Le 9 juin prochain, les Toulousains, comme tous les Français, seront appelés aux urnes pour les élections européennes. Mais ils ne pourront s’exprimer que dans 54 lieux de vote au lieu de 68 jusqu’à présent, la Mairie de Toulouse ayant entériné la suppression de 14 d’entre eux. « Une magouille politique » pour l’opposition, « une entorse à l’exercice de la démocratie » pour le Collectif des associations des Pradettes, quartier concerné par la mesure. Ces derniers demandaient au conseil municipal de revenir sur sa décision, mais ils ont été déboutés.
Les Toulousains disposeront de 54 lieux de vote pour s’exprimer lors des prochaines élections européennes, qui auront lieu le 9 juin 2024, pas un de plus. Une décision de la majorité, prise en 2023, qui vise à supprimer 14 sites pour rationaliser la logistique électorale. Ainsi, le nombre de points de vote où les électeurs de la Ville rose pourront glisser leur bulletin dans l’urne passe de 68 jusqu’à présent, à 54. Une mesure que dénonce le Collectif des associations des Pradettes, l’un des huit quartiers concernés. Selon ses membres, il s’agit là d’une « entorse à l’exercice de la démocratie ».
En effet, ces derniers constatent qu’avec ce “remaniement”, certains électeurs se retrouvent très éloignés de leur bureau de vote. Dans le quartier des Pradettes, les 10 jusque-là répartis entre l’école Viollet-le-Duc, le foyer du 3e âge, l’école Lardenne et l’école Fleurance seront réunis au Petit Capitole, avenue de Lardenne. Problème : « Il n’y a pas le dimanche de bus direct avec ce nouveau lieu de vote ! » regrette le collectif. « Il faudra donc compter entre 1h20 et 2h12 de trajet aller et retour en bus en fonction du temps d’attente des correspondances. Le temps de déplacement sera ainsi multiplié entre cinq et dix fois ! » poursuit-il. Une situation inacceptable pour ses membres qui estiment qu’elle participera à faire augmenter l’abstention. Ils demandent ainsi le maintien d’au moins un lieu de vote dans le quartier des Pradettes, mais plus généralement, la non-suppression des 14 lieux voulue par la Municipalité de Toulouse.
Demande qu’ils ont formulée dans un courrier, envoyé aux élus de Toulouse, avant la tenue du conseil municipal de ce vendredi 29 mars, et auquel ils ont joint la pétition qu’ils avaient lancée en décembre 2023. Celle-ci a recueilli 1 209 signatures (au moment où nous écrivons l’article). Mais la requête restera lettre morte. Toutefois, Pierre Esplugas-Labatut, adjoint au maire et porte-parole du groupe majoritaire Aimer Toulouse précise qu’il s’agit d’un test : « Après les élections européennes, nous pourrons, si nécessaire, procéder à des ajustements. »
Des ajustements ou « des magouilles à des fins politiques ? » s’interroge les élus d’opposition du groupe Alternative Municipaliste Citoyenne (AMC). « Vous avez supprimé un lieu de vote sur 5 », calcule Agathe Roby, « à ce stade-là, ce ne sont pas des petits ajustements, c’est une véritable boucherie pour notre démocratie ». D’autant que pour la conseillère municipale, non contente de faire augmenter l’abstention, cette mesure fait le jeu de la droite : « Par le plus grand des hasards, les lieux de votes qui ont disparu sont les plus favorables à la gauche et à la Nupes ! Ça alors ! Quelle coïncidence ! Je sais que votre famille politique est familière des magouilles électorales, mais là vous vous surpassez », lance-t-elle. Et de terminer ses propos accusateurs : « Monsieur Moudenc, vous ne leurrez personne dans vos manigances pour conserver le pouvoir et le siège sur lequel vous êtes assis. Finalement, l’abstention c’est un peu votre assurance vie. »
Une attaque que l’équipe de Jean-Luc Moudenc ne saurait entendre. « Ce n’est pas un “tripatouillage” puisque la carte électorale reste inchangée », rétorque Pierre Esplugas-Labatut. « Il ne s’agit pas d’une suppression de “bureaux” de vote, mais de “lieux” de vote », précise-t-il. Ainsi, pour la majorité, personne n’est empêché de voter. Selon Aimer Toulouse, cette décision, validée par la préfecture de Haute-Garonne, ne répond qu’à des besoins logistiques. D’abord parce que « les écoles ne sont pas des lieux de vote, nous privilégions donc les gymnases et les salles polyvalentes », expliquait déjà Sacha Briand lors d’un précédent conseil municipal. Ensuite, « parce que certains sites connaissent une faible affluence », et que, dans un même temps « nous rencontrons des difficultés à trouver suffisamment d’assesseurs », avance l’adjoint au maire en charge des élections. Des arguments justifiant aux yeux de la majorité une réduction du nombre de lieux de vote, « loin du calcul politique ». Une décision que la majorité assume et confirme, sans débats ni consultations citoyennes, ce que déplorent les élus de l’opposition et le Collectif des associations des Pradettes.
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