Pour rendre compte des îlots de chaleur à Toulouse, “Les faiseurs de ville” ont réalisé des mesures dans la ville. Le collectif demande à la Métropole de mettre en place « une politique d’aménagement à long terme » pour atténuer le phénomène.
La Haute-Garonne a subi plusieurs épisodes de fortes chaleurs depuis le début de l’été. Le département est d’ailleurs encore en vigilance orange canicule à partir du 10 août 2022. Les températures maximales de ce jour atteignant 38°C par exemple. Mais il a fait bien plus chaud à Toulouse.
Le mercure peut en effet grimper plus haut en milieu urbain que dans les zones rurales ou forestières voisines. « À Toulouse, il fait en moyenne 4°C de plus qu’à la campagne », souligne Arnaud Rivière, membre de “Les faiseurs de ville”, collectif qui réalise des expérimentations urbaines pour reconsidérer l’espace public. Ce phénomène a un nom : l’îlot de chaleur.
Au sein même de la ville, les différences sont d’ailleurs importantes. « Plus on s’éloigne du centre, plus les températures baissent. Elles sont également moins élevées près des parcs ou de l’eau », note le membre du collectif. En effet, la densité du bâti ou la minéralisation de l’espace public sont à l’origine des îlots de chaleur.
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« Les matériaux absorbent la chaleur la journée et la restituent la nuit. Cela amplifie le phénomène », explique Arnaud Rivière. Pour rendre compte des îlots de chaleur, il a réalisé plusieurs relevés à Toulouse ce samedi 6 août. « J’ai mesuré la température des surfaces avec un thermomètre infrarouge », indique-t-il.
Les résultats sont impressionnants. Ainsi, rue Alexandre Falguière, la température maximale au sol atteint 54,8°C alors que la température ambiante est de 32°C. « Je me suis demandé si le thermomètre infrarouge n’était pas cassé », confie le membre du collectif. Quelques minutes plus tard, Arnaud Rivière effectue des relevés dans la rue de la Concorde, dans le prolongement de la précédente.
Cette fois, la température au sol ne dépasse pas les 34,7°C. « Ce sont deux rues en enfilade, mais avec deux stratégies d’aménagement différentes. Dans la rue de la Concorde il y a des arbres et donc de l’ombre, alors qu’il n’y en a pas rue Alexandre Falguière », constate-t-il.
La présence de végétation empêche effectivement le thermomètre de s’emballer. « Plus il y a d’arbres, plus on contrôle la température », souligne Arnaud Rivière. Le type de revêtement au sol a également son importance. Le collectif a pu le constater lors de ses mesures sur les Allées Jean-Jaurès.
Sur la promenade centrale, la température sur les pavés en granit gris est de 43,6°C quand le thermomètre atteint les 47.9°C sur le reste de l’esplanade, soit une différence de 4°C. La couleur des matériaux joue aussi un rôle dans la formation de l’îlot de chaleur. Il serait en effet possible de perdre plusieurs degrés avec une route plus claire. Ceci grâce à l’effet albédo : les surfaces blanches ou claires réfléchissent l’énergie solaire tandis que les surfaces sombres ont tendance à l’emmagasiner.
Sur le pont Saint-Pierre, réservé aux piétons jusqu’au 22 août, la température est par exemple nettement moins élevée sur le goudron peint en blanc (45,4°C) que celui couleur bitume (54,5°C). « Les peintures plus claires absorbent moins la chaleur », rappelle le membre du collectif “Les faiseurs de ville”.
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Pour lutter contre les îlots de chaleur, la Métropole mène plusieurs actions. Elle avait notamment installé une canopée urbaine à Saint-Cyprien. Mais « cette expérimentation n’est pas vraiment concluante. La canopée ne fait pas d’ombre. Il faut une politique d’aménagement à long terme », estime Arnaud Rivière.
“Les faiseurs de ville” souhaiteraient d’ailleurs que le nouveau Plan local d’urbanisme intercommunal habitat (PLUi-H) de la Métropole soit « plus orienté vers une démarche climat ». « Il faut préparer la ville à demain, car les épisodes caniculaires vont se répéter. Il faut trouver une orientation sur l’aménagement et des pratiques, les routes plus claires notamment, qui contribuent à plus de fraîcheur en ville », demande Arnaud Rivière.
Pour rappel, le PLUi-H a été annulé par le tribunal administratif l’année dernière au motif que « l’analyse de la consommation des espaces agricoles et la justification des objectifs de modération de cette consommation présentaient des insuffisances ».
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