Du vendredi 6 au dimanche 8 octobre, se tient le forum “Toulouse demain” sur la place du Capitole. Ce dernier invite à « imaginer collectivement la vie dans la métropole en 2050 » à travers des animations, expositions, ateliers et tables-rondes. Un événement auquel s’oppose un collectif d’associations locales qui l’accuse de n’être qu’ « un exercice de greenwashing sous couvert de concertation et de débats ».
Imaginer collectivement la vie dans la métropole en 2050. Voilà tout l’objectif du forum “Toulouse demain”, organisé par l’association éponyme. Ce dernier, qui va investir la place du Capitole du vendredi 6 au dimanche 8 octobre, n’est pas totalement inédit. Une première édition avait effectivement eu lieu en 2018, mais l’événement s’appelait alors “Toulouse 2030”. Ce nouveau forum, donc, va s’articuler autour de quatre thématiques : urbanité, écologie, lien social et attractivité. Il se veut « grand public, pédagogique et participatif pour permettre de reconstruire un dialogue entre tous ». « Les réponses et les solutions ne pourront être que collectives et partagées… Aussi nous avons voulu faire de “Toulouse demain” un temps de réflexion prospective et collective pour permettre à la métropole de répondre aux transitions et mutations profondes de notre époque », déclare Bruno Cavagné, président de l’association “Toulouse demain”.
Dans cet esprit participatif, une consultation citoyenne avait d’ailleurs été lancée en ligne du 25 avril au 6 juin pour « identifier les perceptions et projections des Toulousains ». Cette dernière avait été complétée par des micros-trottoirs et suivie d’ateliers. Autant de contributions qui ont ensuite servi à la construction de la programmation. Au programme, justement : animations, expositions, ateliers et tables-rondes. Lors de celles-ci, des architectes, constructeurs, énergéticiens, sociologues, universitaires et journalistes interviendront sur divers sujets, comme le rayonnement de la métropole, les nouveaux métiers de la construction ou sur la ville inclusive et solidaire. « Nous serons dans le concret pour répondre aux interrogations et préoccupations de chacun en présentant une diversité de réponses compréhensibles par tous avec la volonté d’être pédagogues », assure Jacques Rosen, chargé des contenus et des conférences de “Toulouse demain”.
Mais cet événement n’est pas du goût du collectif “Toulouse dès aujourd’hui”. Composé de plusieurs associations locales, notamment “Non au gratte-ciel de Toulouse“, le DAL 31 ou Handi Social, il se demande « pourquoi attendre ? ». « L’intention d’engager une démarche prospective pour penser la ville de demain et d’anticiper les évolutions à venir est louable. Elle est même nécessaire », souligne le collectif. Mais il estime « qu’il y a déjà tant à faire pour traiter le présent et l’urgence qu’on souhaiterait des forums mensuels “Toulouse dès aujourd’hui” débouchant sur des actions concrètes, plutôt qu’un grand événement “Toulouse demain” sans lendemain ». Les associations demandent ainsi à mettre « un terme aux grands projets inutiles et imposés », à « peindre les toits des bâtiments en blanc et à les isoler », à « végétaliser les cours d’école et des espaces bitumés » et à « refuser d’artificialiser les espaces naturels et agricoles ».
Outre le forum lui-même, “Toulouse dès aujourd’hui” pointe du doigt ses organisateurs. « Cette année, l’équipe de “Toulouse Demain” est hébergée dans les bureaux de Kaufman and Broad et présidée par un chef d’entreprise du BTP, qui n’est autre que l’ex-président de la Fédération nationale des travaux publics (FNTP) », relève le collectif. Bruno Cavagné a effectivement été le président de la FNTP de 2013 à 2023 et est à la tête du groupe Giesper, une entreprise spécialisée dans les métiers de la construction et de l’immobilier. Pour le collectif, « le maire de Toulouse a fait le choix d’offrir la place du Capitole et de sous-traiter l’avenir de notre ville aux professionnels du BTP ». « C’est pourtant la mission d’une agence financée par la collectivité, l’Agence d’urbanisme et d’aménagement Toulouse aire urbaine (AUAT) qui aurait été bien plus légitime pour animer un tel exercice », jugent les associations.
“Toulouse dès aujourd’hui” attire par ailleurs l’attention sur la consultation citoyenne organisée en amont de ce forum « qui se veut être une suite sophistiquée à l’événement “Toulouse 2030” ». Avec seulement 300 réponses au questionnaire en ligne obtenues en trois mois et des ateliers thématiques fin juin dont le public toulousain n’a pas été informé, on peine à croire que les organisateurs puissent se prévaloir de porter la vision des Toulousains », déclare le collectif avant de dénoncer « un exercice de greenwashing sous couvert de concertation et de débats, organisé à grand frais (presque 1 million d’euros) avec le soutien de la Mairie ».
« Les associations, collectifs et comités signataires veulent pouvoir soutenir une ville responsable et écologique qui ne pratique pas le greenwashing et refuse les projets inutiles et nuisibles. Les réflexions ont commencé et de nombreux débats ont déjà eu lieu, ils se poursuivront ! Mais pas sous la houlette du lobby du BTP et des promoteurs comme “Toulouse Demain”, qui est déjà très puissant et très influent auprès de certains élus et de certains médias », annonce “Toulouse dès aujourd’hui” qui est déterminé à ne pas lui laisser « le monopole de la parole ». Le collectif annonce ainsi qu’il sera présent « pacifiquement de diverses manières pendant ces trois jours » de forum.
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