Les questions de mobilité, et plus particulièrement celle du RER Toulousain, ont concentré la plupart des propos liminaires du conseil de Toulouse Métropole de ce jeudi 12 octobre. À l’unanimité, les élus demandent à l’État plus de moyens pour mener à bien ce projet. Mais en attendant, la majorité temporise quand l’opposition veut accélérer coûte que coûte.
Emmanuel Macron a promis 700 millions d’euros pour accompagner 13 métropoles françaises dans l’élaboration de leur projet de RER métropolitain. Toulouse fait partie des agglomérations citées pour bénéficier de cette enveloppe, mais la dotation exacte n’est pas encore déterminée. Qu’importe, pour les élus de Toulouse Métropole, réunis en conseil ce jeudi 12 octobre, ce n’est pas assez ! Sacha Briand, grand argentier de la collectivité, en première ligne : « L’État doit nous donner les moyens de réaliser ses objectifs. Le montant débloqué aujourd’hui ne couvre qu’une fraction des études nécessaires », ce qui reste incompréhensible pour l’élu. Car, « nous n’avons pas les ressources financières pour assumer un tel investissement », rappelle Jean-Luc Moudenc. Le président de la Métropole détaille à l’occasion les coûts que représenteraient la mise en place d’un RER Toulousain : « Sur une hypothèse faible, il faudra prévoir 1 milliard d’euros d’investissement, et sur une hypothèse forte 2.250 milliards. À cela, s’ajouterait un budget de fonctionnement annuel de 35 millions d’euros en hypothèse basse, et de 90 millions en hypothèse haute », rend-il compte.
D’autant qu’au soutien « trop faible de l’État » s’ajoute la baisse de la dotation globale de fonctionnement (DGF), censée compenser la suppression de ressources pour la collectivité (fin de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises, de la taxe d’habitation…), qui rend tout investissement public plus difficile. Pour pallier ces rentrées d’argent désormais coupées, Jean-Luc Moudenc, appuyé par tout le conseil métropolitain, demande à l’État, « non pas une subvention, mais l’autorisation de créer de nouvelles recettes ». Il fait référence ici à sa demande de rehaussement du plafond du taux du Versement mobilité. Une proposition qui semble convenir à tous les élus mais qui pour l’instant n’a pas trouvé d’écho auprès du gouvernement.
Mais si un consensus semble se dessiner quant au manque d’implication financière de l’État, les positions divergent concernant la position à adopter en attendant qu’une solution pérenne soit trouvée. De l’avis de l’opposition, il faut avancer : « accélérer immédiatement le cadencement des trains comme le propose l’association Rallumons l’étoile, engager des travaux massifs pour déployer un système multimodal combinant RER cadencé, métro, bus en site propre et voies vertes, et enfin créer un établissement public local qui portera la maîtrise d’ouvrage et le financement du RER. Il sera la garantie que les fonds seront bien répartis sur l’ensemble du réseau et pas utilisés pour combler le trou généré par la construction de la 3e ligne de métro », exhorte Marc Péré du groupe Alternative pour une Métropole Citoyenne (AMC).
Des avancées qu’Isabelle Hardy, élue du groupe Métropole, Écologiste, Solidaire et Citoyenne (Mesc) appelle également de ses vœux : « La Région, le Département, et l’État ont accéléré sur ce dossier du RER métropolitain et ont notamment lancé des études, auxquelles vous ne souhaitez toujours pas associer la Métropole. Notre collectivité est pourtant directement concernée », fait-elle remarquer en faisant allusion aux propos de Jean-Luc Moudenc en novembre 2022 : « Je ne mettrais pas un centime dans ce projet ! » Position qui a toujours été celle du maire de Toulouse : le RER, pourquoi pas, mais financé par l’État. « Et dire que Toulouse Métropole n’est pas associé au suivi du projet est faux. Nous sommes présents à toutes les réunions qui le concernent. Et c’est d’ailleurs dans celles-ci que nous (la Région, le Département, la préfecture et Toulouse Métropole) nous sommes répartis les études à réaliser. Celle sur l’étoile ferroviaire est ainsi assurée par le Conseil régional. Le travail est en cours », répond Jean-Luc Moudenc. Ainsi, selon le président de Toulouse Métropole, tous les acteurs publics seraient sur la même longueur d’onde, tant concernant les études que sur le projet en lui-même, « alors n’inventez pas des clivages là où il n’y en a pas », intime-t-il à Isabelle Hardy. « Le projet de RER métropolitain est intéressant mais l’investissement est tel qu’il est nécessaire d’en évaluer la potentielle efficacité », termine-t-il.
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