Depuis le mois de janvier, le Sicoval innove : la communauté d’agglomération du Sud-Est toulousain teste les couches compostables dans ses crèches. Les détails.
Les initiatives qui permettent de réduire les déchets sont de plus en plus nombreuses en Occitanie. C’est le cas notamment dans la communauté d’agglomération du Sud-Est toulousain, le Sicoval, où les élus expérimentent les couches compostables dans certaines crèches du territoire. L’objectif est double : d’une part, réduire la quantité de déchets envoyés en décharge et, d’autre part, encourager l’adoption de pratiques plus durables et respectueuses de l’environnement. Selon le Sicoval, les établissements utilisent 161 912 couches par an, pour plus de 600 enfants inscrits.
Xavier Normand, élu en charge de la collecte, du traitement et de la valorisation des déchets, regrette la quantité considérable de couches jetables envoyées chaque année dans les décharges. Il déplore : « Nous en jetons chaque année des tonnes à la poubelle. C’est dommage, car elles ne sont pas revalorisées dans les incinérateurs. Et puis, faire brûler une couche pleine, c’est absurde, et ça ne rapporte absolument rien. Alors qu’en termes de matière organique, elles ont une valeur certaine pour le compost comme d’autres biodéchets. »
Les élus se sont alors penchés sur cette problématique avec les différents acteurs du territoire. Et, depuis le mois de janvier, neuf crèches du Sicoval, soit un total de 340 enfants, participent à l’expérimentation des couches compostables qui durera jusqu’au 31 juillet prochain. Celles-ci, fournies par la société Mundao, sont spécialement conçues pour être compostées après usage, évitant ainsi la pollution associée aux couches jetables traditionnelles. Toutefois, leur utilisation requiert une sensibilisation et une adaptation des pratiques, tant de la part du personnel des crèches que des parents.
Tout au long de l’expérimentation, les utilisateurs font des retours sur le produit afin de permettre son amélioration. Cédric Le Guédart, chef du service déchets du Sicoval, précise alors : « Sur les 340 enfants qui participent, seuls 4 ont l’air d’être gênés par la couche, les parents des autres n’ont fait que des retours positifs pour l’instant. » Du côté des agents de la collectivité, rien ne change à part l’adaptation de leur geste en raison de la qualité des élastiques. « Au début, ils cassaient, la nouvelle version tient mieux, mais les employés évitent de trop tirer dessus », détaille le chef du service.
La différence avec une couche traditionnelle ? Le produit de Mundao est dépourvu de tout élément non-compostable, tels que les plastiques, autocollants ou élastiques. Surnommée, la “Popotine”, la couche est composée de voiles et scratchs en fibres cellulosiques (issus de forêts gérées durablement), de cellulose TCF, non blanchie au chlore et de matériaux biosourcés. Elle est sans latex, testée dermatologiquement et conforme aux recommandations de l’ANSES.
En revanche, son coût est environ trois fois supérieur à celui des couches jetables classiques. Mais le compost produit à partir des produits compostables et d’autres déchets organiques pourrait offrir une solution durable pour la valorisation des déchets, bien que sa mise en œuvre nécessite une réflexion approfondie sur les aspects économiques et logistiques. La question de la revalorisation économique du compost reste à explorer, avec des pistes telles que la vente du compost pour compenser le surcoût des couches compostables.
Récupérées dans une poubelle adéquate, les couches sont ensuite mises à part par la société Cler Verts, basée à Bélesta-en-Lauragais. Elles sont pesées, puis broyées et mélangées à des déchets verts. L’objectif est de pouvoir créer du compost avec ces deux matières. « Avec 6 tonnes de couches, nous pourrons faire 12 tonnes de compost mélangé », détaille le chef du service déchets.
À termes, l’expérimentation des couches compostables dans les crèches du Sicoval pourrait ouvrir la voie à une adoption plus large de cette pratique sur le territoire. Toutefois, Xavier Normand assure que cela nécessitera une coordination étroite entre les différentes parties prenantes, ainsi qu’une sensibilisation accrue des citoyens aux enjeux de gestion des déchets.
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