Pour lutter contre les déserts médicaux, la majorité municipale à Toulouse vise l’ouverture d’une maison de santé dans chaque quartier d’ici 2026. Un vœu proposé en conseil municipal ce vendredi 29 septembre que les élus ont adopté à l’unanimité.
Près de 7 millions de personnes en France vivent dans un désert médical. Et contrairement aux idées reçues, cela ne concerne pas uniquement les zones rurales. Les grandes villes ne sont, en effet, pas épargnées par le phénomène. Ainsi, plus d’un Toulousain sur deux vit dans un désert médical. « Actuellement à Toulouse, on compte 450 médecins généralistes pour plus de 500 000 habitants, alors qu’il faudrait en compter au moins 100 de plus pour assurer une meilleure prise en charge des patients », précise la Mairie. Et les médecins généralistes ne sont pas les seuls à manquer à l’appel.
Patricia Bez, l’adjointe au maire de Toulouse en charge de la santé, note ainsi « qu’il est de plus en plus difficile d’avoir des rendez-vous non seulement avec des médecins généralistes, mais aussi avec des spécialistes ». C’est face à ce constat que le groupe de la majorité, Aimer Toulouse, a déposé un vœu en faveur de la lutte contre les déserts médicaux urbains lors du conseil municipal de ce vendredi 29 septembre. Et pour endiguer le phénomène, il a pour ambition d’ouvrir une Maison de santé pluridisciplinaire (MSP) dans chaque quartier de Toulouse d’ici 2026. Pour le moment, quinze sont opérationnelles.
Un vœu que salue Maxime Le Texier, membre du groupe d’opposition Alternative municipaliste citoyenne (AMC). « Il va dans le bon sens », estime l’élu qui a toutefois émis quelques réserves vis-à-vis de ce vœu. « Il nous semble par contre que l’angle unique choisi sur les MSP par ce texte rate sa cible. En effet dans plusieurs quartiers, une Maison de santé pluridisciplinaire, comme beaucoup le savent, accueille des médecins libéraux. Aussi, la qualité de service, les horaires et les permanences, dépendent du bon vouloir des médecins qui y officient, et notre collectivité n’a que peu de leviers sur ces éléments », note-t-il.
Maxime Le Texier ajoute : « Le travail collaboratif fait avec l’Agence régionale de santé (ARS) et le Conseil de l’ordre en bonne intelligence aura permis d’éviter dans la majorité des cas des installations abusives, et encore ». L’élu relève effectivement « quelques rares cas d’installation qui questionnent comme la chirurgie esthétique à Borderouge ». En ce qui concerne les horaires, Patricia Bez lui précise : « Dans une Maison de santé pluridisciplinaire, l’amplitude horaire est due. Elle est de 9h-20h avec ouverture le samedi matin et quelque soit le nombre de professionnels de santé. C’est une obligation ».
Au lieu de maisons de santé pluridisciplinaires, l’élu aurait, lui, préféré des “Cases de santé”, comme cela a été mis en place dans la commune d’Echirolles, près de Grenoble. « Ce sont des centres de santé, mais pas ceux portés par des groupes privés, où le service est encore moindre, mais par des structures publiques ou mutualistes. C’est un concept qui permet d’associer à la fois une approche sociale et une approche médicale dans les mêmes lieux. Je pense qu’il serait intéressant de se pencher sur ce type d’approche », recommande-t-il. Une recommandation à laquelle l’adjointe en charge de la santé n’a pas répondu.
En plus de la création de maisons de santé, la majorité a décidé, par ce vœu, de solliciter le gouvernement. « La Mairie de Toulouse ne peut, à elle seule, pallier le manque de médecins sur son territoire et lutter contre les déserts médicaux urbains », souligne-t-elle. Ainsi, le conseil municipal « demande au gouvernement de porter une attention particulière aux zones les plus touchées par la diminution de médecins généralistes, quelle que soit la nature des territoires concernés, en les faisant bénéficier en priorité de mesures de soutien », de « créer une zone urbaine de revitalisation (ZUR) en matière de santé, à l’instar des zones rurales de revitalisation (ZRR) » et de « renforcer les prérogatives des conseils métropolitains ou territoriaux de santé ».
Il souhaite également que le gouvernement reconnaisse « aux territoires urbains une autonomie d’action en matière de promotion de la santé et de prévention sur notre territoire ». « C’est une idée intéressante », relève Maxime Le Texier qui indique toutefois qu’il « serait déjà possible de pousser auprès de l’ARS de nombreuses actions ». Il cite notamment l’aide pour le logement des étudiants en médecine, la communication sur les bourses en médecine ou l’ aide à l’emploi du conjoint ou de la conjointe d’un médecin prévoyant de s’installer sur la commune. « Nous pouvons faire plus », appuie l’élu qui, comme les autres membres de l’opposition a voté pour ce vœu qui a été adopté à l’unanimité.
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