Le Centre de transcription et d’édition en braille (CTEB) adapte, produit et vend des best-sellers en braille depuis plus de 30 ans à Toulouse. Certains contes Disney sont ainsi désormais accessibles aux personnes non-voyantes.
« Sur les 100 000 livres publiés par an, seulement 3% sont édités en braille », souligne Adeline Coursant, directrice du Centre de transcription et d’édition en braille (CTEB). Le choix de lectures pour les personnes non-voyantes reste donc très restreint. Créée à Toulouse il y a 33 ans par l’ingénieure de recherche Monique Truquet, l’association s’efforce de leur donner un meilleur accès à la littérature.
Romans, essais, livres de développement personnel, poésies, livres de recettes, ouvrages jeunesse… Le CTEB compte 1 900 références au total et édite 150 livres par an. Cela peut paraître peu, mais réaliser un ouvrage en braille prend beaucoup de temps. « Il faut compter trois semaines environ pour retranscrire un livre de 300 à 400 pages », indique Adeline Coursant. L’association, qui compte dix salariés et 27 bénévoles, effectue en effet un véritable travail de fourmi.
« Nous encodons tout d’abord le texte pour donner des consignes au logiciel de transcription. Cela prend une semaine. Puis, nous passons le texte dans le logiciel qui le transcrit en braille intégral et abrégé (version contractée du texte) », détaille Adeline Coursant. Une fois cela fait, le livre est envoyé à l’imprimerie pour être embossé. En clair, des machines vont marteler le papier afin de mettre en relief les caractères braille.
L’ouvrage passe ensuite entre les mains avisées d’un correcteur non-voyant qui décèlera les éventuelles fautes. Lorsqu’elles sont corrigées, le livre peut intégrer le catalogue en ligne de l’association. « Nous vendons en moyenne entre cinq et dix exemplaires de chaque livre. Mais parfois, nous avons des surprises », précise la directrice du CTEB. Certains ouvrages font effectivement un carton, comme “Cinquante Nuances de Grey”.
Pour choisir les livres à transcrire, le CTEB consulte un comité de lecture en interne. « Nous leur faisons des suggestions des livres récents de l’année », indique la directrice de l’association. Le CTEB transcrit aussi des classiques. Il a d’ailleurs récemment ajouté à son catalogue les contes Disney. « Ils n’existaient pas en braille. Il y avait donc un véritable décalage entre les enfants voyants et les non-voyants », déplore Adeline Coursant.
Ce n’était pas le seul. Si les livres pour enfants regorgent d’illustrations, ceux en braille n’en ont effectivement pas. L’association a ainsi décidé d’en intégrer dans certains ouvrages. Elle propose désormais une vingtaine de livres avec des illustrations en relief. « Grâce à une machine pour le marquage d’outils publicitaires, nous arrivons à imiter un toucher peau de serpent par exemple. Cela plaît beaucoup », précise la directrice.
Toujours dans le but de rendre plus accessible la lecture, le CTEB s’est donné un autre défi : vendre des ouvrages en braille à prix librairie. « Nous voulons que les non-voyants puissent acheter des livres au même prix que les voyants », déclare Adeline Coursant. En effet, ils doivent débourser jusqu’à 61 euros pour un ouvrage en braille. L’association en vend aujourd’hui une trentaine au prix unique du livre. L’année prochaine, ce sera tout son catalogue.
Mais la directrice du CTEB ne sait pas jusqu’à quand elle pourra proposer ce tarif. Produire un livre en braille a en effet un coût non négligeable qui n’est pas rentabilisé. « Il faut compter 800 euros par ouvrage », informe-t-elle. C’est d’ailleurs pour cela que l’association est l’une des seules en France à transcrire et vendre des livres en braille. Adeline Coursant déplore : « Si nous arrêtons, plus personne ne le fera ».
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