Les chercheurs du CNRS sont arrivés à Toulouse pour enquêter sur un mystère : plusieurs peintures de Pierres Soulages et d’autres artistes sont en train de se liquéfier, plus de 60 ans après leur création.
Le mystère a piqué la curiosité de la communauté scientifique et des passionnés d’art. Des peintures de Pierre Soulages, spécialiste du noir décédé en octobre dernier, se sont mises à couler. « Plutôt que de s’oxyder et de devenir de plus en plus cassante, la peinture devient de plus en plus molle et quelques fois devient liquide. Parfois, une goutte de liant suinte des empâtements. C’est de l’huile. Les peintures ont été sèches mais il s’agit d’un problème de vieillissement : la peinture redevient fluide », révèle Pauline Hélou de la Grandière, restauratrice.
Les œuvres du Ruthénois ne sont pas les seules concernées. « On retrouve les mêmes altérations dans les peintures d’autres artistes qui travaillaient à Paris à la même période et qui se fournissaient chez les mêmes marchands de couleur, […] dans les années 50 et 60 », ajoute la spécialiste de Soulages.
Pour tenter de comprendre qui affecte les peintures de Soulages et de ses contemporains, une équipe de chercheurs du CNRS a été dépêchée au Musée des Abattoirs (Frac Occitanie). À travers diverses techniques innovantes comme la mesure de la brillance, du relief ou de la luminescence, les scientifiques analysent plusieurs toiles du « maître de l’Outrenoir ». Ils espèrent ainsi saisir la raison de ce changement d’état chimique. Pour l’instant, le mystère reste entier. Mais le résoudre pourrait permettre aux conservateurs de sauver au moins une dizaines d’œuvres, avant que ces écoulements ne les détériore de trop et que leur apparence d’origine ne disparaisse à jamais.
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