L’aménagement du quartier Matabiau n’en finit plus de susciter le débat. Le dernier en date a eu lieu lors du conseil de Toulouse métropole durant lequel a été adopté la Charte Écoquartier en vue d’une labellisation de la future Zone d’aménagement concerté (ZAC). Si pour la majorité l’engagement du projet “Grand Matabiau, quais d’Oc” dans ce processus est légitime, il n’en va pas de soi pour l’opposition qui accuse l’exécutif de greenwashing.
Le projet “Grand Matabiau, quais d’Oc” refait parler de lui. Lors du dernier conseil de Toulouse métropole du 24 mars dernier, Jean-Luc Moudenc et sa majorité ont fait voter l’adoption de la Charte Écoquartier pour la future ZAC Matabiau. “La démonstration de son exemplarité et de son engagement dans une trajectoire bas carbone, en faveur d’une ville inclusive, attentive aux usages et ouverte au dialogue”, selon le groupe Métropole d’Avenir.
Sur les 135 hectares du projet “Grand Matabiau, quais d’Oc”, 43 hectares sont réservés à la mise en place d’une Zone d’aménagement concerté (ZAC). Actée en 2019, cette dernière va candidater au label national Écoquartier sur proposition de la Métropole, pour qui “l’objectif est d’infléchir les actions à plus long terme sur l’ensemble du territoire, dans une démarche de développement solidaire et respectueux de l’environnement”. La première étape de ce processus de certification étant la signature de la Charte Écoquartier, qui a fait l’objet d’un débat au conseil métropolitain. La majorité se targuant de présenter là sa 18e demande après d’autres projets emblématiques comme Andromède à Blagnac, la Cartoucherie à Toulouse ou Vidailhan à Balma… L’opposition criant au greenwashing.
“Il s’agit-là d’une opération d’éco blanchiment“, lance Maxime Le Texier du groupe Alternative pour une Métropole Citoyenne (AMC). Selon lui, la signature de cette charte est “en parfaite adéquation avec les nombreux faux semblants en matière de développement durable“. La simple présence de la Tour Occitanie dans la ZAC en est la preuve, à ses yeux. “Ce bâtiment énergivore, selon les propres termes de la Commission d’enquête publique, dont vous vous êtes dépêché de déposer la demande de permis de construire quelques mois avant l’entrée en vigueur de la RE2020. Car, de l’avis même du promoteur, la Compagnie Phalsbourg, ces nouvelles normes auraient rendu le projet peu viable économiquement”, déroule-t-il. Ainsi, la tour emblématique du programme “Grand Matabiau, quais d’Oc” ne répondrait pas réellement aux dernières normes environnementales. Une épine dans le pied de celui qui signera la Charte Écoquartier.
Mais Jean-Luc Moudenc nuance: “La Tour Occitanie n’a jamais été un élément essentiel mais seulement symbolique du projet de réaménagement du quartier Matabiau. Elle ne représente que 7% de la superficie totale.” Une opération dont il se ravira si elle voit le jour, mais qui, dans le cas contraire, n’empêchera pas la ZAC de sortir de terre. Et pour garantir une réelle politique volontariste en matière de développement durable au sein de la Zone d’aménagement concerté, un suivi annuel est prévu. Le prochain compte-rendu étant programmé en juin, comme l’annonce Dominique Fouchier, vice-président de Toulouse métropole, chargé de l’aménagement et de la politique foncière.
Mais, pour l’opposition, la Tour Occitanie n’est pas la seule incohérence dans cette course à la labellisation Écoquartier pour la ZAC Matabiau. En effet, la Charte prévoit de “formaliser et mettre en œuvre un processus participatif de pilotage et une gouvernance partagée”. Or, Antoine Maurice, conseiller métropolitain, membre du groupe Toulouse Écologiste, Solidaire et Citoyenne, dénonce le non-respect de cet engagement s’adressant à Jean-Luc Moudenc : “Vous avez imposé la Tour Occitanie, dont vous avez annoncé le projet à Cannes, loin des Toulousains, en dépit des années d’ateliers de coconstruction dans lequel cette opération n’a jamais été mentionnée.”
Et le destinataire de l’accusation de se défendre : “L’enquête publique a corroboré ce programme et j’observe que les deux recours intentés contre la Tour Occitanie, qu’il s’agisse de celui contre la modification du PLU, ou celui contre le permis de construire, sont portés par trois associations très politisées et seulement deux riverains.” Selon lui, la preuve que ce projet ne pose aucun problème à la population.
La Charte précise également le devoir pour la collectivité de “favoriser la diversité des fonctions et leur proximité” pour un bon développement territorial au sein de la ZAC. Condition non-remplie pour Antoine Maurice, qui voit dans ce programme de réaménagement le seul développement de mètres carrés commerciaux, “jusqu’à 50 000 m²”. “Il s’agit en réalité de l’élaboration d’un quartier d’affaires“, explicite-t-il.
Une vision qui fait sourire Annette Laigneau, vice-présidente, chargée de l’urbanisme et des projets urbains: “Depuis 2014, mon collègue fait référence à un centre d’affaires, mais il n’a jamais été question d’une telle opération. La ZAC sera composée de logements, de tertiaire et de multiples activités“, énumère-t-elle. La garantie d’une mixité sociale et fonctionnelle pour la majorité, qui accuse, à son tour, l’opposition de mener des procès d’intentions à la collectivité.
Collectivité qui engagera donc la future ZAC Matabiau dans le processus de labellisation Écoquartier, la signature de la Charte ayant été adoptée par 114 voix pour, zéro contre et 17 abstentions.
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