Magalie Rosso, fondatrice de l’entreprise “Les fermes Ionaka”, vient d’installer une cinquantaine de jardinières verticales sur le toit d’un bâtiment du Marché d’Intérêt National (MIN) de Toulouse, créant ainsi la première “ferme aéroponique” de la ville.
Une cinquantaine de colonnes blanches viennent de pousser sur le toit-terrasse du pavillon Sud-Ouest du Marché d’Intérêt National (MIN) de Toulouse. Ce sont des “tours aéroponiques”, autrement dit des jardinières verticales qui permettent de faire pousser hors-sol des fruits, des légumes et des aromates, comme du basilic, des tomates, des fleurs comestibles, des courgettes, de l’estragon, des concombres, des fraises… Et la liste est encore longue. Seuls les “légumes racines”, tels que les pommes de terres ou les carottes, ne peuvent être cultivés dans ces petits compartiments, faute de place.
Ces tours aéroponiques fonctionnent grâce à un système d’arrosage particulier. En effet, l’eau, mélangée à un engrais naturel produit dans le Gers, est transportée depuis un grand réservoir jusqu’au pied de chaque tour pour alimenter de petites cuves individuelles. À intervalles réguliers et de manière autonome, une pompe fait remonter l’eau jusqu’en haut de la colonne, qui retombe ensuite sous forme de “pluie” sur les racines des plantes.
Ces cultures, hors-sol, ne nécessitent pas de terre. « Car en retombant, les gouttes d’eau se gorgent d’oxygène, ce qui suffit pour apporter les nutriments nécessaires aux racines », précise Magalie Rosso. Seuls des cubes de laine de roche sont installés dans les compartiments de la tour pour y installer les plants, afin qu’ils ne tombent pas.
« Les fermes aéroponiques sont complémentaires aux cultures conventionnelles et aux jardins partagés qui existent déjà en ville », précise Magalie Rosso. Seulement, le système d’arrosage utilisé permet d’apporter plus, et plus rapidement, des nutriments aux plantes, et donc améliore la productivité. « Les premiers plants ont été plantés fin mai sur le toit du MIN de Toulouse, et les premières cueillettes ont eu lieu mi-juin. C’est trois fois plus rapide que dans un système de culture conventionnel », poursuit-elle.
De plus, les colonnes permettent de cultiver 36 plants par mètre carré. « Une centaine de tours aéroponiques correspondent, en termes de production, à 1,2 hectare de maraîchage », détaille la chef d’entreprise.
Grâce aux cinquante de jardinières verticales installées sur le toit du MIN, Magalie Rosso produit près de 40 kilos de légumes par semaine. « J’alimente au quotidien plusieurs restaurants du Marché, dont La Parenthèse. Les salariés montent sur le toit, récupèrent leurs produits et les cuisinent pour le service de la journée », explique-t-elle.
Pour faire pousser ses aromates, Magalie Rosso achète des plants auprès de Grosdeal, un fournisseur présent sur le MIN. Pour les légumes, elle récupère des semis de graines paysannes à la Nursery du potager, implantée à proximité de Toulouse. « À l’avenir, je récupèrerai les graines de mes légumes pour les replanter l’année suivante », annonce la chef d’entreprise.
Très exposées sur les toits et les terrasses des bâtiments, les tours aéroponiques résistent aux phénomènes météorologiques. D’une part, parce qu’avec une hauteur de plus de deux mètres, elles pèsent près de 70 kilos chacune. « À Paris, l’entreprise Cueillette Urbaine a installé une ferme aéroponique en plein couloir de vent sur une terrasse au 16e étage d’un immeuble de la Défense. Et ça tient. Donc, normalement, je ne devrais pas avoir de problème », plaisante la jeune femme, qui installe tout de même des brises vues afin de protéger les plus petits plants des fortes rafales.
D’autre part, parce que l’alimentation constante en eau permet aux cultures de résister aux fortes chaleurs. « Les racines sont protégées à l’intérieur des tubes, humides et totalement clos. D’ailleurs, cela permet aussi aux racines de ne pas être exposées aux polluants », affirme la chef d’entreprise.
Durant le premier confinement, Magalie Rosso fournissait des habitants avec ses légumes du jardin, cultivés en permaculture. « J’ai remarqué que de plus en plus de Toulousains étaient prêts à faire 40 kilomètres pour acheter des produits frais. Alors, je me suis renseignée sur les différents moyens de développer l’agriculture urbaine et l’aéroponie m’est apparue comme une solution adaptée », raconte-t-elle.
Après avoir quitté l’entreprise de financement dans laquelle elle travaillait, la jeune femme s’est lancée dans l’entrepreneuriat pour créer, en janvier dernier, “Les fermes Ionaka” qui signifie “Oasis” en Malgache. Un clin d’œil aux origines de sa mère.
Plus encore que de végétaliser les toitures et les terrasses non exploitées des villes, les fermes aéroponiques ont pour ambition de « rapprocher les consommateurs des produits qu’ils utilisent pour s’alimenter », insiste Magalie Rosso. À l’image des potagers dans les territoires ruraux, mais à l’échelle urbaine.
« Je souhaite partager ces techniques avec le plus grand nombre », explique Magalie Rosso, qui propose un service d’installation auprès des professionnels (hôtels, centres de formation, etc.), comme des particuliers. Il suffit d’avoir quelques mètres carrés de libre et d’exploitable sur sa terrasse, ou sur son toit, pour y installer une ferme aéroponique.
La chef d’entreprise propose également des animations sur le toit du MIN de Toulouse, comme des visites guidées de la ferme, des séminaires d’entreprises, ou encore des déjeuners avec des produits venus tout droit du jardin.
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