Après la diffusion d’une enquête réalisée par France 3 Occitanie, la direction du CHU de Montpellier répond. En effet, le reportage de nos confrères met en lumière des accusations graves de la part de certains médecins de l’hôpital.
Le 20 février dernier, nos confrères de France 3 Occitanie ont diffusé une enquête mettant en lumière les accusations de plusieurs médecins du CHU de Montpellier. Deux d’entre eux, le Professeur Mustapha Sebbane, ancien chef de service aux urgences et le Professeur Philippe Guilpain, ancien chef de service en médecine interne, dénoncent « une politique managériale autoritaire » et des conditions de travail qui, selon eux, nuisent à la qualité des soins. Face à ces accusations, la direction de l’hôpital n’a pas tardé à réagir.
Dans le reportage diffusé par France 3 Occitanie, le professeur Mustapha Sebbane s’est alors confié à nos confrères : « C’est un harcèlement systémique et institutionnalisé ». Pour lui et son collègue, ces pratiques sont responsables d’une « mise en danger des patients » et d’un « risque létal ». Ils évoquent notamment l’exemple des urgences, où les temps d’attente peuvent atteindre jusqu’à sept heures, et une saturation extrême des lits, contribuant à une gestion « hors de contrôle ».
Les deux médecins soulignent également l’impact de cette gestion sur les conditions de travail des praticiens. « Dès qu’on émet la moindre réserve parce qu’on veut faire respecter des valeurs d’excellence, on commence à déplaire », explique Philippe Guilpain avant de poursuivre : « Par rapport à des décisions administratives, où est le contrepoint médical ? Si des médecins considèrent que l’orientation médicale de l’institution hospitalière n’est pas la bonne, quel est leur droit à contester les orientations du CHU. Dans le texte de la nouvelle gouvernance, effectivement, c’est écrit noir sur blanc qu’il faut, en quelque sorte, obéir. Donc où est l’indépendance du médecin ? Moi je ne l’ai toujours pas trouvé là-dedans. »
En réponse, la direction du CHU de Montpellier a rapidement publié un communiqué, dénonçant ce qu’elle considère comme une « campagne médiatique ». Selon l’hôpital, les difficultés rencontrées par les professeurs Mustapha Sebbane et Philippe Guilpain relèvent avant tout de « conflits entre médecins, au sein de leurs services respectifs, qu’ils dirigeaient à l’époque suivant un management qualifié d’inadapté », plutôt que d’un management toxique de l’institution. La direction affirme avoir mis en place plusieurs médiations et mesures de soutien, dont une médiation régionale indépendante, afin de résoudre ces tensions.
La direction insiste également sur le fait que la gestion des urgences, des services de médecine interne et autres services surchargés fait face à une situation complexe, mais que des mesures concrètes ont été prises pour améliorer la prise en charge des patients. L’hôpital précise : « Les urgences sont effectivement confrontées à une pression importante, mais des solutions sont en cours. Le CHU a investi dans l’extension de certaines unités et mis en œuvre un programme de réorganisation des flux de patients. »
En ce qui concerne la question du harcèlement, la direction réfute formellement ces attaques. « Les accusations de harcèlement moral sont totalement infondées. Le CHU met un point d’honneur à garantir un environnement de travail respectueux et sécurisé pour ses équipes », indique l’hôpital. La direction insiste également sur le fait qu’aucune plainte formelle de harcèlement n’a été déposée par les deux médecins avant la médiatisation de l’affaire. Tandis que le professeur Philippe Guilpain a annoncé qu’il venait de porter plainte contre X pour harcèlement moral.
Par ailleurs, « le CHU a mis en place des actions de médiation, y compris une médiation régionale indépendante, pour résoudre les conflits. Ces démarches ont été soutenues par plusieurs collègues des deux médecins concernés », poursuit l’hôpital. Il termine enfin en précisant qu’il n’a pas eu connaissance de comportements de management « toxiques » et que des dispositifs ont été déployés pour améliorer les conditions de travail, malgré l’extrême difficulté liée à la surcharge des services.
Commentaires