L’intersyndicale SUD, CGT, FNCR, CFDT a reconduit une nouvelle manifestation ce mardi 18 avril à Toulouse. Les désaccords liés à l’indexation des salaires sur l’inflation restent sans issue malgré la réception d’une délégation au siège social de Tisséo.
Les journées noires se multiplient et le conflit social au sujet des négociations annuelles obligatoires (NAO) se poursuivent chez Tisséo. Ce mardi 18 avril, « 60% des salariés de l’entreprise » étaient en grève selon l’intersyndicale. La direction fait quant à elle état « d’environ 500 salariés mobilisés sur 2600 employés ». Alors que le trafic des bus était largement perturbé, plusieurs centaines de gilets colorés à l’effigie de leurs syndicats se sont réunis pour manifester sur la place du Capitole. En cause, la volonté de Tisséo de ne pas appliquer la clause d’indexation des salaires sur l’inflation, dite clause de sauvegarde.
Jusqu’alors incertaine, la réception d’une délégation de salariés au siège social de la régie toulousaine de transports, a été confirmée dans la matinée. Huit représentants syndicaux ont rencontré Jean-Michel Lattes, président de Tisséo Collectivités, Serge Jop et Thierry Wischnewski, respectivement président et directeur de Tisséo Voyageurs, ainsi que des adjoints à la mairie.
« C’est aux pouvoirs publics de prendre le relais pour reprendre le dialogue », insiste Stéphane Chapuis. Malgré les attentes du secrétaire général CGT chez Tisséo, « aucune proposition n’a été faite », a indiqué la délégation à son retour. « Ils pensent qu’on se cache derrière les élections professionnelles prévues jeudi (20 avril, ndlr). On va leur montrer dès vendredi que ce n’est pas le cas », ont lancé des porte-parole de l’intersyndicale devant les salariés en grève. Contacté par le Journal Toulousain, le président de Tisséo Voyageurs, Serge Jop justifie la position de la direction : « Nous étions là pour les écouter et prendre note de leurs doléances ».
Mise en application annuellement depuis 2008, la clause de sauvegarde fait traîner les négociations entamées en février. « Aujourd’hui il y a une inflation qui est annoncée très forte. Les salariés ne sont pas prêts à perdre du pouvoir d’achat », regrette le secrétaire général de la CGT Tisséo. De son côté, la direction avait proposé dans les semaines précédentes une augmentation des salaires de 2,8 % au 1er juillet puis une nouvelle hausse de 1 % si l’inflation dépasse les 5 %. Une offre à laquelle les syndicats n’avaient pas répondu. « Nous sommes dans une conjoncture où chacun doit faire preuve de mesure. Quand on lisse la hausse des salaires des trois dernières années en comptant la proposition faite la semaine passée, cela représente 12,6% d’augmentation. Soit plus que l’inflation sur cette même période », répond Serge Jop.
Ces tensions font écho aux divergences déjà présentes en fin d’année 2022. Malgré l’accord scellé avec les syndicats dans les mois précédents, la direction de Tisséo avait tenté de faire machine arrière. « Malgré la signature, ils ont essayé de ne pas nous verser la clause sous prétexte de la crise énergétique. Or, ce n’est pas aux salariés de la payer. Ils peuvent aussi bien retarder certains projets comme la troisième ligne de métro », regrette Lionel Dupin, délégué du syndicat majoritaire Sud.
Autre point de tension chez Tisséo : « On a manifesté mardi dernier (11 avril, ndlr) devant le siège social et on nous a dit qu’on était la honte du service public », s’insurge Franck Delperier, secrétaire national du syndicat FNCR. Des propos « plus que dégradants » pour Stéphane Chapuis, qui « nécessitent des excuses ». Le sujet aurait été évoqué lors de la rencontre ce mardi et Thierry Wischnewski aurait rectifié ces propos « déformés ». « Quand on insulte quelqu’un, on ne peut pas exiger de la personne insultée des excuses. En cette période tendue, il peut arriver que certains insultent le directeur général et c’est ce qu’il s’est malheureusement passé », fait valoir Serge Jop.
L’intersyndicale prévoit une nouvelle action jeudi 11 mai, également sur la place du Capitole.
Esteban Xivecas
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