Frédéric Dijol a créé l’association Éol’lien, en ayant pour but de livrer des produits 100% locaux à l’aide d’un voilier dans la baie entre Perpignan et Montpellier. Son objectif principal est d’améliorer son empreinte environnementale.
Des produits locaux livrés par un voilier ? C’est le concept proposé par Frédéric Dijol. Originaire de l’Hérault, il porte le projet baptisé “Éol’Lien”, qui vise à assurer le transport de produits 100% locaux entre Perpignan et Montpellier en utilisant un voilier. Cette initiative a été élaborée au cours des cinq dernières années, avec l’aide de ses quatre collaborateurs, et prend forme progressivement.
Diplômé de l’école des Mines d’Alès, Frédéric Dijol a travaillé en tant que maître d’ouvrage dans le bâtiment. Il empruntait tous les jours l’autoroute A9 entre Perpignan et Montpellier. En parallèle, l’Héraultais a commencé à se passionner pour la voile. Il raconte : « Un jour, j’ai remarqué que l’A9 était toujours encombrée de camions. La quantité de marchandises circulant le long de la côte méditerranéenne est impressionnante. » Fort de ses constatations, l’homme a décidé de se pencher sur la question : « J’ai entrepris des recherches et j’ai découvert plusieurs rapports indiquant que le secteur des transports était la première source de pollution. » En effet, selon les données du Haut Conseil pour le climat, les transports représentaient 32% des émissions de gaz à effet de serre en France en 2022, les poids lourds représentant la deuxième source de cette pollution.
Frédéric Dijol souligne un autre problème : « Ces camions, pour la plupart, sont en transit sur l’A9. Ainsi, ils livrent des produits de l’Italie vers l’Espagne, et inversement. Des produits qui ne sont pas issus de notre région, et qui ne sont pas destinés à y être consommés. » C’est sur ces constats que le marin a conçu les grandes lignes du projet Éol’Lien : « En sachant que la voile est une technologie disponible et que la traversée du Golfe du Lion est plus directe par la mer. »
Frédéric Dijol a alors sollicité l’école des Mines d’Alès pour élaborer au mieux son projet. « Au départ, j’envisageais de transporter des bières et des spiritueux, des produits intéressants sur le plan marketing. J’avais en tête l’image du pirate tenant une bouteille de rhum », raconte le marin. Cependant, l’idée a finalement été abandonnée par manque de pertinence. Le navigateur soulève également un autre point : « Le transport de marchandises n’est rentable que si les cales sont pleines. » Son premier défi est alors de naviguer le moins possible à vide. Il convenait donc de trouver une stratégie lui permettant de remplir ses cales à l’endroit même où il venait de les vider.
Ainsi, son objectif est de « naviguer peu pour échanger beaucoup dans un projet de proximité. » Par conséquent, le fondateur d’Éol’lien s’est orienté vers des produits en circuit court, tels que le riz de Camargue, le sel de Gruissan, des vins de Banyuls, d’Aigues-Mortes, de la farine bio… Il les achète ainsi en gros, directement chez les producteurs de la région et les revend au détail à sa clientèle composée de restaurateurs et de particuliers. Pour rentabiliser ses déplacements et réduire ses émissions de CO2, son équipe doit remplir autant que possible le bateau lors de ses voyages. Ainsi, Frédéric Dijol navigue une semaine sur deux, la seconde étant dédiée à la distribution de sa cargaison. Le fonctionnement de l’association ressemble à celui d’une AMAP, où les clients précommandent en ligne et viennent ensuite récupérer les produits au port.
Depuis janvier 2023, Éol’lien opère donc avec un voilier dans la région, entre Perpignan et Montpellier. Avec son embarcation, Frédéric Dijol peut transporter jusqu’à deux tonnes de marchandises par convoi. Selon le navigateur, son projet permettrait d’économiser jusqu’à six tonnes de CO2 en Occitanie par an. Et il ne compte pas s’arrêter là. « Nous sommes en train de nous construire », explique le marin. Ainsi, l’homme a plusieurs projets en tête. Il souhaite notamment établir des liaisons commerciales avec des îles telles que les Baléares ou la Corse. Il envisage de répéter cette expérience plusieurs fois par an afin de récupérer de nombreux produits introuvables en Occitanie, notamment des oranges.
Et pour assurer les deux liaisons simultanément, Frédéric Dijol prévoit d’acquérir un deuxième bateau plus grand. « Éol’lien devrait atteindre 100% de sa capacité en 2024 », précise le navigateur. En attendant, l’équipe prépare son voyage vers la Corse. Elle se rendra à Calvi pour la première édition du festival Green Orizonte, prévu du 20 au 22 octobre prochain.
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