La Métropole de Toulouse veut créer une aire de grand passage pour les gens du voyage à Aussonne. Mais ce projet se heurte à une vive opposition.
« On se retrouve bloqué », déplore Karine Traval-Michelet, vice-présidente de Toulouse Métropole en charge de l’habitat et du logement et maire de Colomiers. Pour rappel, la collectivité souhaite créer une Aire de grand passage (AGP), comme l’impose le Schéma départemental d’accueil et d’habitat des gens du voyage. Projet qui devait, tout d’abord, voir le jour sur la commune de Bruguières. Mais le maire avait renoncé à cette implantation face à la contestation. La Métropole, à la fin de l’année 2024, s’était alors reportée sur un terrain situé juste à côté de l’ancienne aire d’accueil permanent sur la commune d’Aussonne. Celle-ci, d’une surface de 7 hectares, avait été sélectionnée après l’étude de plusieurs sites et retenue en raison de son emplacement excentré, « permettant de limiter les impacts sur la population locale », selon la collectivité. Même s’ils sont faibles à en croire l’élue.
« Ces aires de grand passage fonctionnent de mai à octobre. Concrètement, cela représente trois à quatre passages de moins de 200 caravanes. Nous ne sommes pas sur des envahissements de 500 à 600 habitations mobiles », précise la vice-présidente. La collectivité, se voulant rassurante, indiquait également que l’AGP de la Mounède, créée en 2020 à Toulouse, n’a généré aucun incident majeur depuis sa mise en service. Malgré tout, la collectivité se heurte à l’opposition de riverains. « Un maraîcher exploite un terrain juste à côté de celui choisi pour accueillir l’aire. Un collectif, défavorable à l’AGP, l’a accompagné pour qu’il s’en porte acquéreur via la Safer [Société d’aménagement foncier et d’établissement rural qui permet à tout porteur de projet viable de s’installer en milieu rural, NDLR] », indique Karine Traval-Michelet. La parcelle passant ainsi sous le nez de la Métropole. En clair, la collectivité se retrouve dans une impasse.
Et ce, malgré bon nombre « de discussions et de négociations ». « On avait obtenu des choses très intéressantes. Le président de la Métropole, Jean-Luc Moudenc, s’était entendu avec le préfet pour considérer qu’à partir du moment où une aire de grand passage était créée à Aussonne, l’aire permanente d’accueil des Français itinérants qui se trouvait à proximité ne serait pas reconstituée. Pour cela, les places de l’aire d’accueil permanente auraient été réparties dans les autres communes », souligne l’élue qui indique que « c’était une revendication des riverains » et « regrette » donc qu’ils s’opposent à ce projet. Tout comme Jean-Luc Moudenc. « Nous avons essayé d’arranger tout le monde. Nous avions trouvé un accord entre l’exigence préfectorale, le devoir métropolitain et le propriétaire foncier », affirme le président de la Métropole.
Face « au blocage » des riverains, Karine Traval-Michelet se voit donc dans l’obligation de « proposer au prochain conseil de Toulouse Métropole [qui a lieu ce jeudi 10 avril, NDLR] la reconstitution de l’aire permanente d’accueil des citoyens français itinérants » à Aussonne. La Métropole de Toulouse, par ailleurs, « n’exclut pas de déposer un dossier de déclaration d’utilité publique » afin de « répondre aux demandes de ces personnes qui ont besoin d’une aire de grand passage et aux obligations légales ». « Nous avons effectivement la possibilité d’engager une procédure qui aboutira à la création d’une aire de grand passage de manière imposée. Ce qui est dommage. Nous aurions préféré que le dialogue prévale, mais nous ne pouvons pas forcer les gens au compromis quand ils n’en veulent pas », conclut Jean-Luc Moudenc.
Commentaires