35 ans après la catastrophe de Tchernobyl, survenue fin avril 1986, les centrales nucléaires produisent toujours 70 % de notre électricité. Dans des infrastructures parfois vieillissantes, la question de leur sûreté est souvent remise en question. Victime de plusieurs incidents ces dernières années, la centrale nucléaire de Golfech, à 75 kilomètres de Toulouse, est aujourd’hui un point de tension pour les riverains.
La centrale nucléaire de Golfech a été construite en 1982 pour une première mise en service en 1991, cinq ans seulement après le drame de Tchernobyl dont on vient de commémorer le 35e anniversaire. Dès sa construction la centrale a été au centre de nombreux débats avec les populations locales craignant pour leur sécurité. En 1989, alors que les travaux se terminaient sur la première partie de la centrale, une des deux tours a été occupée par l’association Stop Golfech, qui est depuis la principale source d’opposition à la centrale.
Face aux préoccupations grandissantes des habitants, la direction de la centrale s’est voulue rassurante à travers les années, mesurant un risque d’accident majeur « faible, voire très faible ». Les rapports récents de l’Autorité de sécurité nucléaire (ASN) montrent pourtant de nombreux manquements aux règles de sûretés sur le site tarn-et-garonnais. Le réseau Sortir du nucléaire révèle ainsi plusieurs incidents, dont un en octobre 2019 qui montre un réel « manque de rigueur », terme employé à plusieurs reprises par l’ASN dans ses rapports à l’encontre de la centrale.
La police du nucléaire explique ainsi dans son rapport annuel de juin 2020 que « les performances en matière de sûreté nucléaire sont nettement en retrait de l’appréciation générale que l’ASN porte sur le parc nucléaire ». Le Criirad, un laboratoire indépendant proche des mouvements antinucléaires, affirme de son côté que le taux de particules radioactives (tritium) retrouvé dans l’eau de la Garonne est quatre fois supérieur en aval de la centrale qu’en amont. Malgré les contestations et les risques de contamination de l’eau évoqués par les groupes écologistes, ces taux relevés ont toujours été en deçà des limites fixées par l’Organisation mondiale de la santé.
D’après Charlotte Migeon, l’une des porte-parole du réseau Sortir du nucléaire, la centrale de Golfech collectionne ainsi les rappels à l’ordre. Sur le site de l’ASN, 81 rapports d’incidents sont ainsi disponibles. Une situation qui semble s’être dégradée avec le temps, les incidents ont tendance à se multiplier ces dernières années. Toujours selon Charlotte Migeon, c’est le renouvellement accéléré des équipes et une très mauvaise organisation humaine qui sont les deux principales raisons de cette multiplication des incidents, plus encore que la vétusté de la centrale, âgée de 30 ans.
De son côté l’ASN se veut tout de même optimiste et note que « des efforts ont été faits » à Golfech ces derniers mois. Si le rapport annuel ne sera publié qu’à la fin juin, le chef de la division bordelaise de l’ASN, Simon Garnier, a confirmé cette amélioration même si « tout n’est pas encore parfait ». Contactée par notre rédaction, la direction de Golfech n’a pas souhaité s’exprimer.
Golfech est aujourd’hui un des 18 sites nucléaires en France. Si la question sur l’avenir de cette énergie, qui produit 70% de notre électricité, occupe depuis des décennies le débat public, les associations écologistes reconnaissent elles-mêmes que le site tarn-et-garonnais n’est pas leur première source de préoccupation à travers l’Hexagone. Selon les plans de transition les plus radicaux, la fermeture des centrales pourrait avoir lieu au début des années 2030, mais pour Charlotte Migeon « la question est bien plus politique que technique».
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