Le maire, Jean-Luc Moudenc, avait promis en 2018 que l’eau de Toulouse serait la moins chère de France. Est-ce bien le cas ?
« Jean-Luc Moudenc a une nouvelle fois menti aux Toulousains sur l’eau la moins chère de France », dénonce Antoine Maurice, membre du groupe d’opposition Métropole écologiste, solidaire et citoyenne (MESC). Pour rappel, le maire avait promis, en 2018, que le prix de l’eau à Toulouse serait le plus bas de France. Et lors de la campagne électorale, il affirmait que c’était bien le cas depuis le 1er mars 2020 avec le mètre cube à 2,91 € pour tous les habitants de la Métropole. Et ce, grâce aux nouveaux contrats de l’eau.
La métropole toulousaine avait en effet confié la gestion de l’eau de ses 37 communes au groupe privé Veolia pour une durée de 12 ans à partir du 1er janvier 2020. Afin de prendre cette décision, elle s’était basée sur une étude comparative entre régie publique et Délégation de service public (DSP) : le prix de l’eau au mètre cube s’élevait à 3,46 € en gestion publique et à 2,91 € en DSP, soit le tarif « le plus bas de France », s’étaient alors réjouis les élus de la majorité de Toulouse Métropole.
Mais pour afficher un tel prix, « les délégataires avaient tablé sur une augmentation de la consommation de l’eau », indique Patrick Chartier. Une prévision « contraire à la logique des politiques publiques », souligne Antoine Maurice, et qui avait été déjà dénoncé à l’époque. « Les associations, telles qu’Eau Secours 31, et les élus écologistes qui siégeaient en commission avaient alerté sur cette prospective faussée des délégataires. Mais ils n’ont pas été entendus, malheureusement », déplore Patrick Chartier, également membre de MESC.
La consommation a baissé et, par conséquent, « les prix de l’eau ont augmenté de 11% », relève Patrick Chartier. En effet, le mètre cube s’élève à 3,23 €. Résultat, « l’eau la moins chère ne se trouve plus à Toulouse, mais à Strasbourg », précise-t-il. D’après une étude de Selectra, Strasbourg est effectivement la ville de plus de 100 000 habitants où l’eau est la moins chère (2,88 €). Toulouse arrive deuxième. « Un mandat n’est pas passé que nous ne disposons déjà plus de l’eau la moins chère de France », appuie Romain Cujives, aussi membre de MESC.
« Contrairement à la belle promesse d’il y a trois ans, les prix de l’eau augmentent au moins autant que l’inflation et au vu des déficits des délégataires en gestion de l’eau, cela risque de ne pas s’arrêter », prévient Patrick Chartier. Alors que le calcul de tarification va être revu en 2024, les élus de l’opposition s’interrogent donc « sur les leviers de la Métropole pour que ce défaut d’anticipation des délégataires ne soit pas répercutés sur les consommateurs ».
Mais Antoine Maurice craint « que la majorité ne cède aux pressions du délégataire ». « Nous risquons d’avoir une série d’avenants car le délégataire va essayer de gagner de nouvelles augmentations pour retrouver de la ressource », dénonce-t-il. Michèle Bleuse, aussi membre du groupe MESC, le rejoint et appuie : « Jamais nous n’aurions dû accepter qu’un contrat puisse être à l’équilibre par une augmentation des consommations ».
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