La mort de Nahel, tué par un policier à Nanterre, a suscité des violences partout en France et notamment à Toulouse où les élus, rassemblés en conseil municipal, ont unanimement appelé au calme.
Depuis la mort du jeune Nahel, tué par un policier à Nanterre ce mardi 27 juin, de nombreuses villes de France sont en proie à des violences. Toulouse n’y échappe pas. Incendie de véhicules, feux de poubelles, dégradations de mobilier, jets de projectiles, tirs de mortiers… Ces deux dernières nuits, le quartier du Grand Mirail, mais aussi les Izards et Empalot ont en effet été le théâtre de nombreuses dégradations volontaires et d’affrontements. Ce qu’a condamné Jean-Luc Moudenc, le maire de la Ville rose, lors du conseil municipal de ce vendredi 30 juin. « Nous partageons l’émotion de ce drame. Pour autant, l’émotion ne justifie pas les violences et les dégradations qui sont le fait de voyous », déclare le maire qui envoie « un message clair de condamnations et d’appel au calme ».
Les élus de l’opposition en ont fait de même. « La violence ne résout rien. L’heure est à l’apaisement », a ainsi souligné Maxime Le Texier, membre du groupe Alternative municipaliste citoyenne (AMC), qui a demandé « une minute de silence en la mémoire de Nahel et en soutien à ses proches et à ses parents ». Ce à quoi le maire n’a pas répondu favorablement. Pierre Lacaze, élu membre du Parti communiste, a également appelé « à l’arrêt des violences ». « Elles sont le fait d’une minorité, mais frappent avant tout les quartiers de notre ville et souvent, les plus en difficulté », déplore-t-il. Le maire est de son avis. « Je veux adresser un message de solidarité envers les habitants des quartiers concernés car c’est eux les premières victimes de ce qu’il se passe et c’est contre eux que tout cela se retourne », constate Jean-Luc Moudenc.
Le maire a également tenu à adresser « un message de confiance envers les institutions républicaines », notamment la police et la justice. « Depuis trop de temps, il y a un message qui passe contre la police, instrumentalisé par certaines forces politiques. Celui-ci tend à faire croire que la police est une force qui ne rassemble que des gens violents et racistes », regrette Jean-Luc Moudenc. Il poursuit : « Ne tombons pas dans le piège de l’amalgame qui consiste à jeter l’opprobre sur une profession qui est là pour nous protéger. Et la justice souvent décriée, force est de constater quelle n’est pas aux abonnés absents depuis 48 heures. Elle est pleinement mobilisée sur cette très douloureuse affaire ».
Mais pour Antoine Maurice, membre du groupe d’opposition Toulouse écologiste, solidaire et citoyenne (TESC), le maire attaque lui-même « l’Etat de droit en remettant plusieurs fois en cause la justice de notre pays et de son indépendance » rappelant notamment les critiques qu’il avait émises suite à l’annulation par le tribunal administratif de Toulouse du Plan local d’urbanisme intercommunal – habitat (PLUi-H) de la Métropole. « Tout cela n’est pas à la hauteur de votre fonction de maire », fustige l’élu. Jean-Luc Moudenc rétorque : « Je n’ai aucune leçon à recevoir de vous sur l’état de droit. Simplement, je constate qu’il évolue dans un sens qui se retourne contre l’Etat lui-même parce que le droit évolue. Cela se traduit par un affaiblissement inédit de l’Etat dans notre pays. J’y vois une menace pour la République et pour la démocratie ».
Maxime Le Texier a, de son côté, dénoncé la politique sécuritaire du maire. « Nous commenterons, en effet, les moyens ruineux que vous proposez de mettre aujourd’hui dans les symptômes et la punition et pas dans la résolution des causes du mal. Ainsi, nous défendrons la première des justices, la justice sociale. Car notre rôle d’élus est de préparer l’avenir et notre devoir est de constater que ce sont les inégalités et la stigmatisation croissantes en France et à Toulouse qui sont le terreau de la colère et des tensions. Notre devoir est de comprendre les raisons du chaos, de regarder du côté de la sécheresse sociale et pas de l’allumette », souligne l’élu d’opposition.
Jean-Luc Moudenc a effectivement souhaité « plus de sécurité et de fermeté ». « Les Quartiers prioritaires de la ville (QPV), comme tous les quartiers, ont besoin d’ordre », assure le maire qui rappelle : « Lorsque je me bats pour avoir plus d’effectifs de police nationale et davantage de moyens pour la justice, je le fais pour tous les quartiers et notamment les QPV ». Mais pour Pierre Lacaze, cela ne suffit pas. « La réponse n’est pas que l’ordre. La réponse doit aussi être politique », appuie le membre du parti communiste avant d’ajouter : « Nos villes et nos quartiers ont besoin de sécurité, de paix et de tranquillité, mais elles ont besoin aussi de solidarité ».
Pierre Lacaze souhaite ainsi « le développement de l’ensemble des services publics sur nos quartiers ». « C’est bien sûr, d’abord, le rôle de l’Etat. Et j’aimerais que vous puissiez proposer une motion, avant la fin du conseil municipal et que nous pourrions tous voter, impliquant une réponse de l’Etat vis-à-vis des difficultés de nos quartiers ; emploi, pauvreté, trafic, sécurité… », suggère l’élu d’opposition qui voudrait également que ce conseil municipal soit l’occasion de « travailler aux réponses politiques à apporter aux enjeux de ces quartiers ». Selon lui, effectivement, « l’arrêt des violences sera le fait de réponses politiques ».
Jean-Luc Moudenc lui a fait part de « son incompréhension face à son intervention ». « Vous dites que la réponse pour les quartiers concernés ne peut pas être que d’ordre public. J’ai justement répondu à cela puisque j’ai réaffirmé notre engagement pour la politique de la ville », rappelle le maire qui avait effectivement assuré, dans ses propos liminaires, de l’engagement de la municipalité « avec l’Etat, les bailleurs sociaux, les associations et les autres collectivités dans de nombreux projets » pour les habitants de ces quartiers « de manière à améliorer leur cadre de vie et les équipements publics, à renforcer les services publics de proximité et à rendre plus agréables les espaces publics de manière aussi à soutenir la vie associative ».
Commentaires