Relations économiques et diplomatiques, aide administrative aux ressortissants étrangers, influence… Les consuls honoraires d’Occitanie sont de véritables couteaux suisses au service de leur pays de rattachement.
Près de 400 000 ressortissants étrangers vivent en Occitanie selon l’Insee. Ils peuvent rencontrer de nombreuses difficultés lors de leur séjour en France. Pour pallier ces problèmes, il y a une personne vers laquelle ils peuvent se tourner : le consul honoraire de leur pays. Bien que peu connus du grand public, ces civils missionnés jouent un rôle essentiel dans le lien entre la France et le pays dont ils dépendent.
Marie Poussart-Vanier, consule honoraire du Canada en Occitanie, explique que son premier rôle “est d’aider les ressortissants canadiens dans le domaine administratif. Cela va du soutien face à des problèmes autour du passeport à la vérification du respect des droits des prisonniers venant du Canada dans les prisons françaises”.
Ce n’est pas la seule mission des consuls honoraires. Ils ont aussi des fonctions dans les domaines économiques, commerciaux et politiques. Frédéric Honnorat, consul honoraire de la Norvège à Toulouse, précise : “La région Occitanie a de nombreux domaines intéressants pour la Norvège, notamment dans les secteurs spatial, aéronautique, maritime, numérique et dans l’énergie. Je joue donc le rôle d’intermédiaire entre les entreprises des deux pays pour leur permettre d’investir au mieux.”
Chaque consul exerce sa fonction différemment selon le pays auquel il est affilié. Pour le Canada, par exemple, dans le domaine économique, la consule joue surtout un rôle de repérage des pôles de compétitivité en France pour permettre au Canada de développer des secteurs où les entreprises françaises seront plus enclines à investir.
Marie Poussart-Vanier ajoute: “nous devons aussi promouvoir le CETA (l’accord économique d’échange commercial entre l’Europe et le Canada, signé en 2016, ndlr) qui est encore critiqué par certains agriculteurs. Nous voulons leur montrer que celui-ci les avantage.”
Durant leur mandat, qui peut durer de 3 à 5 ans selon les pays, les consuls honoraires entrent en contact avec les institutions politiques de leur région. Davy Atlan, consul honoraire du Luxembourg, souligne : “Nous sommes sollicités pour rencontrer des préfets, des maires et des ambassadeurs afin de discuter des problématiques politiques entre le Luxembourg et l’Occitanie.”
Ils doivent cultiver une bonne connaissance des réseaux politiques locaux pour avoir des contacts fructueux avec eux. Marie Poussart-Vanier cite notamment l’exemple de l’accord formé entre Victoriaville et Colomiers, et celui entre Montréal et Toulouse.
Toutes les tâches que doivent réaliser les consuls honoraires sont faites à côté de leur travail principal. La fonction de consul honoraire est chronophage et demande une bonne structuration pour jongler entre le travail, la famille et ce devoir supplémentaire. Et elle n’est pas toujours rémunérée. Cependant, ils ne s’en plaignent pas. “C’est un honneur pour moi d’avoir un rôle important dans la relation entre deux pays” se réjouit Frédéric Honnorat.
Qui plus est, l’accession à ce poste n’est pas chose facile bien que le processus de désignation soit différent selon les consulats. Pour devenir consul de la Norvège, le ministère de l’intérieur du pays désigne les candidats potentiels en fonction de critères confidentiels. Le Canada opte pour une méthode plus transparente et propose un concours pour accéder à ce poste.
La fonction de consul honoraire au-delà de l’aspect administratif, tisse les liens entre les différents pays pour former un réseau diplomatique international. “Nous sommes les yeux et les oreilles des ambassades”, résume Marie Poussart-Vanier.
Corentin Bell
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