A Montpellier, les bidonvilles du Mas Rouge et du Zénith ont été évacués sur décision du préfet, suite au constat de risques sanitaires et sécuritaires. Le collectif Alerte Occitanie juge cette décision « incompréhensible » et « catastrophique », alors qu’un travail est opéré depuis 2015 avec la municipalité en faveur de la résorption de ces campements.
« Ces hommes, ces femmes et ces enfants n’ont eu que quelques heures pour rassembler leurs affaires », explique le collectif Alerte Occitanie. Mardi 31 août, le bidonville du Mas Rouge à Montpellier a été évacué sur décision du préfet de l’Hérault. Ce mercredi 8 septembre, une nouvelle expulsion a eu lieu sur le campement situé à proximité du Zénith. Au total, 250 personnes, dont près d’une centaine de mineurs ont été délogés.
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Selon la préfecture, « outre l’illégalité de cette occupation, les lieux présentaient des risques importants pour leurs occupants », notamment sécuritaires, en référence aux incendies qui se sont déclarés le mois dernier à proximité des campements, menaçant l’ensemble des habitations familiales.
Présence de rats, immondices, absence d’accès à l’eau… « Les conditions sanitaires précaires de ces campements imposaient une intervention et une mise à l’abri », poursuit Hugues Moutouh, préfet de l’Hérault. Selon lui, tous les occupants du campement du Mas Rouge se sont vu proposer un entretien de santé, une évaluation de leur situation administrative et un hébergement.
« C’est d’une très grande hypocrisie », réfute Damien Nantes, coordinateur régional de Médecins du monde, avant d’évoquer le problème du faible nombre d’hébergements d’urgence à Montpellier. « Suite à l’évacuation du Mas Rouge, la moitié des ménages ont été mis à l’abri dans des chambres d’hôtels précaires pour une durée indéterminée. Les autres personnes sont, soit chez des proches, soit en train de constituer un nouveau bidonville », poursuit Catherine Vassaux, directrice de l’Association recherche éducation action (AREA).
À son arrivée, en juillet dernier, le nouveau préfet avait annoncé la couleur : « Un préfet doit savoir jouer un rôle de bulldozer pour imprimer sa marque.[…] Il faut savoir se faire respecter ».
« Le préfet est arrivé il n’y a qu’un mois et demi, et décide inexplicablement de mettre au feu tout le travail accompli », déplore Damien Nantes. Depuis 2015, l’État et la municipalité s’étaient engagés, avec les associations, dans une démarche d’accompagnement à l’insertion. L’objectif étant de résorber les bidonvilles et éviter les expulsions « dont le seul résultat est de déplacer les personnes et d’aggraver les situations », soutient Alerte Occitanie.
Selon le collectif, ce travail commençait à porter ses fruits, puisque aujourd’hui, au moins un adulte disposerait d’un emploi dans 70 % des ménages de ces campements. Des demandes de logement sont également en cours et les enfants étaient scolarisés dans des écoles environnantes. « Lorsque les habitants du bidonville du Mas Rouge ont été expulsés, les enfants étaient à deux jours de la rentrée scolaire », explique Catherine Vassaux. « En termes de protection infantile, c’est une catastrophe », termine Sylvie Chamvoux, directrice régionale de la Fondation Abbé Pierre.
« Cette décision est dramatique et incompréhensible », déplore le collectif, qui constate un non-sens entre les politiques menées par la Ville et les décisions du préfet de l’Hérault. « Comment est-ce possible, qu’après toutes ces années de travail, alors même que toutes les planètes commençaient à s’aligner, une personne arrive et détruise tout ? », questionne Catherine Vassaux.
De son côté, la municipalité indique ne pas avoir formulé de demande d’expulsion des bidonvilles « et demeure extérieure à ces opérations initiées par la préfecture », indique-t-elle. La Ville se dit prête à poursuivre le travail avec les associations, afin de favoriser l’insertion des populations. Une mission qui paraît désormais « difficile » pour le collectif Alerte Occitanie si les évacuations de bidonvilles venaient à se poursuivre dans la Métropole.
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