Suspendu d’antenne depuis la mi-janvier, le journaliste toulousain Rachid M’Barki, qui présentait “Le Journal de la nuit” sur BFMTV, aurait agi sous l’influence d’une agence de désinformation israélienne. C’est ce que révèle l’enquête menée par le consortium de journalistes d’investigation “Forbidden Stories”. Parallèlement, une enquête interne a été ouverte à BFMTV.
Épinglé pour avoir diffusé des contenus n’ayant pas été validés par sa hiérarchie, comme il est d’usage, le journaliste toulousain Rachid M’Barki, qui présentait “Le Journal de la nuit” sur BFMTV a été suspendu il y un mois. Mais au-delà de l’enquête interne qui a été ouverte le 2 février dans les locaux de la chaîne d’information en continu, pour comprendre comment des séquences n’étant pas passées par le processus de validation habituel ont pu être diffusées, le contenu même de ces sujets vidéo pose problème.
En effet, le consortium international “Forbidden Stories”, composé de 100 journalistes, et dont fait partie la cellule investigation de Radio France, vient de révéler que les informations diffusées par Rachid M’Barki provenaient d’une agence de désinformation israélienne du nom de “Team Jorge”. Celle-ci serait dirigée par d’anciens membres de l’armée et des services secrets (Mossad), qui agissent désormais pour le compte d’entreprises, de milliardaires, de personnes suspectées de crime ou pour des politiques.
Derrière le scandale @BFMTV, le projet #StoryKillers qui révèle aujourd’hui l’existence d’une officine de la désinformation.
— Forbidden Stories (@FbdnStories) February 15, 2023
Elle serait impliquée dans la manipulation d’une trentaine d’élections dans le monde ⤵️https://t.co/wuoqKv4kak
Rachid M’Barki est ainsi suspecté de s’être fait le relais de fausses informations visant à influencer l’opinion publique. Selon Marc-Olivier Fogiel, directeur de BFMTV, « il s’arrangeait pour demander des images en dernières minutes pour illustrer des brèves, après que le rédacteur en chef ait validé l’ensemble de son journal », précise-t-il sur France Inter. Le journaliste, sommé de s’expliquer devant sa hiérarchie, n’aurait pas nié. Au contraire, il confirmerait que les informations en question « lui auraient été proposées par un intermédiaire », et qu’il les aurait jugées dignes d’intérêt, rapporte le patron de BFMTV au consortium Forbidden Stories.
Mis en cause dans cette affaire, qui devient de plus en plus délicate, Rachid M’Barki se défend, affirmant que toutes les informations incriminées ont été vérifiées. En revanche, il concède avoir pu se faire manipuler. Dans une interview donnée au site Politico, il assure : « Je n’avais pas l’impression que c’était le cas ou que je participais à une opération de je ne sais quoi, sinon je ne l’aurais pas fait ».
Avec AFP
Severine Sarrat
Au journal depuis 2008, elle en connaît tous les rouages. D’abord journaliste polyvalente, puis responsable des pages économiques, elle est aujourd’hui rédactrice en chef.
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