Alors que des fouilles sont actuellement menées rue de Metz à Toulouse, le Journal Toulousain revient sur certaines découvertes surprenantes réalisées par les archéologues dans la Ville rose.
Rue de Metz à Toulouse, les passants, curieux, observent la tranchée béante. Au fond, se trouvent des vestiges d’une époque passée. Des fouilles archéologiques ont en effet révélé des caves d’anciennes habitations. « La rue de Metz a été percée à la fin du 19e siècle à travers des bâtiments qui existaient précédemment. Nous savions, grâce à des plans cadastraux datant de 1830, que sous les niveaux de chaussée créés à cette période, nous tomberions sur leurs fondations », explique Julien Ollivier, ingénieur d’études au service régional de l’archéologie à la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) Occitanie. En somme, une découverte pas si insolite que cela pour les archéologues.
Mais ces derniers peuvent toutefois être surpris, comme lorsqu’ils ont mis au jour en janvier dernier une statue de Saint-Jacques dans la pile du Pont-Vieux adossée à l’Hôtel-Dieu en rénovation. « Dans le cadre du chantier de restauration, les architectes du patrimoine avaient repéré une sculpture dans la pile. On en voyait déjà le socle et une partie du drapé du personnage », rapporte Julien Ollivier. La présence de cette statue était déjà surprenante. Mais son « très bon état de conservation » l’était encore plus. « C’était une bonne surprise. La statue était préservée sur les deux tiers de sa hauteur et une inscription identifiant le personnage se trouvait à sa base », relève l’ingénieur d’études.
Une autre belle découverte : le château des comtes de Toulouse, appelé le château Narbonnais, sous le palais de justice de Toulouse au début des années 2000. L’ancien palais médiéval avait été démoli au milieu du XVIe siècle et les archéologues craignaient donc de ne pas trouver suffisamment de traces du château. Et pourtant, la façade Sud de la forteresse comtale et un mur de la porte antique dite Narbonnaise, qui constituait l’entrée principale de la ville, ont été dévoilés lors des fouilles. Des vestiges aujourd’hui visibles. Les constructions situées dans l’emprise du château ont effectivement été préservées et présentées dans une crypte à l’intérieur du nouveau palais de justice.
Les archéologues ont également pu retrouver l’ancien cimetière médiéval Saint-Michel qui s’étendait en bordure des fossés au pied du château Narbonnais lors des fouilles de la station de métro Palais de Justice en 2001. Quelque 2 500 tombes étaient présentes. « C’est assez régulièrement que nous tombons sur des cimetières anciens qui se trouvent généralement à côté des anciennes églises. Là encore, nous connaissons l’emplacement de la plupart de ces lieux de culte par les sources cartographiques ou écrites à notre disposition. Quand des travaux vont être menés à proximité, il y a donc des chances pour que ce type de vestiges apparaissent », informe Julien Ollivier.
En revanche, certains vestiges ne peuvent se prévoir. Ainsi, la mâchoire d’un rhinocéros vieux de plus de 20 millions d’années a été trouvée lors des travaux du métro à Jean-Jaurès dans le cadre de “Ma ligne A en XXL”. « Ces derniers ont occasionné des aménagements souvent très profonds et atteints des couches antérieures à l’arrivée de l’Homme. Ce vestige était inattendu puisque nous n’en avons évidemment pas traces dans nos sources écrites », souligne-t-il. Cette découverte, réalisée par des ouvriers, était donc fortuite. Aucune fouille préventive n’avait été préconisée. « Nous intervenons seulement si nous avons des indices de la présence de vestiges », indique l’ingénieur d’études.
Et justement, les archéologues vont avoir du travail dans les mois à venir. « Au niveau de l’entrée de la Rue de Metz, côté François Verdier, un certain nombre de tombes, installées à partir de l’Antiquité, ont été mises au jour au moment de la création de la station de la ligne B du métro, soit au début des années 2000. Nous nous attendons à de telles découvertes, notamment lorsque les travaux pour la ligne C du métro vont être réalisés aux alentours de cette station l’année prochaine », détaille l’ingénieur d’études. Comme le précise Julien Ollivier, « c’est effectivement le prochain grand chantier d’archéologie préventive à Toulouse ».
« Avant les travaux d’aménagement de la nouvelle ligne, une fouille archéologique sera menée dans le secteur du Monument aux Morts, permise grâce à son déplacement », annonce-t-il. Et l’ingénieur d’études s’attend encore à « avoir de belles découvertes, si les conditions de conservation sont bonnes ». « Les fouilles archéologiques permettent de révéler des choses toujours inattendues. Toulouse est une ville qui existe depuis plusieurs centaines d’années. Nous savons que sous nos pieds des couches archéologies anciennes sont préservées », se réjouit Julien Ollivier. Les sols de la Ville rose n’ont donc pas fini de nous surprendre…
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