Ils seraient seulement 10% d’enseignants à avoir signé le pacte dans l’académie de Toulouse. Ce dispositif leur propose des missions complémentaires à réaliser en échange de primes. Mais il ne séduit pas les enseignants qui y voient une contractualisation de leur métier.
Faire du soutien en mathématiques ou encadrer la découverte des métiers des élèves. C’est ce que le pacte enseignant propose, sur la base du volontariat, aux professeurs des écoles, collèges et lycées. Ils ont en effet la possibilité de réaliser des missions complémentaires en échange d’une rémunération à hauteur de 1 250 € brut annuels pour chacune d’elles. Un dispositif du ministère de l’Education nationale qui ne séduit que très peu dans l’académie de Toulouse.
« Le rectorat estime que 10% des enseignants du premier et du second degré ont signé le pacte », rapporte Charlotte Andrieu, enseignante dans le premier degré à Toulouse et co-secrétaire du SNUipp 31. On est donc loin des 30% de signataires visés par l’ancien ministre de l’Education nationale, Pap Ndiaye. « Si le texte reste en l’état, le pourcentage ne sera jamais beaucoup plus élevé », prévient Pierre Montels, professeur au lycée et secrétaire du SNES en Haute-Garonne.
Si ce pacte peine à trouver l’adhésion auprès de la profession, c’est parce qu’elle y voit, non pas une revalorisation salariale, mais un véritable piège. « Ce n’est pas une amélioration de salaire puisqu’il nous est demandé de travailler plus pour gagner plus », souligne Charlotte Andrieu. L’enseignante, qui travaille déjà plus de 40 heures par semaine, ne se verrait donc pas faire des heures supplémentaires pour aller enseigner du français à des collégiens après avoir fait classe à ses élèves.
« On nous propose de travailler encore plus alors que nous sommes déjà débordés. Nous sommes parmi les enseignants qui travaillons le plus dans le monde, selon l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques, NDLR) », indique Pierre Montels qui estime que ce dispositif est « une réponse biaisée à leurs demandes ».
Le secrétaire du SNES en Haute-Garonne aurait ainsi préféré que les montants allouées à ce pacte « servent à augmenter les salaires et à recruter ». « Les missions de ce pacte ne sont que des rustines face au manque d’enseignants et ne favorisent pas la continuité pédagogique. Avoir un service public de qualité demande des moyens. Nous souhaitons donc des recrutements massifs de titulaires et une rémunération valorisée, pas seulement des primes qui ne comptent pas pour la retraite », appuie la co-secrétaire.
Pierre Montels ajoute : « Emmanuel Macron s’était engagé à augmenter les salaires de tous les enseignants de 10%. Mais il n’a pas tenu sa promesse car nous en sommes très loin », dénonce le professeur. D’après le syndicat SNES, cette augmentation ne dépasserait pas, effectivement, 5,5% en moyenne.
Si les deux enseignants comprennent que certains de leurs collègues signent le pacte pour des raisons financières, ils appellent à ne pas le faire. « Nous conseillons de ne pas s’y engager car cela contribue à détricoter le service public. C’est dangereux », alerte Charlotte Andrieu. Pierre Montels est du même avis. « Cela crée une contractualisation de nos métiers et une modification de notre façon de travailler », déplore le secrétaire.
Il craint également une augmentation des inégalités entre les femmes et les hommes. « Les enseignants masculins le signent davantage car ils ont plus de disponibilité pour des missions supplémentaires », relève le professeur qui voit, par ailleurs, dans ce pacte un accroissement des pouvoirs des chefs d’établissement, qui décideront de la répartition des pactes ou de qui pourrait y avoir le droit en cas de forte demande.
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