Lors du conseil de Toulouse Métropole qui se tenait ce jeudi 22 juin, les élus ont relevé le climat de violence ambiant, tant sur le fond que sur la forme. A coup d’invectives virulentes, ils sont revenus sur l’agression dont ont été victimes plusieurs élus de la majorité en marge de la fête de la musique, mais aussi sur la gestion du conflit social à Tisséo. Et tous n’ont pas la même lecture des faits…
Nina Ochoa, secrétaire de séance du conseil métropolitain, fait l’appel comme il est d’usage au début de chaque assemblée. Mais ce jeudi 22 juin, la jeune élue a le bras en écharpe. Stigmate de l’agression dont elle et quatre de ses collègues, dont Jean-Luc Moudenc, ont été victimes ce mercredi 21 juin, en marge de la fête de la musique. Ils ont été pris à partie par des manifestants qui s’étaient réunis pour dénoncer la dissolution du mouvement “Soulèvements de la Terre” par le gouvernement. « Des militants de l’extrême et de l’ultra gauche nous ont invectivés, mais nous avons continué à marcher, et ils nous ont attaqués de dos, par derrière, en nous lançant des projectiles », raconte le président de Toulouse Métropole. Et de poursuivre : « Nous étions 5, ils étaient 100. Mais nous avons fait face. Pour m’intimider, il faut se lever tôt ! » lance Jean-Luc Moudenc.
Des faits que tous les groupes politiques du conseil métropolitain ont condamnés. A l’occasion des propos liminaires, ils ont, tour à tour exprimé leur soutien à leurs collègues violentés. La présidente du groupe Métropole solidaire écologique et démocratique (MSED) Karine Traval-Michelet, Joseph Carles du groupe des Indépendants et Pierre Lacaze, président du groupe Toulouse métropole solidaire de la gauche démocratique et républicaine, ont respectivement qualifié « d’inadmissible », « d’insupportable » et de « condamnation totale » cette agression. Ils en ont été remerciés par Jean-Luc Moudenc. Mais ce dernier relève « un positionnement ambiguë » des groupes d’opposition Alternative pour une métropole citoyenne (AMC) et Métropole écologiste solidaire et citoyenne (MESC).
Thomas Karmann, s’exprimant au nom du groupe MESC, témoigne « du soutien aux élus agressés et condamne la violence ». Quant à Brigitte Bec d’AMC, elle se dit « résolument contre les violences physiques à l’encontre de quiconque ». Des positions bien trop générales pour le président de la Métropole, qui accuse même l’opposition « d’avoir de la sympathie pour les agresseurs » : « Mon agression était précise et concrète hier. Et vous, vous ne la réprouvez pas, vous dénoncez juste la violence de manière générale. J’en prends donc note… et je remercie ceux qui ont fermement et clairement condamné ce qu’il s’est passé. Je trie le bon grain de l’ivraie… » lance Jean-Luc Moudenc irrité.
Pour lui, la violence ambiante, dans laquelle s’inscrit son agression, est la résultante d’un sentiment d’impunité des groupuscules qui commettent des exactions. A ce tire, il demande la restauration de l’autorité de l’Etat, et une plus grande sévérité des punitions. A Toulouse, depuis plusieurs mois, de nombreux actes de violence ont été recensés : « Le saccage du campus du Mirail, le sabotage de deux grues sur les chantiers du métro, les incendies de bornes de recharge électrique et des véhicules de la collectivité, les dégradations de mobiliers urbains lors des manifestations contre la réforme des retraites… » égraine Jean-Luc Moudenc. Des dommages qu’il impute à des « extrémistes, dont certains élus justifient les actes », lance-t-il, appuyé par son vice-président Sacha Briand : « Contester une loi par la violence, considérer que la violence est un outil de l’action politique, c’est participer à la montée de la violence généralisée… Et c’est ce que fait l’extrême gauche ! »
Des accusations que récuse l’opposition visée. « Depuis plusieurs mois, vous nous insultez régulièrement, nous traitant notamment d’écoterroristes », s’insurge Michèle Bleuse (MESC). « Et c’est cette volonté de criminaliser les mouvements sociaux et écologistes qui entraîne de la violence », analyse Brigitte Bec (AMC). Selon les deux groupes de gauche, les actes agressifs qui émaillent les actualités ces derniers temps sont le fruit « d’une déconsidération du peuple ». Ce que précise Karmann : « La dissolution des “Soulèvements de la Terre” marque une dérive autoritaire contre ceux qui se mobilisent pour défendre le bien commun. » « Sans oublier la décision du gouvernement de ne pas mettre au vote la réforme des retraites à laquelle 80% des Français sont opposés », renchérit Pierre Lacaze, élu communiste. Selon lui, le refus du dialogue du gouvernement est également une forme de violence, « tout comme votre refus de dialoguer avec l’intersyndicale de Tisséo… », invective-t-il à l’attention du président de Toulouse Métropole.
« Vous avez même pris des dispositions pour refouler à l’entrée de ce conseil métropolitain des salariés de Tisséo. Pourtant cette séance est censée être publique », note Pierre Lacaze. Une décision que Jean-Luc Moudenc justifie par une volonté d’assurer le bon déroulement de l’assemblée : « S’ils étaient rentrés, cela aurait été la pagaille ! » Pour l’opposition, c’est là une nouvelle preuve de la position rigide de Toulouse Métropole qui « s’inscrit dans le non dialogue » et dans une forme de violence sociale.
« Comme lors du conflit social avec les éboueurs , vous laissez la situation s’envenimer, jusqu’à traduire des salariés grévistes en justice », constate Thomas Karmann. « La procédure juridique ne cible pas les grévistes mais une minorité de salariés qui ont bloqué les dépôts », précise Jean-Luc Moudenc. « Car si faire grève est tout à fait légitime, les opérations de blocage sont illégales et ont été organisées pour empêcher ceux qui ne voulaient pas faire grève d’aller travailler », rajoute Sacha Briand.
Concernant le fond du conflit, la majorité se défend : « Nous avons fait des propositions récentes à l’intersyndicale, mais elles ont été rejetées par les représentants des salariés », annonce le grand argentier de la Métropole, pour témoigner de l’ouverture à la négociation de la collectivité. Mais Jean-Luc Moudenc précise cependant qu’il « tiendra bon » face aux demandes des grévistes. « Par respect pour les autres agents de la collectivité et pour les usagers des transports en commun, je serai inflexible », argue-t-il. « Je rappelle qu’en trois ans, les salariés de Tisséo ont perçu 11,5% d’augmentation et qu’ils vont bientôt toucher leur prime de vacances, comprise entre 2 500 et 3 300 euros. Ils sont donc privilégiés », clôturant ainsi le débat. De leur côté, les élus d’opposition réitèrent leur total soutien aux grévistes de Tisséo.
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