Le tribunal correctionnel de Toulouse a condamné un policier pour avoir blessé un journaliste durant une manifestation des gilets jaunes.
Un policier a été condamné par le tribunal correctionnel de Toulouse mardi 21 février pour avoir blessé un journaliste durant une manifestation des gilets jaunes dans la Ville rose, comme le rapporte France Bleu. Il a été reconnu coupable de “violence par personne dépositaire de l’autorité publique dans l’exercice de ses fonctions”.
Le tribunal a condamné le policier à une amende de 2 000 euros avec sursis. Il doit aussi verser un euro symbolique pour atteinte aux intérêts collectifs de la profession de journaliste et à 800 euros au titre du préjudice moral.
Un journaliste aurait pris une Grenade de désencerclement dans le dos. #GiletsJaunes #Acte23 #toulouse pic.twitter.com/4ZYI11bBFF
— Frédéric A. (@frederic_RTfr) April 20, 2019
Les faits remontent au 20 avril 2019. Ce jour-là, se déroule l’acte 23 des manifestations de gilets jaunes. Le reporter-photographe toulousain Kevin Figuier couvre l’événement. Environ 3 000 personnes sont aussi là. Lors de l’accident, une grosse partie est agglutinée sur le pont Guilheméry.
Devant le tribunal, le policier qui se trouve vers le Monument aux morts décrit « des jets de projectiles, gravats, cailloux et bouteilles » dans sa direction et celle de sa colonne de policiers. « Mon objectif est de protéger ma colonne et d’autres journalistes près de nous. J’ai lancé une grenade à main de désencerclement, en cloche (en l’air, ndlr). Je ne pouvais pas faire autrement pour atteindre ceux qui nous visaient. »
Touché par une grenade de désencerclement envoyée en cloche. Quand j’ai vu la grenade dans les airs, je me suis tourné. Deux impacts, l’un avec une plaie au mollet droit et une trace au dos. Aucune idée si c’était intentionnel ou non. #Toulouse #GiletsJaunes
— Kevin Figuier (@Keu20Figuier) April 20, 2019
La présidente du tribunal et le procureur de la République notent que le tir de grenade en cloche n’est pas légal. La grenade doit être roulée au sol. Le journaliste qui porte un casque sur lequel est écrit “Presse” est touché. Il souffre de dermabrasion au mollet et au bas du dos qui se transformeront en ecchymoses.
Dans son réquisitoire, le procureur de la République s’étonne que le policier n’ait pas demandé une autorisation de lancer la grenade. Mais « dans le feu de l’action, c’est impossible de demander une autorisation. Je n’ai pas visé ce journaliste », répond le policier. Son avocate plaide le doute. Elle pointe notamment l’absence d’élément matériel prouvant que c’est bien la grenade tirée par son client qui a blessé le journaliste.
« C’est un énorme soulagement et cela donne de l’espoir pour les autres plaignants dont les procédures sont en cours », a réagi Kévin Figuier sur un réseau social. L’ONG Reporters sans frontières s’est portée partie civile auprès du journaliste. Au cours de ces trois dernières années, elle a déposé 21 plaintes pour des violences policières envers des journalistes.
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