La majorité à Toulouse a fait un point sur sa politique dans les quartiers populaires, l’opposant à celle que souhaite mener La France Insoumise.
C’est suffisamment rare pour être souligné. Aimer Toulouse, groupe de la majorité municipale de la Ville rose, rejoint des propositions de La France insoumise (LFI). Pas n’importe lesquelles, toutefois. Le parti de Jean-Luc Mélenchon avait édité plusieurs livrets thématiques détaillant son programme pour l’élection présidentielle de 2022. Et l’un d’eux portait sur la politique à mener dans les quartiers populaires. « Dedans, on trouve notamment certaines propositions comme celle d’engager la rénovation urbaine des quartiers et de sortir de la logique des grands ensembles et, pour les ensembles déjà existants, d’aménager des espaces publics de qualité, d’implanter des commerces et de connecter ces quartiers aux différents réseaux de transport. Nous sommes d’accord avec tout ça », indique Nicolas Misiak, président du groupe Aimer Toulouse et conseiller municipal. Et pour cause.
« C’est la politique que nous menons dans les quartiers populaires », souligne Nicolas Misiak. L’élu déplore donc que « lors de conseils municipaux, les élus LFI aient voté contre des propositions concernant les grands ensembles, notamment ». Gaëtan Cognard, conseiller municipal en charge de la politique de la ville et maire des quartiers Mirail-Université, Reynerie et Bellefontaine, dénonce ainsi « un double-langage ». « C’est électoraliste », affirme le président du groupe. Gaëtan Cognard pointe aussi du doigt « la vision misérabiliste que porte François Piquemal sur les habitants vivant dans ces quartiers ». Lui qui, pour rappel, s’est porté candidat à l’union de la gauche pour les élections municipales de 2026 à Toulouse. « Il y a un décalage complet entre le vécu des habitants des quartiers populaires toulousains et le discours des militants LFI. On le constate sur le terrain », assure le maire de quartier.
Il cite, tout d’abord, le sujet de la sécurité. « Les habitants en veulent plus. Ils veulent plus de policiers, plus d’actions concrètes envers la délinquance, contre le trafic de drogue qui pourrit les quartiers », indique Gaëtan Cognard avant d’ajouter : « Mais avec LFI et François Piquemal, c’est moins de policiers ». « De notre côté, nous avons renforcé très significativement les dispositifs de police municipale », rappelle Nicolas Misiak. Parmi eux : l’augmentation des effectifs et l’extension de la vidéoprotection. Le président du groupe majoritaire met par ailleurs en avant le sujet de la culture. « Nous mettons plus de deux millions d’euros de subventions par an pour les associations autour d’un contrat de ville 2024-2030 qui a été travaillé en commun avec 600 habitants », détaille l’élu qui précise : « On n’est pas loin de 50 euros par habitant des quartiers populaires qui sont engagés par la Ville de Toulouse ».
La majorité municipale cherche aussi « à renforcer les capacités » dans les quartiers en mettant notamment en valeur les entrepreneurs qui en sont issus avec “Nos quartiers ont du talent”. Sa volonté : « Qu’un habitant de la Reynerie soit aussi fier de son quartier qu’un habitant des Carmes ». Toujours dans cet objectif, Aimer Toulouse mise sur le renouvellement urbain. Le groupe veut ainsi « mettre fin à cette logique des grands ensembles » en réalisant des démolitions et des réhabilitations. Ce qui favorise, selon la majorité, « le brassage social ». « Quand les bailleurs sociaux démolissent des immeubles dans les quartiers populaires, ils ont l’obligation d’en reconstruire en dehors. C’est ce qui permet d’avoir un nombre de logements sociaux qui augmente depuis cinq ans en dehors des quartiers populaires et qui baisse dans ces derniers », révèle la majorité.
Avec les démolitions de ces grands ensembles, la majorité veut aussi donner la possibilité à ceux qui veulent partir des quartiers populaires de le faire. « Pas d’assignation à résidence pour ceux qui veulent avoir un logement social en dehors des quartiers populaires, comme à Saint-Cyprien ou Compans-Caffarelli », appuie Nicolas Misiak qui s’oppose à « la ghettoïsation de LFI ». Dans le même temps, Aimer Toulouse veut attirer de nouveaux habitants en donnant « envie de venir vivre dans ces quartiers ». Et ce, avec la création d’équipements publics, notamment la future Cité de la danse ou le stade Rigal, mais également en proposant des événements comme “Un été au bord du lac” à la Reynerie. Même si, la majorité ne se leurre pas, « ce n’est pas un habitant du quartier des Carmes qui, demain, va se dire : “Je vais habiter à Reynerie” ».
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