Deux enclaves bigourdanes, situées au cœur des Pyrénées-Atlantiques, appartiennent pourtant aux Hautes-Pyrénées. Elles regroupent cinq communes complètement isolées de leur département de rattachement. Cet héritage historique remonte au Moyen Âge, et ces habitants ne comptent pas s’en défaire.
Des Bigourdans dans les Pyrénées-Atlantiques ? Ou des Béarnais dans les Hautes-Pyrénées ? Certains découpages géographiques des départements peuvent induire en erreur. En effet, il existe entre Pau et Tarbes, des territoires aux statuts particuliers. Les communes de Villenave-près-Béarn, Escaunets, Séron, Gardères ou encore Luquet, se trouvent géographiquement parlant dans les Pyrénées-Atlantiques, mais sont administrés par les Hautes-Pyrénées. On les appelle les “enclaves bigourdanes” : des communes isolées de leur département de référence.
Ces enclaves trouvent leur origine en 1085, lorsque Talèze, vicomtesse de Montaner et vassale du comte de Bigorre, apporte son territoire en dot à Gaston IV de Béarn. Si une grande partie des terres rejoint ainsi le Béarn, cinq villages – aujourd’hui les communes de Villenave-près-Béarn, Escaunets, Séron, Gardères et Luquet – échappent à cette fusion, conservant leur rattachement à la Bigorre. Une volonté du Comte de Bigorre qui n’a pas souhaité inclure ces territoires dans la dot, gardant ainsi des postes avancés en cas d’attaque du Béarn, et pour garder éventuellement des ressources minières, et des terres agricoles.
Cette situation atypique perdure à travers les siècles, malgré plusieurs tentatives d’annexion par le Béarn et, plus tard, par les Pyrénées-Atlantiques. À la Révolution française, la création des départements officialise ces enclaves rattachées aux Hautes-Pyrénées.
Aujourd’hui, malgré leur isolement, ces communes fonctionnent pleinement sous l’administration des Hautes-Pyrénées. Elles sont même intégrées aux intercommunalités bigourdanes, celles de la Communauté d’Agglomération Tarbes-Lourdes-Pyrénées et de la Communauté de Communes Adour Madiran. Cependant, sur des dossiers complexes comme la gestion de l’eau, ces villages disposent d’une administration qui leur est propre, ” le Syndicat des enclaves”. De même, le réseau routier qui passe par ces enclaves relève d’une gestion hautes-pyrénéennes, tout comme la Départementale D47, qui relie les deux territoires (même si elle se trouve physiquement sur le territoire des Pyrénées-Atlantiques).
Du côté de l’organisation scolaire du second degré, les collégiens et les lycéens sont répartis dans des établissements scolaires des Hautes-Pyrénées, leur département de tutelle. Selon le Conseil départemental : « Les communes de Luquet et Gardères sont rattachées au collège Paul Eluard de Tarbes, tandis que Séron et Escaunets dépendent du collège Pierre Mendès France de Vic-en-Bigorre. Villenave-près-Béarn, elle, a une double sectorisation, permettant aux élèves de choisir entre le collège de Vic-en-Bigorre et celui de Lembeye dans les Pyrénées-Atlantiques. » Un choix possible par la proximité géographique de Villenave-près-Béarn, qui se trouve à équidistance de Vic-en-Bigorre et Lembeye.
Malgré ces quelques ajustements, les habitants arborent une forte identité bigourdane. « Aucune de ces communes n’affiche de volonté de rejoindre les Pyrénées-Atlantiques. Les habitants sont au contraire plutôt fiers d’être bigourdans », conclut le Conseil départemental.
Commentaires