Après avoir été exclu du groupe La République En Marche à l’Assemblée nationale, le député de Haute-Garonne Sébastien Nadot crée un nouveau parti, “Éducation Démocratie Dignité”, qui présentera une quinzaine de candidats aux prochaines élections législatives. De son côté, il ne briguera pas de second mandat.
L’élection présidentielle passée, ce sont maintenant les législatives qui se profilent. Elles auront lieu les 12 et 19 juin prochains. D’ores et déjà, nombre de députés, candidats à leur propre succession, œuvrent sur le terrain pour faire campagne. En Haute-Garonne, deux élus sur dix ne devraient toutefois pas se représenter : Mickaël Nogal (LREM) et Sébastien Nadot (Libertés et Territoires). Le premier, député de la 4e circonscription du département, a quitté le monde politique. Quant au second, député de la 10e circonscription, il ne briguera pas un nouveau mandat mais reste en revanche impliqué dans la vie démocratique française.
En effet, Sébastien Nadot vient d’annoncer qu’il ne se représenterait pas aux législatives, et qu’il lançait dans un même temps un nouveau parti baptisé “Éducation Démocratie Dignité”. Une initiative qui marque une nouvelle étape dans la vie politique atypique de l’élu. Lorsqu’il entame son engagement politique en 2014, c’est au côté de Robert Hue et son Mouvement Progressiste. Pour ensuite rallier La République en Marche. « C’était vraiment de l’opportunisme, à cinq semaines du premier tour des législatives 2017 », confie-t-il. Il intègre donc l’Assemblée nationale sous la bannière LREM mais sera exclu du groupe pour ne pas avoir voté le budget du gouvernement.
« La case dans laquelle on rentre le mieux, c’est encore celle que l’on se crée »
« Je savais bien qu’il y aurait des frictions, notamment sur le plan économique, mais le renouvellement démocratique, la remise en cause des pratiques enkystées et l’ouverture à l’Europe m’ont parlé », précise le député. Des illusions rapidement déçues dans l’exercice de son mandat, qu’il voudra libre et sans entraves. Il prend alors acte de son “bannissement” et poursuit son mandat dans le groupe Libertés et Territoires. Et lors des élections européennes, c’est avec la liste Urgence Écologie qu’il s’engage. Avant donc de créer son propre parti. Car finalement, « la case dans laquelle on rentre le mieux, c’est encore celle que l’on se crée », poursuit-il.
Car après avoir tenté de se glisser dans plusieurs “cases”, il s’aperçoit que, quelles qu’elles soient, elles ne lui correspondent pas. Par exemple, il pourrait se reconnaître dans les idées d’Europe Ecologie-Les Verts, mais « ce parti ne parvient pas à construire une emprise sur le réel, et d’ailleurs ils n’ont pas parlementaires », constate Sébastien Nadot. Celles avancées par Place Publique lui semblent également intéressantes, mais « elles ne s’adressent qu’aux CSP+, aux bobos parisiens et pas aux classes populaires », regrette-t-il. Ou même les propositions du Parti Socialiste, « qui n’a pas su réagir à la gifle de 2017 et qui n’est donc plus un mouvement d’avenir », déplore l’élu, dont le modèle politique reste pourtant Michel Rocard.
« Les partis traditionnels ne parviennent plus à traduire les idées de fond »
« Les partis traditionnels ont en commun qu’ils ne parviennent plus à traduire les idées de fond », résume-t-il. Selon le député, le système politico-médiatique actuel ne permet pas le renouvellement politique et encore moins le relai des idées des représentés que sont les citoyens. Et s’il concède qu’Emmanuel Macron a lui, réussi à « dézinguer les vieux partis et à remettre quelques principes à plat, il n’est pas parvenu à proposer autre chose ».
Un constat qui pousse ainsi Sébastien Nadot, dont les velléités d’indépendance se font de plus en plus pressantes, à lancer “Éducation Démocratie Dignité” (EDD), un mouvement de centre gauche à l’identité internationaliste. En effet, la moitié des adhérents, qui sont une centaine au total, sont binationaux, originaires d’Afrique. « Ils ont davantage conscience de ce que les valeurs de la République peuvent apporter quand on les défend mordicus », explique l’élu, « et sont beaucoup moins nombrilistes. Ils ont compris que les enjeux de demain sont transfrontaliers. Sans compter les affinités qu’entretient la France avec de nombreux pays d’Afrique et le poids de ce continent dans les défis internationaux ».
« Il est impensable de croire que pour favoriser un certain nombre d’individus, il faille en écraser d’autres »
L’éducation, la démocratie et la dignité sont les trois grandes valeurs défendues par ce nouveau mouvement. L’éducation, d’abord, est au centre de ce projet, « car pour s’attaquer profondément aux grands enjeux de demain comme celui du climat par exemple, il faut retravailler sur les fondamentaux que doit transmettre l’école », estime le fondateur du parti EDD. La démocratie, ensuite, représente un défi majeur pour redonner une voix à tous ceux qui ne se sentent pas représentés par les gouvernants, estime le député. Selon lui, « les Gilets Jaunes, les antivax… ont été montrés du doigt et cette stigmatisation, ce délitement démocratique conduit inévitablement à une baisse des conditions sociales ». Enfin, la dignité humaine constitue le troisième axe de réflexion des militants EDD. « Il s’agit en réalité d’un contre-pied à la théorie du ruissellement. Il est impensable de croire que pour gagner sur un tableau, il est permis d’en détruire un autre. Que pour favoriser un certain nombre d’individus, il faille en écraser d’autres », précise Sébastien Nadot.
Des positions que les adhérents du nouveau parti de Sébastien Nadot porteront aux législatives en juin prochain. Une quinzaine de candidats seront ainsi présentés partout en France. En Haute-Garonne, “Éducation Démocratie Dignité” briguera deux circonscriptions : Julien Midali, sur la 7e et Sandrine Lafarge sur la 4e. « Nous sommes également en discussion avec plusieurs formations comme Génération.s pour la 10e circonscription, mais rien n’est encore décidé », révèle le député, qui lui, ne se représente pas. Et ce, pour plusieurs raisons.
D’abord, parce que l’homme n’est pas carriériste : « Je ne veux pas vivre de la politique, ce qui garantit un engagement sain de ma part. » Il a d’ailleurs demandé sa réintégration à l’Éducation nationale dès septembre prochain pour retrouver un poste de professeur de sport. De plus, son mandat de député lui a permis de passer “de l’autre côté de l’urne” et de prendre conscience de certaines réalités : « Si j’étais à nouveau candidat, je ne pourrais pas me percevoir autrement que comme un gros menteur ! J’aurais dû faire campagne et expliquer aux électeurs que s’ils votent pour moi, je porterais leur parole… Or, c’est faux ! Le système actuel ne permet pas de représenter ceux qui vous ont élu correctement ! » lance-t-il frustré. Et d’ajouter : « Le Parlement n’est qu’une agence de communication utilisée par le gouvernement. Les parlementaires y ont, en fait, les mains liées ! »
Commentaires
Rebecca Kamsol le 22/02/2025 à 10:37
Brave homme