La promenade du Peyrou à Montpellier n’a pas toujours été un lieu propice à la détente. Le Journal Toulousain revient sur son passé pour le moins macabre.
Vous avez pour habitude de flâner sur la promenade du Peyrou ? Ou plutôt au Peyrou, comme l’appellent les vrais Montpelliérains. Une habitude que vous n’auriez certainement pas eue il y a quelques siècles de cela, à moins d’être amateur de macabre. En effet, il paraîtt que cette grande esplanade arborée, où l’on peut contempler à la fois les Cévennes et les Pyrénées, n’a pas toujours été un lieu propice à la promenade. Loin de là. On dit que la promenade du Peyrou à Montpellier aurait été un lieu d’exécution. Et qu’à l’endroit où se trouve actuellement la statue équestre dédiée à la gloire de Louis XIV se dressait… une guillotine. Ni plus ni moins. Nombreux sont ceux, en ce vendredi après-midi ensoleillé au Peyrou, à ne pas en croire un traître mot.
« C’est une blague, non ? », se méfie Sophie lorsqu’on lui indique que des gens auraient été guillotinés à quelques mètres de là où elle se trouve, tranquillement assise à lire son livre. Plus loin, André a aussi du mal à croire ce qu’on lui raconte. « Une guillotine ? Et pourquoi pas une chaise électrique ! », s’exclame le retraité. S’il se montre sceptique dans un premier temps, Julien fait ensuite preuve d’une grande curiosité. « Pourquoi cette guillotine a été installée au Peyrou et pas ailleurs ? Elle était présente à quelle époque ? Combien de personnes ont été guillotinées ? Quels étaient leurs crimes ? », nous demande-t-il. Pour répondre à ses nombreuses questions, le Journal Toulousain a remonté le temps grâce aux archives.
Tout d’abord, il faut savoir que l’histoire du Peyrou remonte à 1685. Cette année-là, il est décidé la mise en place d’une statue équestre à la gloire de Louis XIV. Une promenade au point culminant de Montpellier est alors érigée pour l’y installer. Mais c’est seulement bien des années plus tard que cette statue est inaugurée, précisément en 1718. Plusieurs contretemps ont ralenti son installation. Le monument tombe notamment à l’eau à son arrivée par voie maritime à Bordeaux. Et les péripéties sont loin d’être terminées pour la statue dédiée au roi. La Révolution va effectivement avoir raison d’elle. Le monument, fait de bronze, est détruit en 1792 et ses morceaux sont envoyés à Lyon pour être transformés en canon. C’est là que la guillotine entre en scène.
En effet, la machine créée par le docteur Guillotin prend la place du monument à la gloire de Louis XIV, comme en atteste un document de l’académie des sciences et lettres de Montpellier sur les statues royales. « Peu après, la guillotine est dressée au Peyrou », peut-on lire. Et celle-ci va faire de nombreuses victimes. « Une vingtaine », selon le document de l’académie. Vingt-trois précisément, dont dix ecclésiastiques réfractaires, neuf royalistes, deux émigrés, une femme ayant caché des royalistes et une autre personne, détaille un document sur les “Approches de topographie historique” dans le cadre du Plan de sauvegarde et de mise en valeur de Montpellier. Mais, d’après Midi Libre, quatre personnes auraient été guillotinées au Peyrou pour… avoir fait cuire des galettes.
Une information qui fait froid dans le dos. Heureusement, la guillotine va finir par être enlevée. Et c’est une nouvelle statue de Louis XIV qui sera installée à l’endroit où se trouvait la machine en 1838. Cette réplique de la première se trouvait alors depuis 1829 sur la place des Capucins devenue place Louis XVI et appelée aujourd’hui place du Marché-aux-Fleurs. C’est cette statue que vous pouvez voir aujourd’hui en allant sur la place du Peyrou. Statue qui a bien failli perdre sa tête. Décidément… Mais la guillotine, disparu depuis plusieurs années, n’y était pour rien. Il avait effectivement été envisagé de remplacer la tête de Louis XIV par celle de Pierre-Paul Riquet. Une chose est sûre, vous ne verrez plus la promenade du Peyrou du même œil après avoir lu ces lignes…
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