Les quatre syndicats représentatifs du réseau de transport en commun de Toulouse Tisséo s’opposent à la proposition de la direction de revenir sur un accord salarial. En effet, les modalités d’application de l’indexation des salaires sur l’inflation signée en début d’année seraient remises en cause.
« Un coup de bluff ». Voici comment la proposition de la direction de Tisséo est perçue par le secrétaire général de la Fédération nationale des conducteurs routiers (FNCR) Franck Delpérier. Le mardi 15 novembre dernier, la direction du réseau de transport en commun de Toulouse a en effet souhaité rencontrer les représentants des quatre syndicats de Tisséo, à savoir la CGT, la CFDT, Sud Solidaires et la FNCR, « pour éventuellement discuter des modalités d’application d’un accord », signé à la fin du mois de mars dernier à Toulouse dans le cadre des Négociations annuelles obligatoires (NAO). Celui-ci comprend la mise en place d’une “clause de sauvegarde”, qui permet chaque année de recalculer les salaires en fonction de l’augmentation de l’inflation. Si l’inflation est, par exemple, fixée à 4% au mois de décembre d’une année, les salaires des employés augmenteront de 4% dès le 1er janvier de l’année suivante.
Sauf que face à la hausse exceptionnelle de l’inflation, estimée à plus de 6% au mois d’octobre 2022 par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), la direction de Tisséo se retrouve en difficulté pour honorer cette “clause de sauvegarde”. « Lors de la signature de l’accord au mois de mars dernier, nous avons déjà bénéficié d’une revalorisation salariale de 1% et d’une prime de 175 euros de la part de la direction. Ceci signifie que, si l’inflation reste à 6%, nous devons bénéficier d’une revalorisation salariale de 5% en janvier, dans le cadre de la clause de sauvegarde », explique le secrétaire général de la FNCR Franck Delpérier.
Or, lors de la réunion qui s’est déroulée ce mardi 15 novembre, « le directeur général de Tisséo nous a assuré qu’il ne pourrait pas payer la clause de sauvegarde », assure le syndicaliste. En contrepartie, « la direction a proposé aux syndicats de compléter la première prime (175 euros) et la première augmentation de salaire (de 1%) du mois de mars par une prime de 500 euros et une revalorisation salariale supplémentaire de 2%, dès le mois de janvier », indique-t-on du côté de Tisséo.
Mais la proposition de la direction de Tisséo ne passe pas pour les syndicats. « La clause de sauvegarde est un accord qui a été signé. Tisséo est juridiquement obligé de l’honorer », insiste Franck Delpérier. Selon lui, malgré la hausse conséquente du prix de l’énergie (qui aurait fait augmenter la facture de 13 à 33 millions d’euros pour le réseau de transport en commun), Tisséo est « loin d’être en péril », étant une entreprise du service public, financée par les collectivités territoriales. « La direction cherche simplement à faire des économies car ils se sont engagés dans des dépenses considérables avec la troisième ligne de métro et le Téléo. Mais ce n’est pas à nous, salariés, de financer la construction de ces infrastructures », s’agace le représentant de la FNCR. Il en est de même pour Stéphane Chapuis, secrétaire général de la CGT à Tisséo. « Il est hors de question que les salariés paient pour les projets de la collectivité. Si la direction veut se comporter comme un “bon père de famille”, elle repousse ses projets à plus tard s’il n’a pas l’argent, point. Tisséo avance l’argument suivant : “On ne pouvait pas imaginer que l’inflation exploserait autant en fin d’année”. Sauf que c’est faux. Au mois de mars, nous savions déjà ce qui allait se passer », s’indigne-t-il.
Aucune nouvelle négociation n’est, pour l’heure, programmée. « Je pense que la direction a simplement essayé de nous faire un coup de bluff, afin de voir si nous allions accepter la prime au lieu d’une réelle revalorisation salariale, mais ce n’est pas le cas », termine Franck Delpérier, en assurant que la position des syndicats ne changera pas.
Commentaires