En ce 8 mars, journée internationale des droits des femmes, le Journal Toulousain met en avant celles qui bougent les lignes, à l’image de l’entrepreneure Euriel Morvézen, fondatrice de la marque Loulenn qui propose des couettes et oreillers en laine 100% française.
La parité progresse petit à petit dans le monde de l’entrepreneuriat. Les femmes représentaient près d’un tiers des entrepreneurs en 2020, selon une étude Infogreffe, publiée chaque 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Euriel Morvézen est l’une d’elles. Elle a en effet créé Loulenn en 2020 à Toulouse, une marque de couettes et oreillers en laine 100% française. Rien d’étonnant à première vue pour une fille de couturière et de tapissier décorateur. Mais Euriel Morvézen ne vient pas de ce secteur.
Elle a effectivement travaillé pendant 20 ans dans le monde du transport international de marchandises, notamment pour la compagnie maritime Swire Shipping en Nouvelle-Calédonie, mais aussi pour DHL en Australie et en France à Paris, puis Panalpina et Rohling à Toulouse. Un domaine dans lequel elle a dû se faire une place. « Le transport international de marchandises est un secteur très masculin. J’étais d’ailleurs la première cheffe d’agence en France chez Panalpina et Rohling », note la Toulousaine.
Dans le monde de l’entrepreneuriat, qu’elle rejoint après avoir été « licenciée de manière très abrupte » en février 2019, la fondatrice de Loulenn doit aussi s’imposer. « De temps en temps, il faut se battre. Cela arrive aussi de se heurter à la manière de penser de certaines personnes », indique Euriel Morvézen. Cela a notamment été le cas lorsqu’elle a cherché à racheter un atelier de confection de couettes l’année dernière.
« Le chef d’entreprise, qui partait à la retraite, tenait absolument à ce que je revienne avec mon compagnon. Pour lui, il était évident que ce serait lui qui gérerait la boîte », se souvient l’entrepreneure. Elle a finalement décidé de ne pas continuer à travailler sur ce projet. « J’ai senti que ce serait compliqué de lui imposer ma vision de son entreprise, bien différente de celle, trop traditionnelle, qu’il avait », estime Euriel Morvézen. Malgré tout, elle assure : « Je n’ai pas eu de difficultés particulières depuis que j’ai créé mon entreprise ».
Selon elle, elle doit cela à sa façon d’être. « On me dit souvent que je suis un homme dans un corps de femme. Je suis une fonceuse, dans l’action et un peu bourrine. Je montre que j’ai confiance et que je suis solide, même si ce n’est pas toujours le cas au fond de moi », confie la Toulousaine. Mis à part ses qualités, Euriel Morvézen a pu compter sur les réseaux d’entrepreneurs pour mettre sur pied son entreprise. « Je suis allée chercher des accompagnements. J’ai sonné aux bonnes portes et cela m’a énormément aidé. Seule, j’aurais eu bien plus de difficultés », constate-t-elle.
La créatrice de Loulenn a notamment rejoint le Réseau Entreprendre ou le Starter de La Mêlée, mais également des réseaux féminins comme Les Premières Occitanie. « C’est intéressant d’être entre femmes, de parler des difficultés que nous pouvons rencontrer et nous soutenir », souligne-t-elle. Euriel Morvézen conseille d’ailleurs à toutes celles qui souhaiteraient se lancer dans l’entrepreneuriat « d’aller tout de suite chercher l’accompagnement ». « Se faire accompagner est essentiel », appuie l’entrepreneure.
Pour la mère de deux jeunes étudiants de bientôt 19 et 21 ans, le soutien des proches est également essentiel. « Leur adhésion est indispensable. Mes enfants et mon compagnon sont derrière moi. Ils me posent des questions, m’encouragent et participent à mes projets. Comme mes enfants sont grands, je peux avoir de vrais échanges d’adultes avec eux », sourit la créatrice de Loulenn qui espère être « un modèle » pour ses fils s’ils souhaitent un jour créer eux aussi leur entreprise.
Avoir des enfants de cet âge est un atout à bien des égards. Contrairement à certaines entrepreneures mères de jeunes enfants, Euriel Morvézen n’a effectivement « pas de difficultés à concilier vie professionnelle et personnelle ». Elle arrive même à trouver le temps de se préparer au marathon de Paris 2024. « Il tombe au moment de mon cinquantième anniversaire. Comme j’aime marquer les changements de dizaine par des événements forts, je me suis lancée dans ce projet. »
Ce n’est pas le seul projet prévu par la Toulousaine. En effet, Euriel Morvézen prépare la première levée de fonds de son entreprise cette année. « Je veux passer un cap et faire grandir Loulenn plus vite », précise-t-elle. L’entrepreneure prévoit ainsi des recrutements ou encore d’internaliser une partie de la production avec les fonds levés. Alors qu’elle vient de lancer une collection pour les enfants, elle travaille sur la création d’une gigoteuse et de coussins.
Euriel Morvézen a donc encore plein d’idées pour Loulenn. Bientôt trois ans après s’être lancée dans l’entrepreneuriat, elle est sûre d’une chose : « Je ne reviendrai pas en arrière. Être cheffe d’entreprise me donne beaucoup de responsabilités, mais aussi plus de liberté ». Elle espère que, comme elle, d’autres femmes oseront se lancer. « Même si nous sommes en train de nous faire une place, nous sommes encore assez peu nombreuses », regrette la Toulousaine.
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