Sophie Coq, la nouvelle bâtonnière de l’ordre des avocats du barreau de Toulouse, a présenté les défis qui vont jalonner ces deux ans de mandat.
Les défis ne manquent pas pour Sophie Coq. Cette dernière, avocate spécialisée en droit de la famille, droit des obligations et droit immobilier, vient de débuter son mandat de bâtonnier de l’ordre des avocats du barreau de Toulouse ce 1er janvier 2025. Avec Sylvain Laspalles, le vice-bâtonnier, elle s’est fixée comme ambition, pour les deux ans à venir, de « renforcer le sentiment d’appartenance à l’ordre » pour les 1 880 avocats du barreau. « Nous pensons que c’est extrêmement important que les confrères soient proches de leur ordre, que nous puisions travailler et avancer tous ensemble », estime Sophie Coq qui souhaite « prêter une attention particulière aux plus jeunes, c’est-à-dire ceux qui viennent de rejoindre cette profession extrêmement difficile ». Elle explique : « Avec les amplitudes horaires, il est difficile, dans notre métier de concilier vie professionnelle et vie personnelle. Nous faisons aussi face à des difficultés économiques et des difficultés en termes de responsabilité ». Ce qui poussent certains à abandonner le métier. « Sur les dix premières années d’exercice, on a une déperdition qui est relativement importante », déplore madame le bâtonnier qui veut donc « accompagner les plus jeunes pour qu’ils ne se sentent pas abandonnés par l’ordre ».
Autre défi pour Sophie Coq et Sylvain Laspalles : « la mutation de la profession », notamment liée aux évolutions technologiques. « Nous allons créer une commission sur les métiers de l’avocat et l’intelligence artificielle pour voir comment nous pouvons, au mieux, accompagner et former nos confrères, tout en préservant notre déontologie et notre éthique professionnelle, car tous les supports d’intelligence artificielle ne sont pas susceptibles de pouvoir être utilisés par les avocats au risque d’avoir des fuites de données ». Une autre commission « extrêmement importante » a été créée, comme le souligne Sylvain Laspalles. « Il s’agit de la commission prospective et territorialité, dont l’objectif principal est de défendre les juridictions toulousaines, d’essayer de reconquérir un certain nombre de contentieux et d’initier un travail de lobbying pour qu’une JIR, c’est-à-dire une juridiction interrégionale spécialisée, soit créée dans notre ville. Comme nous n’en avons pas, un certain nombre d’affaires de criminalité organisées se déroulant à Toulouse viennent alimenter la JIR de Bordeaux », détaille l’avocat spécialisé en droit des étrangers et de la nationalité, droit des libertés, droit du logement et droit pénal.
Une commission sur la nouvelle cité judiciaire, qui prendra place dans l’ancienne prison Saint-Michel, va également voir le jour. « D’ici une dizaine d’années, il y aura un nouveau lieu de justice à Toulouse. Nous souhaitons que les avocats soient pleinement associés à ce projet parce que nous avons aussi voix au chapitre », considère Sylvain Laspalles. Sophie Coq, elle, s’inquiète de « la dispersion des lieux de justice » dans la ville. Enfin, une commission sur les questions liées à la parentalité a été constituée. « Elle a vocation à travailler sur tous les sujets permettant d’envisager une meilleure façon d’exercer cette profession sans sacrifier sa vie personnelle. Notre exercice professionnel peut notamment entraîner des audiences jusqu’à 22h ou 23h. Comment faire quand on a des enfants ? » questionne Sophie Coq qui rapporte que « plusieurs pistes sont examinées », telles qu’une crèche ou de la garde d’urgence.
Outre ces commissions, le bâtonnier et le vice-bâtonnier savent que « deux sujets récurrents » les attendant durant leur mandat : « l’état de la justice à Toulouse » et « la place de l’avocat dans la cité ». En ce qui concerne le premier sujet, Sylvain Laspalles regrette des « délais déraisonnables ». « C’est corrélé aux moyens. À partir du moment où ils sont insuffisants, les délais s’allongent », souligne-t-il. Et Sophie Coq de poursuivre : « Les délais s’allongent et les justiciables manifestent une défiance de plus en plus grande vis-à-vis de la justice parce qu’ils ne comprennent pas ces délais ». Une défiance qui peut, parfois, conduire à des attaques. « Les avocats en font l’objet de plus en plus souvent », dénonce Sylvain Laspalles. Récemment, le magazine d’extrême droite “Frontières” a d’ailleurs publié un numéro spécial dans lequel sont listés des avocats présentés comme « coupables » de l’ « invasion migratoire », en raison de leur spécialisation en droit des étrangers. Une avocate toulousaine y figure. Face à cette attaque, le conseil de l’ordre a décidé de riposter en adoptant une motion.
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