La Métropole veut installer une chaufferie biomasse près de l’avenue d’Atlanta à Toulouse pour alimenter la ZAC de Matabiau, notamment. Mais ni les habitants, ni les élus de l’opposition ne sont convaincus par ce projet. Toulouse Métropole a accepté deux amendements visant à le modifier.
Le projet peine encore à convaincre. Une chaufferie biomasse avec un réseau de chaleur et de froid doit s’installer aux abords de l’avenue d’Atlanta dans le Nord-Est de Toulouse pour alimenter en chauffage et en eau chaude la ZAC de Matabiau notamment. Sauf que les futurs riverains s’opposent à ce projet. Ils dénoncent surtout la méthode utilisée par la chaufferie qui reposerait sur la combustion du bois. Pour eux, « de toutes les solutions possibles, le choix de la combustion de biomasse est le pire ».
Justement Engie, choisie pour construire et exploiter le réseau, propose une autre solution. Pierre Trautmann, élu en charge du dossier, l’a présenté lors du conseil métropolitain de ce jeudi 16 février. « Engie pense abandonner la solution à la biomasse pour faire une solution de géothermie », indique-t-il. En clair, le sol serait foré à 1 600 mètres de profondeur pour aller chercher de l’eau à 55°C et remonter cette chaleur. « Ainsi, 75% de l’énergie proviendrait de la géothermie, 18% de la biomasse et 6% du gaz », détaille Pierre Trautmann.
Si l’opposition se félicite de ce changement, elle ne masque pas son étonnement. « M. Trautmann avait pourtant dit que la géothermie n’était pas une solution possible », souligne Antoine Maurice, membre du groupe d’opposition Métropole, Écologiste, Solidaire et Citoyenne (MESC). Pierre Trautmann lui répond : « Je n’ai jamais dit que la géothermie n’était pas possible. J’ai dit que ce n’était pas garanti ». En effet, cette solution reste une hypothèse tant que les forages de tests n’auront pas été réalisés.
« Si nous ne trouvons pas de la géothermie, ce sera uniquement de la biomasse », annonce l’élu. Une déclaration qui a fait tiquer Pierre Lacaze, membre du groupe d’opposition Toulouse métropole solidaire de la gauche démocrate et républicaine. « Nous avons l’impression que vous nous faites de toute façon voter une chaufferie biomasse car la solution de la géothermie sera abandonnée au final », estime-t-il. L’élu chargé du dossier se veut rassurant : « Dans la zone de Toulouse, nous avons de la géothermie », informe Pierre Trautmann qui cite l’exemple de Blagnac.
L’élu a également voulu rassurer sur la question de la pollution générée par la chaufferie. « L’oxyde d’azote supplémentaire lié à la chaufferie augmenterait le taux d’oxyde d’azote de 2,8%. Ce qui ne représente même pas 3% de pollution supplémentaire. Et en plus, c’est limité à un périmètre très réduit », révèle Pierre Trautmann. Maxime Le Texier, du groupe d’opposition Alternative pour une métropole citoyenne (AMC), ne se montre pas aussi optimiste.
« Les PM2.5, particules ultrafines les plus nocives, sont passées sous silence. Il n’est question que des PM10. Sauf que vous n’êtes pas sans savoir que les recommandations de l’OMS ont été relevées et que le droit français devra être revu. Vous ne l’anticipez pas et vous vous réfugiez derrière les normes actuelles », lance-t-il. Pierre Trautmann réplique : « Les particules ultrafines sont traitées comme les autres. Une partie est arrêtée par le dispositif de dépollution ».
Les arguments de Pierre Trautmann n’ont pas convaincu Maxime Le Texier. « Vous allez placer une installation industrielle qui va bénéficier à un quartier très aisé dans un quartier qui va n’en retirer aucun avantage et ne bénéficie d’aucune contrepartie. Ce sera du chauffage à des tarifs avantageux et stables pour les riches et les bureaux du centre-ville et des particules fines pour les quartiers excentrés. Voilà votre politique sociale », blâme l’élu d’opposition.
Pierre Trautmann tient à souligner : « Vous dites que cela ne profite pas au quartier dans lequel va se trouver la chaufferie. Sauf que nous n’avons pas fait ce projet uniquement pour la ZAC de Matabiau et les bâtiments neufs. Ils ne représentent que 30% de l’énergie fournie. Les 70% restants sont fournis aux bâtiments existants. La ZAC Matabiau est donc minoritaire », précise l’élu métropolitain chargé du dossier.
Les élus d’opposition ont par ailleurs dénoncé un manque de concertation. Face à cela, mais également à « l’opacité » et aux « incertitudes » autour du projet, ils ont déposé plusieurs amendements. « Je demande la création d’un comité de suivi et d’un fonds de compensation pour les quartiers Est et Nord toulousain qui subiront les nuisances, mais aussi l’amélioration des conditions contractuelles d’adaptation climatique concernant le filtrage des particules fines et les sources d’approvisionnement bois », détaille Maxime Le Texier.
De son côté, Antoine Maurice a proposé cinq amendements pour que le projet soit « pleinement démocratique et écologique », notamment sur la nature et la qualité des combustibles, sur le taux d’humidité du bois, sur l’approvisionnement en bois et sur les plaquettes forestières pour « qu’elles soient issues de forêts en gestion durable à 100% », souhaite le membre de MESC. Il ajoute : « Il faut veiller à exiger des conditions d’approvisionnement en bois d’exploitation forestière issue de culture continue ».
Pierre Trautmann n’est pas contre certains de ces amendements. « Nous sommes totalement favorables à la création d’un comité de suivi. Cela permet d’expliquer et de faire baisser les tensions. Mais je propose de ne pas accepter les délibérations sur les contrats car je n’ai pas l’accord du délégataire. Je m’engage toutefois à discuter avec lui ultérieurement », annonce-t-il.
Deux amendements ont donc été acceptés par les élus, dont celui sur la création d’un comité de suivi. La délibération amendée a ensuite été votée. Le groupe Alternative métropole citoyenne et les élus communistes se sont abstenus. Tous les autres groupes ont voté pour. Le conseil métropolitain a ainsi adopté la délibération approuvant le choix du délégataire et le contrat de délégation de service public pour le projet de chaufferie biomasse du Grand Matabiau.
Commentaires
Guillabert le 23/02/2025 à 20:07
Il ne reste plus qu'à déménager pour ne pas mourir d'un cancer dû aux rejets des 2 centrales biomasse du secteur 4.2 Roseraie
BELMAS Armand le 23/02/2025 à 16:56
Alors là chapeau le maire.
Pourquoi implanter un centre biomasse (polluant) sur le bd Atlanta (en pleine ville) et qui ne concerne pas les résidents en périphérie et aux bénéfices des beaux quartiers. Le quartier de la gare va ériger une tour, donc de gros travaux. Pourquoi ne pas le faire à cet endroit ou pourquoi le Maire ne le fait pas devant chez lui ?
Est ce que les résidents de l'avenue d'Atlanta valent moins que ceux de Matabiau ?
HONTEUX !!!!