En dix ans, l’entrepreneur Thomas Laurent s’est lancé dans la création de trois start-up porteuses de projets écologiques et responsables à Toulouse. La dernière fait d’ailleurs beaucoup parler d’elle depuis plusieurs mois : Micropep. Elle est en effet considérée comme une “révolution” dans le monde agricole.
Trois. C’est le nombre de projets de start-up portés par l’entrepreneur Thomas Laurent, depuis son installation il y a dix ans à Toulouse. La dernière en date : Micropep. Cette jeune entreprise est en voie de développer des intrants et des pesticides naturels à base de micro-peptides. Ces dernières sont des protéines naturellement présentes dans l’organisme des plantes qui les aident à germer, à pousser et à se protéger des maladies.
Multipliées à l’échelle industrielle, les micro-peptides permettront prochainement de créer une gamme de produits qui, une fois injectés ou vaporisés sur les plantations, aideront au bon développement des cultures, à la lutte contre les maladies, mais aussi, au ralentissement de la pousse des mauvaises herbes, en remplacement du très controversé glyphosate.
Avant de se lancer dans la création de Micropep en 2016, Thomas Laurent travaillait depuis deux ans en tant que business developer au sein de Toulouse Tech Transfer. Son job ? Faire la liaison entre des chercheurs et des partenaires industriels intéressés par le fruit de leurs recherches scientifiques ou technologiques. « Cette expérience m’a permis de bien comprendre les problématiques de propriété intellectuelle et l’intérêt des deep tech. Mais aussi, de garder un œil sur les projets prometteurs qui sortaient des laboratoires publics de recherche », admet-il, toujours prêt à se lancer dans de nouvelles aventures entrepreneuriales.
Après avoir discuté avec Jean-Philippe Combier et Dominique Lauressergues, les chercheurs du CNRS et de l’Université de Toulouse à l’origine de la découverte des micro-peptides, Thomas Laurent quitte son poste de business developer pour se consacrer à la fondation de la start-up Micropep. « L’idée d’écrire une nouvelle histoire sur une page blanche me stimule beaucoup », se réjouit le quarantenaire. Et cette page est déjà bien remplie, puisqu’en quelques années, il a réussi à lever près de 20 millions d’euros auprès d’investisseurs français comme étrangers. Son objectif est de prochainement lancer ses intrants et pesticides sur le marché américain (2025), puis européen, à l’horizon 2027.
Sur les bancs de l’ESSEC déjà, une école de commerce de la région parisienne, le jeune étudiant originaire de Lyon s’intéresse à l’entrepreneuriat, les ressources humaines et la finance. Il débute sa carrière dans le conseil en stratégie pour différentes entreprises au sein d’un cabinet de la capitale. « Je pondais des recommandations stratégiques sans réellement savoir si elles allaient être mises en œuvre par la suite », avoue-t-il. Et voir ses idées se concrétiser lui manquait.
Alors, en débarquant à Toulouse il y a dix ans pour suivre sa compagne qui venait de décrocher un emploi en tant que chercheuse dans l’agronomie, Thomas Laurent se lance aux côtés de son beau-père pour monter une première entreprise de fabrication de petites éoliennes pour les particuliers et les professionnels. « Il est ferronnier et avait réussi à créer un prototype de trois mètres de diamètre dans son garage. J’ai donc travaillé avec lui pour lancer une start-up, nous sommes entrés dans un incubateur (Nubbo) et avons remporté le concours “Émergence” de la BPI (ancien I-Lab)», se souvient l’entrepreneur, qui mettait enfin toutes ses compétences à exécution. Mais faute de demande sur le marché, il abandonne le projet fin 2012.
L’année suivante, Thomas Laurent s’engage à nouveau, mais cette fois aux côtés de Cédric Jules et Alexandre Belin, rencontrés grâce à des amis. Ensemble, ils lancent Macadam garden, une société de production de potagers verticaux permettant le développement du maraîchage urbain. « J’ai toujours vécu dans de grandes villes, à Lyon, à Paris, à Toulouse. Je ne suis pas fils ou petit-fils d’agriculteur. Mais cette idée de rapprocher la nature des villes m’a vraiment intéressée, d’un point de vue technique comme environnemental », explique le quarantenaire. À la fin de l’année 2013, il quitte finalement la start-up à cause de « différends » dans la vision de son avenir. Le bilan de ces deux premières expériences est mitigé pour Thomas Laurent, qui restait toutefois persuadé de tomber un jour sur la pépite. Il en est aujourd’hui convaincu : cette pépite est Micropep.
Au-delà d’un fort attrait pour le monde économique, Thomas Laurent possède une sensibilité écologique qui le guide dans l’ensemble de ses projets. Elle s’est formée durant ses études à Paris, aux côtés de ses camarades qui, comme lui, ont grandi dans les années 90 où planait une certaine insouciance au sujet de la crise environnementale. De cette époque, il garde en mémoire le nom d’un des membres de sa promotion qui l’a beaucoup inspiré : Jean Moreau, fondateur de la plateforme de lutte contre le gaspillage alimentaire Phenix.
« J’ai d’abord appliqué mes principes écologiques dans mon travail, avant même que ma compagne me fasse prendre conscience que je devais aussi agir dans mon quotidien », sourit l’entrepreneur : « Désormais, je fais de plus en plus attention à ma consommation, je ne mange quasiment plus de viande, j’achète en seconde main et je privilégie le train à l’avion pour mes déplacements professionnels ».
Selon lui, chaque être humain « n’est que de passage sur la terre » et doit « mobiliser l’ensemble de ses compétences pour avoir un impact positif sur le monde ». Car il est aujourd’hui père de deux petites filles, âgées de 3 et 5 ans, et en observant les crises économiques, écologiques, épidémiques se succéder, il appréhende une seule chose : « que mes enfants me disent que je n’ai rien fait pour essayer de changer ça ».
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