La diffusion ce mardi 24 mai par Les Républicains, d’un sondage réalisé il y a un mois, sème le trouble chez les principaux candidats aux législatives de la 3e circonscription de Haute-Garonne. Celui-ci donne la député sortante Corinne Vignon (LREM) gagnante avec 26% des voix, au coude à coude avec Laurence Arribagé (LR) qui en totaliserait 24%. Agathe Roby (LFI) arriverait à la troisième place avec 17%. Problème : au moment où cette enquête a été réalisée Laurence Arribagé n’était pas officiellement candidate et les accords fondateurs de la Nupes n’avaient pas été totalement signés…
Un sondage, diffusé ce mardi 24 mai, et réalisé par l’Institut BVA sur la 3e circonscription de Haute-Garonne, donne la députée sortante Corinne Vignon (LREM) gagnante avec 26% des voix pour les législatives 2022. Cette enquête, commandée par le parti Les Républicains fait également état d’un match serré avec la candidate LR Laurence Arribagé qui obtiendrait 24% des intentions de vote. Quant à Agathe Roby (LFI), elle y est créditée de 17% des voix. Une triangulaire sur cette circonscription serait donc envisageable.
Une hypothèse qui pourrait satisfaire les trois candidates, si le sondage en question ne datait pas du mois dernier. En effet, celui-ci a été réalisé entre le 28 avril et le 3 mai. « Les accords fondateurs de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) n’avaient pas encore été signés par toutes les entités », note Agathe Roby, investie par ce mouvement. Ainsi, les intentions de vote de La France Insoumise, d’Europe Ecologie-Les Verts, du Parti socialiste et du Parti communiste ont été calculées de manière distinctes, alors que ces partis font désormais campagne sous la même étiquette Nupes. « Les 17% que j’obtiens donc dans ce sondage sous la bannière LFI, doivent être additionnés au 4% du PS, au 12% d’EELV et au 2% du PCF. C’est donc 35% que totalise la Nupes », précise la candidate.
Un argument mis en doute par Laurence Arribagé, qui reconnaît cependant l’approximation de l’enquête commandée par son parti avant même qu’elle ne soit officiellement candidate. Selon elle, il est précipité de considérer que toutes les voix de gauche peuvent être cumulées sous l’étiquette Nupes. Notamment, parce que « les socialistes de la circonscription sont plutôt modérés et qu’ils ne se reconnaissent pas dans les idées portées par le parti de Jean-Luc Mélenchon, dont fait partie Agathe Roby », argumente-t-elle. D’autant que, dans cette circonscription, cinq autres candidats de gauche sont en lice.
Autre information manquante dans ce sondage, qui biaise les résultats d’après les trois principales candidates : l’absence des suppléants, qui n’étaient pas encore connus. Un détail qui pourrait faire évoluer les scores. D’autant que Corinne Vignon et Laurence Arribagé estiment que leur remplaçant respectif sont un atout supplémentaire dans leur campagne. La première ayant choisi Vincent Terrail-Novès, le maire de Balma et vice-président de Toulouse métropole, quand la seconde a fait appel à l’arrière du Stade Toulousain Maxime Médard.
De plus, le panel sur lequel a été réalisée l’enquête est largement remis en question par Corinne Vignon et Agathe Roby. « Seulement 600 personnes ont été testées et 362 ont consenti à livrer leur intention de vote. Or, pour qu’un sondage politique soit validé officiellement, il doit faire état d’au moins 700 intentions de vote », précise la députée sortante. Un avis que partage Agathe Roby pour qui « l’échantillon n’est pas du tout représentatif au vu du nombre peu élevé des sondés ». Mais si l’enquête n’a que peu de valeurs aux yeux des candidates, elles en tirent tout de même quelques enseignements.
Si les résultats sont donc à prendre avec prudence, ils révèlent quand même « qu’il y aura match », lance Laurence Arribagé. Cependant, les équipes qui peuvent prétendre à la victoire ne sont pas encore clairement identifiables. Pour la candidate LR, qui bénéficie d’une implantation locale par son mandat d’adjointe au maire de Toulouse et sa fonction de maire de quartier, elle représente « une alternative entre le vote à l’extrême qui se positionne systématiquement contre toutes propositions, comme c’est le cas en conseil municipal de Toulouse, et une députée sortante aux ordres du président de la République ». Elle, jouera la carte de la proximité.
Du côté de ses concurrentes, qui ne la considèrent par comme une adversaire directe, mais qui pensent cependant qu’elle pourrait se hisser au second tour dans l’hypothèse d’une triangulaire, la stratégie est différente. Agathe Roby travaille elle à la remobilisation de l’électorat de Jean-Luc Mélenchon, essentiellement dans les quartiers populaires : « Il faut leur expliquer l’intérêt des législatives qui s’avère être un réel troisième tour de la présidentielle. » Elle fera également valoir son expérience dans une instance (le conseil municipal de Toulouse) au sein de laquelle l’union de la gauche est effective (Archipel citoyen).
Quant à Corinne Vignon, elle estime que son bilan parle pour elle : « J’ai rencontré des centaines de personnes au cours de mon mandat et j’ai porté les idées de la majorité présidentielle. D’ailleurs, je tiens à rappeler que les législatives sont un scrutin national et qu’un simple nom de famille ou une implantation locale ne suffiront pas à atteindre le second tour ».
Malgré un sondage qui, en l’état, ne permet pas de faire des prévisions, chacune des trois candidates veut y lire les raisons de croire en ses chances. En effet, si l’ordre d’arrivée est difficile à anticiper, Corinne Vignon, Laurence Arribagé et Agathe Roby devraient figurer sur le podium final. Ainsi, les législatives devraient logiquement être remportées par une femme sur la 3e circonscription de Haute-Garonne.
Commentaires