LGV, 3e ligne de métro et réhabilitation du quartier Grand Matabiau… Les prochaines années, à Toulouse, vont être marquées par de grands travaux aux abords directs du canal du Midi et Latéral. Regrettant une absence de planification entrainant une multiplication des périodes d’interdiction d’accès au canal, à ses berges mais aussi aux voies routières et cyclables, les membres du club économique Toulouse au fil de l’O s’inquiètent de l’impact exagéré de ces opérations et notamment de l’annonce de cinq mois d’arrêt de la navigation sur la Canal des deux Mers. Le Journal Toulousain leur donne la parole.
Suite à plusieurs courriers adressés à Jean-Luc Moudenc et à la préfecture ayant pour objectif le dialogue avec les services de l’État et les collectivités, nous souhaitons alerter les Toulousains sur l’absence de coordination des grands travaux métropolitains prévus sur et aux abords du canal du Midi et du Canal Latéral. Troisième ligne de métro, réaménagement du quartier Grand Matabiau ou future Ligne à grande vitesse (LGV)… Autant d’opérations majeures qui, par manque d’anticipation et de concertation, auront un impact exagéré sur la vie quotidienne des quartiers terrestres ou fluviaux. Réaffirmant notre soutien à la démarche de renforcement des transports publics, nous demandons toutefois que ces travaux soient regroupés afin de limiter les conséquences sur la vie quotidienne du canal et, indirectement, sur les collectivités et personnes qui en dépendent.
Par ailleurs, nous déplorons l’absence de visibilité relative au nombre de chantiers qui perturberont l’activité fluviale et terrestre sur le territoire de Toulouse et de sa métropole. En effet, au vu de la multiplication des projets de réaménagements, la navigation comme les promenades sur les berges pourraient être interdites sur de longues périodes entre 2022 et 2025, si ce n’est plus. Les services de la Métropole toulousaine ont, par exemple, confirmé aux territoires et collectivités irrigués par le Canal des deux Mers, le « blocage » de la navigation pendant cinq mois en 2023. N’est-ce pas un tantinet égoïste ?
Afin de favoriser ce travail de concertation entre les différents acteurs, nous avons engagé un dialogue technique et constructif avec Tisséo, notamment Tisséo ingénierie, plus faiblement avec les Services de l’État et l’agence des Voies navigables de France (VNF). Ces derniers se sont même montrés parfois éberlués devant cette longue liste de choix et travaux émanant de technostructures qu’ils n’ont pas le pouvoir d’influencer.
Au-delà de l’activité fluviale, tous ces chantiers auront également un impact sur la circulation, les réseaux d’eau potable et usées, de gaz et de téléphonie ainsi que sur la biodiversité locale. La destruction de certaines espèces ayant été annoncée ! Par ailleurs, nous ignorons encore si l’Unesco a été informée des toutes ces interventions qui concerneront un ouvrage inscrit au patrimoine mondial.
Face à toutes ces interrogations, nous attendons que les décideurs et acteurs impliqués s’expliquent sur l’absence de visibilité, de coordination et d’information sur ces multiples chantiers. Afin de palier le manque d’initiative des pouvoirs publics en ce sens, nous proposons la constitution d’un Comité de pilotage placé sous l’égide des représentants de l’État et des collectivités concernées, mais aussi des différents opérateurs et des représentants de la marque Canal du Midi et de l’Unesco.
Nous demandons également la désignation d’un coordinateur pour ces différents chantiers ainsi que la création d’un corps de médiateur. De même, afin de permettre une meilleure transparence, nous demandons à ce que soit publiée la liste des chantiers ainsi que son calendrier, les moyens techniques déployés et les conséquences prévues sur la vie quotidienne des Toulousains et des habitants de la métropole.
Enfin, nous demandons aux pouvoirs publics un véritable plan de communication pour justifier cette multiplication de chantiers d’importance et la création d’un canal du Midi « artificiel et bétonné » avec une navigation uniquement prévue en alternance.
Quoiqu’il arrive, notre ville de Toulouse ne doit pas être seule à décider de l’avenir à court, moyen et long terme du canal du Midi.
Valerie Piganiol et Pierre Cardinale, respectivement présidente et membre du club économique Toulouse au Fil de l’O
Le club économique « Toulouse au fil de l’Ô » regroupent des associations de commerçants, des artisans, des indépendants, des TPE et PME, qui travaillent et/ou vivent sur les quartiers fluviaux toulousains du Canal du Midi, Canal Latéral, Canal de Brienne, Garonne et 80 voies d’eau et plans d’eau qui irriguent la Métropole toulousaine.
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