Augmentation des élèves, manque d’encadrement, hausse des incivilités… Autant de problématiques que les personnels et parents d’élèves du collège Maurice Bécanne à Toulouse dénoncent. Ils se mobilisent depuis le début de l’année pour demander plus de moyens humains, mais pas seulement.
« C’est un trésor ce collège », assure Thomas Julien, représentant du personnel du collège Maurice Bécanne à Toulouse. Mais ce trésor s’amenuise d’année en année. « Nous étions un petit collège qui marchait très bien », révèle l’enseignant. S’il parle au passé, c’est parce que l’établissement, classé en réseau d’éducation prioritaire (REP), a vu ses « effectifs augmenter considérablement » ces dernières années. « Il accueillait 310 élèves il y a huit ans. Ils sont 430 désormais », informe le professeur. Des collégiens qui ne seraient pas suffisamment encadrés. « Les moyens d’encadrement n’ont pas augmenté proportionnellement au nombre d’élèves », dénonce Thomas Julien.
Il ajoute : « Nous avons seulement 4,75 équivalents temps plein (ETP) d’assistants d’éducation (AED), alors que le collège Vauquelin a 570 élèves et 9 ETP d’AED. Et ce nombre n’a pas changé depuis cinq ans ». En revanche, les incivilités et la violence ont eux augmenté. « Nous avions très peu d’incidents. Il n’y avait que deux ou trois conseils de discipline par an. Là, nous en avons déjà eu trois depuis le début de l’année », déplore l’enseignant qui a ainsi pu constater des « incidents graves qui n’existaient pas avant » au collège. Il fait également état « de problèmes de harcèlement, d’agitation dans la cour et de dégradations ». « Il y en a toujours eu, sauf que trois ou quatre ans plus tôt, ils étaient gérables », note-t-il.
Et ce n’est pas tout. Le manque d’encadrement entraîne d’autres problèmes. « Les assistants d’éducation sont dans un tel sous-effectif qu’ils doivent fermer les toilettes car ils ne sont pas assez nombreux pour les surveiller », rapporte le professeur. Et lorsque les toilettes sont ouvertes, les collégiens n’ont bien souvent pas le temps d’y aller. « Les toilettes sont sous dimensionnés », relève Thomas Julien. Marc Régnier, président du comité local FCPE et père d’un élève de troisième au collège Maurice Bécanne, précise : « Il n’y a que six toilettes pour les filles et six toilettes pour les garçons. Ils n’ont même pas dix secondes chacun pour faire leurs besoins à la pause ».
Ce qui fait dire à l’enseignant que « l’établissement n’a pas été construit pour accueillir plus de 400 élèves ». Le rectorat de l’académie de Toulouse n’est pas de cet avis. « Les effectifs du collège se sont accrus suivant l’évolution démographique du secteur toulousain, dans la limite de sa capacité d’accueil », souligne-t-il. Toujours est-il que les personnels et parents d’élèves réclament plus de toilettes. « C’est notre cheval de bataille », appuie Marc Régnier qui compte faire la demande d’installation de toilettes temporaires lors du premier conseil d’administration ce vendredi 10 novembre. « Nous sommes le seul collège de l’académie qui n’en a toujours pas fait », informe le professeur.
En plus de cela, enseignants et parents demandent deux ETP d’assistants d’éducation, un principal adjoint et un deuxième conseiller principal d’éducation (CPE) pérenne. Ils ont effectivement obtenu un CPE adjoint cette année, mais provisoire. « Nous ne l’aurons plus à la rentrée 2024 », informe le professeur. Le rectorat a effectivement « positionné un poste supplémentaire de conseiller principal d’éducation pour accompagner les équipes ». Une annonce qui a été faite juste avant que certains personnels et parents d’élèves se mobilisent, d’après Thomas Julien. Des enseignants s’étaient mis en grève pour alerter sur la dégradation du climat scolaire dans le collège le jeudi 12 octobre dernier.
Cette mobilisation avait eu un certain effet puisque le directeur académique des services de l’éducation nationale (DASEN) de Haute-Garonne s’était rendu sur place le jour même. Lors de cette visite, il a confirmé l’arrivée du CPE adjoint et a par ailleurs proposé de lancer une enquête « pour mesurer le manque de moyens et les dysfonctionnements » au sein du collège Maurice Bécanne, explique Thomas Julien. « Des représentants du rectorat ont entendu les encadrants du collège, les parents et les élèves juste avant les vacances de la Toussaint. Nous avons eu l’impression qu’ils étaient à l’écoute », témoigne Marc Régnier.
Pour le moment, les résultats de cette enquête ne sont pas encore connus. « On nous avait dit que nous aurions un retour rapide. Mais trois semaines après, nous n’avons toujours rien eu », regrette Thomas Julien avant de prévenir : « En janvier, lorsque se feront les arbitrages pour la rentrée 2024, nous comptons faire pression pour qu’on pense à nous ». Car le professeur en est convaincu, « ce collège pourrait redevenir très bien » s’il disposait de plus de moyens ou si « le nombre d’élèves était réduit ». Et le représentant des personnels du collège est prêt à organiser de nouvelles mobilisations pour obtenir l’un ou l’autre.
Commentaires