Emmanuel Macron, le président de la République, a annoncé, dans une vidéo publiée sur sa chaîne Youtube ce dimanche 27 novembre, vouloir développer un RER dans 10 métropoles françaises. Il n’a pas précisé quelles villes seraient concernées par ce projet, mais Toulouse pourrait en faire partie. Un projet de RER toulousain est effectivement dans les cartons depuis plusieurs années. Jean-Luc Moudenc, le maire de Toulouse, réagit à cette annonce. Interview.
Qu’avez-vous pensé de cette annonce inattendue du président de la République ?
Cela a surpris tout le monde puisque ce n’est pas une annonce qui fait suite à un travail avec les métropoles concernées. Mais je veux retenir le positif. Tout d’abord, l’État s’intéresse aux métropoles. C’est une bonne nouvelle. Cela faisait longtemps qu’il ne s’intéressait pas aux grandes villes. L’État se penche également sur les problèmes de mobilité des métropoles. C’est aussi une bonne nouvelle parce que la mobilité est un des problèmes les plus importants qui pèse dans le quotidien de nos citoyens.
Pour autant, il faut que cette déclaration pleine d’enthousiasme du président de la République soit suivie d’effets et que cela se traduise par un engagement financier de l’État, auquel cas cette annonce n’a aucun sens. Mais je suis interrogatif à ce sujet car le président de la République ne donne aucun chiffre et n’avance aucun engagement financier nouveau de la part de l’État. Les ministres qui se sont exprimés dans la foulée pour se féliciter de la déclaration présidentielle n’annoncent pas non plus d’engagement nouveau. Tout cela suscite mon interrogation.
Le financement du RER est justement un gros point noir…
Nous savons que cela coûte cher. Le problème est de savoir qui paie. Cela ne sert à rien de lancer une jolie idée s’il n’y a pas de financement pour la concrétiser. Je vois certaines communes, collectivités, le Conseil départemental et la Région qui s’enthousiasment pour le RER sans pour autant donner des solutions de financement. C’est inquiétant. Je me mets à la place du citoyen qui entend ce discours et qui se demande si on n’est pas en train de le leurrer. Je ne veux pas participer à ce concert d’annonces alors que je sais que la Métropole ou Tisséo n’ont pas les moyens de financer un RER métropolitain.
Vous ne participerez donc pas au financement du RER ?
Nous sommes engagés dans la 3e ligne de métro, dans le développement du Linéo, dans l’arrivée de la LGV… Tout cela représente des coûts considérables. Nous sommes donc prêts, la Métropole et Tisséo, à travailler sur le projet de RER, notamment pour réaliser des interconnexions, mais pas à participer au financement. Je ne mettrais donc pas un centime là-dedans. Je le dis de manière très claire depuis des mois.
Ne craignez-vous pas que l’État impose la création de RER dans les métropoles, à terme ?
Si l’État décide demain de réaliser lui-même les RER dans les 10 métropoles les plus importantes, cela ne fera pas de mal. Mais ça ne résout pas un problème central parce qu’il drainerait peu de voyageurs. Il n’y a pas une seule solution aux besoins de mobilité dans nos grandes villes. Il ne faut pas compter seulement sur le RER, mais aussi sur les TER, le métro, les tramways, les bus et le réseau cyclable. Nous avons besoin de jouer sur tous ces leviers pour améliorer la situation au bénéfice de nos concitoyens.
De plus, les RER sont prévus pour dans une dizaine d’années. Je pense qu’il y a des solutions de mobilité qui sont urgentes. L’agglomération toulousaine connaît un tel développement qu’il faut enclencher les projets maintenant. Nous ne pouvons pas attendre.
Selon vous, la création d’une troisième ligne de métro est-elle plus judicieuse qu’un RER à Toulouse face aux problèmes de mobilité ?
Quand je rencontre des Toulousains dans la rue, personne ne me réclame un RER. Par contre, les gens me demandent : “Quand est-ce que nous aurons le métro” ou “Quand est-ce que le chantier démarre ?”. Je vois bien qu’il y a une attente vis-à-vis des Toulousains parce que les gens de l’agglomération ont déjà les lignes A et B et en voient le bénéfice depuis maintenant presque 30 ans.
Par ailleurs, le RER et le métro ne sont pas comparables. Un RER, c’est un train tous les quarts d’heure ou toutes les 20 minutes, voire même toutes les demi-heure. Alors que dans le métro, aux heures de pointe, il y a une rame toutes les 2 ou 3 minutes. En termes de capacité de transport, le métro est largement supérieur et puis, il a une fréquence adaptée et adaptable aux heures de pointe. Alors que la fréquence des trains est beaucoup plus rigide et difficile à adapter.
Vous dites que le RER toulousain drainerait peu de voyageurs ou aurait peu d’impact sur l’écologie. Disposez-vous d’études concrètes à ce sujet ?
J’aimerais que ces chiffres soient rendus publics. Mais les études sont à la préfecture. Cela fait déjà plusieurs mois que nous, les élus d’opposition et moi-même, demandons leur publication. Je crois que cela est nécessaire pour que tout le monde se positionne non pas sur des critères politiques, mais sur des faits et des critères objectifs.
En effet, aujourd’hui, les débats sur le RER métropolitain sont malheureusement des débats de posture et de principe et non des débats sur les aspects objectifs du projet. Au lieu de camper sur des positions politiques, je pense que l’intérêt de tous, et surtout pour que les citoyens comprennent tout cela, est que l’on entre dans le fond du sujet. Je souhaite que l’on arrête les positions de posture.
Il n’y a donc pas de chiffres publics sur le RER toulousain…
Les seuls éléments d’étude qui sont publics sont ceux que Tisséo a dévoilé il y a quelques années lors du débat sur la 3e ligne du métro. Un comité scientifique de personnalités indépendantes avait travaillé sur le scénario du RER métropolitain à cette occasion.
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