Pour les élus du groupe d’opposition Métropole écologiste, solidaire et citoyenne (MESC), la majorité métropolitaine à Toulouse manque d’ambition en ce qui concerne le tri des biodéchets. Ils souhaiteraient que davantage de moyens soient déployés.
Depuis ce lundi 1er janvier 2024, et conformément au droit européen et à la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire votée en 2020, tous les particuliers et professionnels doivent trier leurs déchets alimentaires. Épluchures, restes de repas ou encore coquilles d’œufs n’ont donc plus leur place dans la poubelle des ordures ménagères. Si chaque foyer a dû mettre en place une solution de tri à la source, les collectivités territoriales se doivent également de déployer des moyens de tri pour les déchets biodégradables. La Métropole de Toulouse proposait ainsi à ses habitants des composteurs individuels jusqu’à présent payants.
Il fallait en effet débourser 15 euros pour un modèle de 300 litres ou 400 litres et 25 euros pour un grand modèle de 600 litres. Mais les élus, lors du conseil métropolitain de ce jeudi 8 février, doivent voter une délibération portant sur la mise en place de la gratuité de ces composteurs individuels. Les habitants n’auront donc plus à débourser un centime pour en obtenir un. Si les élus du groupe d’opposition Métropole écologiste, solidaire et citoyenne (MESC) voteront pour cette délibération, ils dénoncent « la politique “déchet” de la Métropole, mise en place depuis plusieurs années, qui n’est pas assez ambitieuse ».
« Et surtout, la collectivité n’est pas conforme à la loi. Depuis le 1er janvier, la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire impose la mise en place d’un tri à la source pour les biodéchets. Mais faute d’anticipation, notre Métropole n’offre aucune solution aux habitants. Un certain nombre de collectivités ont pourtant pris le problème à bras le corps et font des efforts », souligne Hélène Cabanes, conseillère métropolitaine membre de MESC. Elle cite notamment le Grand Lyon qui « compte plus de 1 300 bornes à compost touchant 600 000 habitants. Alors qu’à Toulouse, seulement 48 000 foyers pratiquaient le compostage en 2022 », indique Hélène Cabanes.
D’après les chiffres de Toulouse Métropole, 392 sites de compostage partagé en pied d’immeuble avaient été déployés à fin 2022 et 25 sont actuellement à disposition dans l’espace public. La collectivité souhaite atteindre respectivement les 750 solutions de tri en habitat collectif et 50 dans les lieux publics en 2027. En plus de ces sites de compostage, elle va installer progressivement des bornes de collecte des déchets alimentaires dans la rue à partir de 2025 pour les ceux qui ne peuvent pas composter chez eux. « Nous sommes très en retard et c’est assez dommageable », déplore l’élue qui estime que les habitants de la métropole, eux, « ont envie de faire ce tri à la source des biodéchets ».
Hélène Cabanes pointe par ailleurs du doigt le manque d’accompagnement de la Métropole de Toulouse. « Dans le Grand Lyon, du porte-à-porte a été mis en place. Des personnes sont ainsi allées expliquer aux habitants comment se passe le tri des biodéchets, le fonctionnement des composts et leur donner des bacs à tri. À Toulouse, nous manquons terriblement de moyens, d’accompagnement et de sensibilisation. Il faut aller auprès des gens », insiste la membre du groupe MESC qui tient à rappeler « que les biodéchets représentent aujourd’hui à peu près 25% du contenu des poubelles ».
« C’est dommage de ne pas pouvoir collecter ces résidus alimentaires qui peuvent revenir au sol et n’ont pas être mis en poubelle pour ensuite être incinérés. Aller brûler ce type de déchets est très coûteux environnementalement et énergétiquement parlant », relève Hélène Cabanes. En effet, l’incinération des biodéchets produit des émissions de gaz à effet de serre et notamment du CO₂. Leur mise en décharge est encore pire puisque le tassement conduit à leur fermentation dans un milieu dépourvu d’oxygène, ce qui crée des conditions favorables à l’émission de méthane dans l’atmosphère.
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