Les années de travaux de la gare Matabiau, à Toulouse, touchent à leur fin. Ouverture de commerces, réfection des halls, accessibilité aux personnes à mobilité réduite… Le JT fait le point sur les nouveautés.
Elle sera inaugurée cinq jours avant le premier match de la Coupe du monde de Rugby. Le 5 septembre 2023, Toulousains et voyageurs de passage pourront découvrir une gare Matabiau métamorphosée. Visite au cœur du chantier, quelques mois avant la fin des travaux.
Au milieu des échafaudages et des piles de carreaux de plâtre, les ouvriers de SNCF Réseau s’occupent des dernières infrastructures. Casques blancs vissés sur la tête, gilets orange ou jaunes réfléchissants sur le dos, ils s’activent : tout retard leur est interdit. Pour être prêt avant le Mondial, le chantier de 42 millions d’euros doit être achevé à la mi-août. Et ce, afin de laisser le temps aux différents organismes de vérifier la conformité des travaux et le respect des normes.
La réfection de la gare Matabiau repose sur quatre axes, détaillés par Dominique Lecluse, directeur du projet NeÔmatabiau pour SNCF Gares et Connexions. « L’amélioration des services, la mise en accessibilité du parcours voyageur, la rénovation architecturale et technique du bâtiment historique, et la diversification de l’offre commerciale », liste l’homme, sa tenue de chantier superposée à un costume bleu impeccable.
« La difficulté, c’est d’apporter de la modernité dans un espace historique », explique le directeur du projet, haussant la voix pour couvrir le bruit des marteaux-piqueurs. Ainsi, la nouvelle gare oscille entre rénovations et créations de nouveaux espaces modernes. Dans les années 80, un faux plafond avait été installé dans le hall 2, camouflant l’original daté de 1905. Il a été retiré, laissant désormais apparaître les moulures et les 11 mètres de hauteur. Autre attention historique du chantier : la « remise en visibilité et en qualité de la structure métallique ». Ce sont ici les piliers en métal dans le style Eiffel qui ont été restaurés, après avoir été mis à nu pour enlever les peintures au plomb.
La gare Matabiau retrouve son style d’antan, mais doit aussi s’adapter à son époque. Notamment à l’augmentation du flux des voyageurs. Aujourd’hui de 50 000 par an, il devrait tripler d’ici 2030, notamment dans le sillage de la LGV Toulouse-Paris et de la future troisième ligne de métro. Pour accéder aux quais, le souterrain du hall 1 est agrandi : de quatre mètres cinquante de large, il passe maintenant à neuf mètres. Les ouvriers ont dû scier des murs, dont certains dataient de la toute première structure de la gare… en 1856 ! C’est ainsi qu’on peut voir, côte à côte, deux murs nus : l’un en briques, de presque deux siècles, et un autre en parpaings, où le ciment vient tout juste de sécher. Bientôt, tous deux seront fondus derrière une couche uniforme de peinture blanche.
Un autre agrandissement notable sera visible dans le hall 2, à l’étage. Il s’agit d’un espace de 300 m². L’odeur de peinture fraîche y contraste avec l’ancienneté des vitraux, datés de 1950. Ces derniers ont été retrouvés lors des travaux, et trônent en haut des escaliers. L’endroit sera dédié à l’évènementiel et exploité par la société toulousaine Miharu.
Plusieurs nouveaux commerces vont ouvrir, sur une surface totale allouée de 2 000 m². Des enseignes de restauration notamment, telles qu’un McDonalds, un Starbucks, une sandwicherie Picto, ou un restaurant italien. Certains auront une terrasse, qui s’étendra sur le parvis de la gare déjà refait à neuf en 2020. Des boutiques viennent compléter l’offre commerciale, avec par exemple un Parfois où l’arrivée des canelés de la maison Baillardran. « L’objectif est de diversifier l’offre, et de mélanger chaînes nationales et locales », indique Dominique Lecluse. D’autres concessions sont renouvelées, comme Paul, Relay ou Monop’Daily. Au total, ce sont 15 commerces qui occuperont la gare Matabiau en septembre 2023.
La construction d’une galerie entre les deux halls permet de doubler cette surface commerciale. Pour l’instant, les coques en métal et les vitres ont été posées et fixées par les ouvriers. Le reste sera aménagé par les commerçants eux-mêmes. Eux aussi ont le 5 septembre comme deadline.
Au delà de l’esthétique et du commercial, la SNCF a aussi voulu améliorer ses services, notamment en termes d’accessibilité aux personnes à mobilité réduite (PMR). « On veut que la gare soit très inclusive et on a mis les attentes des PMR au cœur du projet », insiste Dominique Lecluse. Le but : avoir un parcours totalement autonome à l’intérieur de la gare Matabiau. Pour les non-voyants, un marquage au sol est mis en place avec des bandes de guidage. Il va du parvis jusqu’aux quais. Dans le souterrain élargi, escalators et ascenseurs permettront d’accéder à toutes les voies.
Les PMR jouiront également d’un accueil dédié dans le nouveau bâtiment de service, côté parking. Cet endroit sera dédié à tous les voyageurs, avec un espace pour attendre confortablement et des toilettes. Après deux ans de travaux, la gare Matabiau se sera offert son lifting le plus important depuis 1905.
William Bernecker
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