Le Conseil départemental de la Haute-Garonne va participer à “l’appel à idées” lancé par l’État en vue de la vente de l’ancienne prison Saint-Michel située dans le quartier éponyme à Toulouse. La collectivité propose de créer sur le site un nouveau collège, des espaces culturels, des logements à prix abordables et des espaces verts.
Le Conseil départemental de la Haute-Garonne va déposer un dossier comportant plusieurs propositions pour le réaménagement de l’ex-prison Saint-Michel à Toulouse. L’édifice, qui s’étend sur plus de deux hectares au cœur du quartier éponyme, est à l’abandon depuis plus de 13 ans. Les derniers détenus ont quitté les lieux en 2009. Depuis, ses murs ont accueilli quelques manifestations culturelles, mais aucun projet structurant n’a vu le jour. Fin juillet dernier, l’État, propriétaire des lieux, a finalement décidé de faire bouger les choses en lançant un « appel à idées en vue de la valorisation du site ».
L’objectif ? Récolter un maximum de propositions pour enfin imaginer l’avenir de l’ancienne maison d’arrêt, « dans le respect de son architecture et de son histoire, des exigences du plan local d’urbanisme et de son environnement », précisaient les services de l’État, avant d’insister sur le fait que l’appel n’était ni un concours, ni une procédure officielle, mais bien « une démarche préalable à la vente, permettant à l’État de faire connaître son intention de céder ces biens ». Le message a donc visiblement résonné jusque dans les locaux du Conseil départemental de la Haute-Garonne, qui soumettra ses idées à la préfecture avant la fin du mois d’octobre, date de clôture de l’appel à idées.
Le dossier qui sera déposé auprès de l’État est encore en cours de conception, mais les idées du Département sont déjà claires. Elles ont été présentées devant plusieurs associations du quartier ce lundi 10 octobre, dont des représentants du Comité de quartier Saint-Michel, de l’association des riverains de la prison Saint-Michel et de l’Association nationale des anciens combattants et ami(e)s de la résistance (ANACR 31). L’objectif étant de mener le projet, « en concertation avec les riverains et les parties prenantes de la mémoire du site », explique le Département.
Ainsi, le Conseil départemental souhaite construire un nouveau bâtiment sur le site afin de créer un “collège de proximité” pour le quartier Saint-Michel. Aussi, utiliser une partie de l’ancienne prison pour concevoir différents espaces culturels utilisés par les élèves, comme les riverains. Le Département propose également la mise en place d’un « programme résidentiel de qualité à partir du bâti existant, incluant une offre de logements à prix abordables à destination des jeunes et des seniors, puis un programme d’habitat s’intégrant dans un projet urbain global avec de l’accession en bail réel solidaire (BRS) ».
À l’intérieur, les habitants pourront déambuler à travers des espaces végétalisés qui formeront un nouvel îlot de fraîcheur pour le quartier. Et à l’extérieur, la priorité sera donnée aux mobilités douces. Le Département l’assure, l’ensemble des propositions ont « très bien été accueillies par les associations du quartier » présentes lors de la réunion. Ces dernières craignent avant tout que l’ex-prison soit vendue à des promoteurs privés, dont plusieurs sont intéressés par la vente.
Il y a quelques années déjà, le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc avait exprimé son souhait de racheter les murs de l’ex-prison Saint-Michel à l’État pour opérer des travaux de réhabilitation et créer, à terme, une Cité de la musique. Une idée plutôt bien reçue du côté des associations du quartier, qui regrettaient toutefois la lenteur de la collectivité à mettre en place le projet.
Dans une tribune publiée dans les colonnes du Journal Toulousain il y a un an, Guillaume Drijard, président du Comité de quartier Saint-Michel, exprimait son impatience. Il regrettait qu’en 2019, alors que les associations du quartier avaient négocié l’abaissement du montant de l’offre de cession de l’ex-prison à la Ville de Toulouse de 11,5 millions à 5,5 millions d’euros, le maire Jean-Luc Moudenc n’ait pas saisi l’opportunité.
En effet, depuis le début des discussions concernant l’avenir de la maison d’arrêt, l’édile soutient que la collectivité ne bénéficie pas encore du financement nécessaire à l’achat des murs et à la création d’un espace culturel. Aussi, qu’une telle transaction, menée “à l’aveugle”, sans accord de financement préalable, pourrait finir par se répercuter sur les impôts locaux et le pouvoir d’achat des Toulousains. Toutefois, le projet de la Mairie est toujours sur la table. Suite à l’appel à idées lancé par l’État, il est simplement soumis à des contre-propositions.
Commentaires