Une réunion de synthèse de la concertation sur l’avenir de l’incinérateur de déchets du Mirail à Toulouse devrait avoir lieu à la fin du mois de février. Mais Zero Waste Toulouse dénonce cette concertation. Selon l’association, elle a été un échec et le projet d’évolution de l’incinérateur est inacceptable.
Il est l’un des plus polluants de France. Dans un rapport publié en septembre, l’association Zero Waste Toulouse avait épinglé l’incinérateur de déchets du Mirail, en service depuis 1968. Ce dernier est en effet celui qui a émis le plus d’oxydes d’azote en 2020. L’association dénonce désormais la concertation publique, organisée par le syndicat de traitement des déchets Decoset du 20 septembre au 27 novembre, sur l’avenir de l’incinérateur. Pour Zero Waste Toulouse, cette concertation est effectivement « un échec en termes de mobilisation des citoyens ».
« C’était couru d’avance que presque personne n’y participerait », estime Thomas Guilpain, responsable plaidoyer de l’association. Il explique : « Les huit EPCI (établissements publics de coopération intercommunale, ndlr) membres de Decoset ont laissé ce syndicat que le public ne connaît pas se charger de la communication autour de la consultation. Ils auraient dû, surtout la métropole de Toulouse, s’en occuper. En effet, elle est la première contributrice à l’incinérateur et son vice-président chargé des déchets (Vincent Terrail-Novès, ndlr) est aussi le président de Decoset ».
Ce n’est pas le seul point qui dérange l’association. En effet, Zero Waste Toulouse déplore également le manque de « scénario alternatif sérieux ». Decoset en a présenté trois dans son dossier de concertation : la rénovation de l’incinérateur de déchets du Mirail, sa reconstruction ou son maintien en l’état. Selon l’association, les deux premiers sont « quasiment identiques » et le troisième montre « ce qu’il se passerait si l’on ne faisait rien ». « Les scénarios proposés sont biaisés. Ils n’apportent pas d’alternatives », appuie Thomas Guilpain.
Zero Waste Toulouse demande ainsi un scénario alternatif de « réduction importante des quantités de déchets » et donc des besoins en capacité d’incinération. L’association souhaiterait effectivement une division par deux de celle-ci. Actuellement, l’incinérateur du Mirail a une capacité de 330 000 tonnes de déchets par an. « Il faut le faire plus petit dès à présent puis le réduire progressivement. Il est inconcevable que dans 30 ans l’incinérateur soit de même taille et qu’il y ait toujours autant de déchets produits », souligne le responsable plaidoyer.
Thomas Guilpain n’est pas très optimiste à ce sujet. « Le meilleur résultat que nous puissions espérer est que Decoset envisage une réduction de la capacité de l’incinérateur. Nous ne pensons pas que ça pourra aller au-delà. Mais ce sera déjà une petite victoire, car ce n’est pas du tout prévu actuellement », indique-t-il. Le responsable plaidoyer poursuit : « Decoset s’est fixé de garder la même capacité jusqu’à 2050 pour l’incinérateur. Des obligations légales existent, mais le syndicat ne les a pas prévues dans son projet ». L’association ne perd toutefois pas espoir.
« Pendant la concertation, les participants ont demandé des efforts sur la réduction des déchets. Nous espérons que le syndicat va le prendre en compte », souhaite Thomas Guilpain. Pour lui, Decoset est actuellement un « aspirateur à déchets » et doit « sortir de son rôle passif pour avoir un rôle actif de garant du respect de la loi ». « Decoset considère qu’il est juste un syndicat de traitement et qu’il n’a pas son mot à dire sur la production de déchets. Il ne propose donc pas d’obligations aux EPCI membres du syndicat », regrette le responsable plaidoyer.
Toujours selon l’association Zero Waste Toulouse, Decoset poursuit effectivement sa politique de prévention actuelle sur la réduction des déchets « pourtant déjà jugée insuffisante en 2020 par la Chambre Régionale des Comptes d’Occitanie ». « L’objectif fixé en termes de quantité de déchets produits par habitant en 2050 correspond à la quantité de déchets produits à Rennes ou Grenoble en 2019. Nous avons 30 ans de retard », souligne Thomas Guilpain. D’après lui, il n’y aurait pourtant aucun problème à réduire la quantité de déchets produits sur le territoire.
« Il n’y a pas de solutions miracles. Certaines collectivités arrivent à réduire leurs déchets parce que des élus l’ont voulu. C’est une question de volonté et non de possibilité », affirme le responsable plaidoyer. Il cite notamment le cas de Milan. « La Ville a mis en place la collecte des biodéchets. Cela a permis de sortir un tiers des déchets des poubelles », informe Thomas Guilpain. Reste à voir si Decoset prendra en compte ces recommandations et modifiera son projet. La réunion de synthèse de la concertation devrait avoir lieu fin février.
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