconte Alexandre Léoty. Le lecteur se retrouve souvent aussi perdu que le narrateur. « Il faut jouer avec ses nerfs », sourit l’écrivain qui a « distillé ça et là des indices » pour vous aiguiller… sur une mauvaise piste parfois, car, pour lui, « la mission est accomplie si le lecteur n’a pas trouvé qui est l’assassin à la fin du livre. »
Georges Florimont va lui réussir à trouver l’identité du tueur, mais avec des méthodes pour le moins originales. « C’est un hurluberlu. Il peut se mettre à chanter au beau milieu d’un interrogatoire et décontenance ainsi ses interlocuteurs. Les suspects baissent la garde car ils se disent qu’il est inoffensif, alors que c’est tout l’inverse », assure l’auteur. Le détective perce à jour plusieurs suspects ainsi. La comtesse Eloïse de Mercy, les deux amies Suzanne et Annie, le berger Vivian Paillard, les aubergistes et leur fils, le chauffeur Marcel Chaumes… Aucun de ces personnages haut en couleurs n’est épargné lors de l’enquête.
« Ce que j’aime dans les “cosy murder”, au-delà de l’intrigue, ce sont les personnages. Dans “Le Mystère de l’Oie bleue”, chacun a son caractère, son background et son univers. Ce sont des gens très différents qui n’auraient jamais dû se mélanger. Mais à la faveur d’un élément climatique, ils se retrouvent coincés et contraints de se côtoyer, ce qui crée forcément des étincelles », révèle Alexandre Léoty. Des étincelles, il y en a d’ailleurs entre le détective et son assistant. « Ils sont un peu comme chien et chat », note l’écrivain. Georges Florimont, gaulliste, n’hésite donc pas à taquiner Gérard Le Petit, qui a fait Mai 68 quelques mois plus tôt.
L’auteur n’avait jusque-là écrit que des romans contemporains. « Je voulais m’affranchir de ça et me plonger dans une ambiance où il n’y a pas de smartphone, juste les petites cellules grises du détective », explique-t-il. Et s’il a choisi l’année 1968 pour y inscrire son intrigue, c’est pour plusieurs raisons. L’écrivain détaille : « Mai 68 est une période charnière qui méritait de servir de cadre au roman. Elle était à la transition entre plusieurs époques. Nous ne sommes plus dans les années d’après guerre et c’est le début des années hippies. Se côtoient donc des populations issues d’un ancien monde et d’autres plus libertaires », comme c’est d’ailleurs le cas dans son dernier ouvrage.
Si son huitième roman se démarque des précédents sur bien des aspects, il a, en revanche, un point commun avec les autres : l’histoire se déroule aussi en Occitanie. « J’ai un attachement particulier pour la région », livre Alexandre Léoty qui a d’ailleurs écrit pas moins d’une quinzaine d’ouvrages documentaires consacrés à l’Occitanie. Pour le “Mystère de l’Oie Bleue”, l’auteur a donc choisi le Gers, plus particulièrement sa campagne, comme décor de son dernier ouvrage. La ville de Toulouse est également évoquée à plusieurs reprises. « Dans la région, il y a tout un tas de lieux qui peuvent être le théâtre d’intrigues », estime l’auteur.
Justement, l’écrivain compte bien faire voyager Georges Florimont en Occitanie. “Le Mystère de l’Oie bleue” ne devrait en effet pas être la dernière aventure du détective. « L’idée est de décliner des enquêtes en Occitanie avec ce détective et son assistant. Il y a encore beaucoup de choses à révéler sur le passé de Georges Florimont car, quand je crée un personnage, j’imagine sa vie de manière précise. J’ai hâte de lui faire vivre d’autres aventures dans cette région qui est un superbe terrain de jeu entre la montagne, la mer, la campagne et la ville », souligne l’auteur.
En attendant, Alexandre Léoty s’apprête à sortir deux autres romans cette année. Il s’agira des tomes 2 et 3 de sa trilogie de science-fiction pour jeunes adultes, dont le premier volume “Max Valentin et la source du temps” est paru en mai 2022. Ils seront disponibles en libraire d’ici l’été. L’écrivain aura alors dix romans à son actif. Et la liste de ses ouvrages est vouée à s’allonger. « J’ai un autre roman qui est en train de s’écrire », annonce le journaliste toulousain, sans toutefois en dévoiler davantage. Alexandre Léoty maîtrise définitivement l’art du suspens…
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