Plusieurs salariés du McDonald’s d’Aucamville à Toulouse dénoncent les discriminations dont ils sont victimes. Ils subissent depuis plusieurs mois des insultes à caractère raciste, sexiste et homophobe. Le fait de plusieurs équipiers et managers.
« C’est horrible. Je n’ai jamais vécu une situation comme celle-là », témoigne Nadia (le prénom a été changé). La jeune femme de 26 ans, étudiante en architecture, est embauchée au McDonald’s d’Aucamville, situé avenue de Fronton à Toulouse, en juin 2020. Mais en quelques mois, son job étudiant devient un véritable cauchemar.
Racisme, sexisme, homophobie… Nadia et certains de ses collègues sont témoins et victimes de nombreuses agressions verbales de la part de plusieurs autres salariés. « Pendant les dernières élections présidentielles, certains d’entre eux ont commencé à proférer des insultes racistes à notre encontre », se rappelle Nadia. Un des mis en cause dit ainsi à la jeune femme qu’elle n’est « pas dans son pays ici » et n’est « pas Française ».
« Au début, nous n’avons pas pris cela au sérieux. Mais cela s’est intensifié », témoigne Nadia. Les agressions verbales continuent en effet durant des mois. Le fait de quatre de leurs collègues. Ils surnomment Nadia et un de ses équipiers « la pute et le PD du McDo » et attaquent ce dernier sur sa couleur de peau. « Ils ont dit à ce collègue que s’il avait un travail, c’était grâce aux blancs », rapporte la jeune femme.
Mais ce n’est pas tout. Certaines employées subissent des propos sexistes. « Un manager faisait des remarques déplacées sur le viol et des réflexions sur nos tenues », souligne Nadia. Une des collègues de l’étudiante se voit notamment signifier : « Je suis triste aujourd’hui parce que tu n’as pas mis de robe ».
Face à cette ambiance de travail délétère, Nadia et ses collègues envoient des courriers pour alerter leur direction. Mais rien ne change. « La direction n’a pas agi. Elle n’a pas sanctionné nos agresseurs et a dit que c’était notre parole contre la leur », dénonce la jeune femme. Elle ajoute : « Nos agresseurs ont même été reçus en rendez-vous pour savoir s’ils allaient bien. J’ai rapidement compris que la direction leur apportait son soutien ».
En ce qui concerne le manager incriminé, celui-ci aurait été transféré dans un autre McDonald’s. Une mutation dénoncée par Nadia. « Il risque de faire la même chose aux femmes employées au sein de ce restaurant. Il n’arrêtera pas sans réelle sanction », estime l’étudiante.
Le harcèlement continue alors jusqu’à ce soir du 28 septembre où la violence passe au cran supérieur. À la fin de son service, Nadia rejoint une collègue pour manger avec elle. Mais son amie est prise dans une altercation avec un de leurs équipiers. « Il l’a insultée et a tenté de lui arracher son voile avant de lui porter des coups », raconte Nadia.
Elle tente de venir en aide à son amie, mais se fait à son tour molester physiquement. « Il m’a frappé à l’épaule gauche à plusieurs reprises et a essayé de me frapper au visage », précise Nadia. Elle reçoit également des menaces de la part de ce collègue. « Il m’a dit : “Je vais t’attendre à la sortie pour te casser les dents” », indique l’étudiante.
Après cette agression, la jeune femme alerte sa direction par mail. Après plusieurs relances, elle finit par obtenir un rendez-vous. Cette fois encore, elle ne trouve aucun soutien. « Le directeur adjoint de l’époque a dit qu’il en avait marre de nos histoires, qu’il n’avait pas que ça à faire et avait ses enfants à récupérer », déplore Nadia.
L’étudiante et sa collègue ont déposé plainte contre leur agresseur. Depuis, Nadia n’est pas retournée au McDonald’s d’Aucamville. Elle est en arrêt de travail. Pour autant, la jeune femme n’a pas abandonné l’idée de faire changer les choses au sein de cet établissement de la chaîne de fast-food.
Nadia et d’autres salariés du restaurant ont organisé une action ce mercredi 9 novembre midi. Les militants de McDroits, collectif de salariés luttant contre les discriminations à McDonald’s, ont manifesté à leurs côtés devant le restaurant d’Aucamville à Toulouse.
Ils demandent notamment le licenciement des quatre équipiers et du manager accusés d’agression et de harcèlement et « l’impossibilité de travail dans tous les restaurants de la chaîne » pour ces derniers, une enquête interne « sur les pratiques du directeur du restaurant » et la mise en place d’une formation pour lutter contre les faits de harcèlement au travail. Enfin, ils souhaitent l’élection de représentants syndicaux au sein de ce restaurant McDonald’s.
Pour la direction de ce McDonald’s, « les faits rapportés sont d’une extrême gravité ». « Dès que ces comportements et propos inadmissibles ont été portés à notre connaissance, nous avons immédiatement engagé une enquête interne », assure-t-elle.
À l’issue de celle-ci, la direction a décidé de « la mise à pied avant licenciement de l’auteur de l’agression » et annonce le « départ du restaurant du manager concerné ». Elle va aussi missionner un cabinet spécialisé indépendant pour « échanger avec l’ensemble des salariés et identifier toutes mesures utiles pour renforcer la sensibilisation et la prévention de tout comportements sexiste, discriminant et raciste ».
Commentaires