Hélène Vié, la pétillante fondatrice de la Maison de la violette à voué sa vie à redonner des couleurs à la violette, l’emblème de la Ville rose. À 61 ans, cette cheffe d’entreprise enjouée, et un brin fantaisiste, n’a rien perdu de son enthousiasme pour cette fleur aux multiples facettes.
Hélène Vié est un personnage haut en couleur, au sens propre du terme. En effet, cette pétillante cheffe d’entreprise de 61 ans, fondatrice de la Maison de la violette, a poussé sa passion, presque obsessionnelle, pour la fleur emblématique de la Ville rose, au point de toujours porter des vêtements violets. « J’ai en ai toujours porté. C’est une couleur que j’aime depuis l’enfance. Alors bien sûr, quand j’ai débuté mon activité autour de la violette, je me suis dit que je pouvais en porter plus. Mais je n’ai pas eu besoin de me forcer », confie cette Carcassonnaise d’origine qui a voué la majeure partie de sa vie à redonner des couleurs à ce petit morceau de patrimoine local qui, avant de tomber en désuétude, avait valu à Toulouse son surnom de Cité de la violette.
« La violette c’est mon quotidien »
Alors, en plein mois de la violette et quelques jours après la Fête de la violette, Hélène Vié ne chôme pas. Entre sa péniche boutique, ses jardins et le développement de sa gamme cosmétique, elle vit sa vie d’entrepreneuse avec intensité et, surtout, un enthousiasme communicatif. « La violette, c’est mon quotidien. Je n’envisage pas de faire autre chose et je cultiverai la violette tant que je le pourrai. J’en ai besoin », assure-t-elle. D’ailleurs, dans son enfance, Hélène Vié plantait déjà des fleurs dans la maison familiale. « Je viens d’un milieu modeste. Mais j’ai eu la chance d’avoir des grands-parents qui travaillaient pour la SNCF, ce qui nous donnait accès aux jardins des cheminots. Je m’y rendais tous les jours avec mon père. En plus du potager, j’insistais pour planter des fleurs… aux nuances violettes évidemment. Des lilas, des violettes ou des iris », ajoute-t-elle. Une enfance heureuse où elle cultive, outre des fleurs, le goût de la cuisine, de la couture, de l’amitié et des fêtes de famille.
Alors, quand cette « jeune provinciale » décide, à 18 ans, de suivre « un amour de vacances » à Paris, son jardin lui manque. Mais, la nature ayant horreur du vide, elle comblera rapidement cette absence. Au hasard de visites chez des bouquinistes, elle tombe sous le charme de vieilles cartes postales et gravures dédiées à la violette et commence une collection sur ce thème. Loin de son pays natal, Hélène Vié s’engage dans des études d’économie avant de se former au métier d’assistante sociale. Et, une fois son diplôme en poche, c’est l’armée qui lui ouvre ses portes. Délaissant provisoirement les nuances de parme et de lilas, elle endosse alors un uniforme bleu marine. « J’ai débuté sur la base d’essais en vol de Brétigny-sur-Orge. J’étais assistante sociale civile assimilée au corps d’armée avec le grade de capitaine. J’avais droit à une maison de fonction ainsi qu’à une 4L officielle bleue, avec les ailes ornées du drapeau tricolore. Mais je n’ai jamais trop aimé la tenue », s’amuse Hélène Vié qui, en 1985, est mutée au sein de l’institut Supaero.
Accompagnée de son amour de vacances, devenu son mari et le père de ses deux filles, elle s’installe alors à Toulouse. Une ville qui l’a toujours attirée. Mais peu à peu, son besoin de liberté se fait plus pressant et elle décide de quitter la Grande muette pour se lancer dans la vente de prêt-à-porter. Une activité qu’elle mène jusqu’en 1990, quand la crise engendrée par la guerre du Golfe et la concurrence des grandes enseignes la poussent à mettre la clé sous la porte. Elle se tourne alors, pour renouer avec sa passion, vers la création de compositions florales et de pots-pourris, des mélanges de plantes et de fleurs séchées choisies pour parfumer l’air ambiant. « Je me suis reconvertie de manière très naturelle. J’ai la chance d’avoir toujours pu suivre mes envies et mon intuition », assure-t-elle. Très naturellement, son penchant la pousse à proposer des senteurs à la violette.
Mais c’est lors d’un voyage en Hollande que son projet, qu’elle lance sous le nom des Jardins d’Elen, prend tout son sens. « J’ai été impressionnée par la manière qu’ils avaient de promouvoir leur identité auprès des touristes. Il n’y avait rien de comparable à Toulouse et la culture de la violette, perçue comme vieillotte, était en train de disparaître. Cela m’a donné envie de réhabiliter ce patrimoine et de faire en sorte que Toulouse retrouve son emblème. Que son parfum flotte à nouveau sur la ville », explique Hélène Vié, qui perçoit l’importance de se rapprocher des professionnels de l’hôtellerie et de la restauration locale.
Dès son premier rendez-vous, avec le patron de l’Hôtel Le Capoul, sa proposition de pots-pourris fait mouche. Son intuition s’avère payante et le succès est au rendez-vous. Un an plus tard, elle embauche une première employée. En 1995, elle ouvre une petite boutique puis, lors de la coupe du monde de football de 1998, fédère des artisans locaux (parfumeurs, confiseurs ou liquoristes) autour d’un projet éphémère : la Maison de la violette. « Il y avait des troupeaux de touristes venus de dizaines de pays différents », se souvient Hélène Vié. Face à l’engouement, elle décide de pérenniser la structure et de déposer le nom. L’aventure est désormais bien lancée.
Il faudra encore deux ans à Hélène Vié pour trouver le lieu idéal pour sa nouvelle boutique entièrement dédiée à la violette et ses produits dérivés. Fidèle à son caractère imprévisible, elle décide « sur un coup de tête » de s’installer sur une péniche. Après quelques travaux, elle ouvre la version définitive de la Maison de la violette. Une caverne d’Ali Baba qui concentre une centaine de produits à la violette élaborés par près de 40 producteurs (chocolats, moutarde, biscuits…) et où se pressent près de 25 000 clients par an. « Quand j’ai acheté la péniche, ma famille a insisté pour que j’en profite pour débarrasser un peu la maison où tout tournait autour de la violette. Même ma voiture était violette. Aujourd’hui, sans rien perdre de ma passion, j’ai pris un peu de recul », confesse Hélène Vié. Avant d’admettre avoir tout de même négocié de garder une pièce de la maison sur cette thématique.
« Donner une vie extraordinaire et prestigieuse à la violette »
Loin de se satisfaire de ces réussites, Hélène Vié explore toujours plus profondément les secrets de la violette qu’elle cultive désormais dans un jardin qui produit 3 000 pots par an. En relation avec un laboratoire, elle développe également tout une gamme de produits cosmétiques. « J’ai la chance incroyable de pouvoir faire ce que j’aime. Mais cela a aussi été un combat, parfois difficile, où l’on ne m’a pas fait de cadeaux », tempère l’entrepreneuse qui a dû faire face au sexisme ordinaire du monde entrepreneurial. « Il est souvent arrivé qu’on ne me prenne pas au sérieux ou qu’on me demande qui était ‘’le’’ patron », témoigne-t-elle. Un manque de considération, parfois aggravé par son attitude joyeuse et fantaisiste, qui l’a poussée à fonder, en 2012, la délégation locale de Femmes chefs d’entreprise.
Loin de vouloir prendre sa retraite, Hélène Vié ambitionne désormais de faire entrer la violette dans les assiettes toulousaines. « Je rêve d’avoir un restaurant où les chefs viendraient à tour de rôle proposer des menus autour de la violette. La mettre à table permettrait aux Toulousains de s’approprier encore plus cet élément de leur patrimoine. Ça gommerait son étiquette de produit touristique et commercial pour un faire un véritable produit du terroir. Dans le fond, mon but a toujours été de donner une vie extraordinaire et prestigieuse à la violette », précise-t-elle.
Infos pratiques
Maison de la violette, 116 avenue de Fronton
Journées portes ouvertes le samedi 26 février et mercredi 2 mars de 14h00 à 17h30
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