Alors que la préfecture du Lot fait évoluer le dispositif de “Secteurs d’information sur les sols” (SIS), un collectif d’habitants concernés par une pollution des terres s’est créé. Inquiets, ils demandent une meilleure communication et prise en charge de la situation.
Au début du mois de décembre 2023, la préfecture du Lot a annoncé intégrer de nouvelles parcelles au dispositif “Secteurs d’information sur les sols” (SIS), qui répertorie les zones polluées. Cette démarche est le résultat d’études sanitaires et environnementales effectuées autour des anciens sites miniers de Planioles et d’Asprières entre 2017 et 2020. L’objectif pour les services de l’État était alors de pouvoir identifier les parcelles de terrain alentour pouvant faire l’objet d’une pollution des sols.
Le projet de création de SIS intervient alors que les anciens sites miniers de Planioles et d’Asprières, situés à l’Est du Lot, suscitent de fortes inquiétudes chez les habitants. En effet, le secteur a été exploité, à la fin du XIXe siècle et au début du XXe, pour le zinc et le plomb notamment jusqu’en 1967. Mais, en 1966, une digue d’un des parcs stockant des résidus s’est rompue.
Selon l’association Systext qui s’intéresse aux systèmes extractifs, « une brèche large d’environ 20 mètres fut à l’origine de la libération d’environ 40 000 mètres cubes de résidus dans la vallée sous-jacente. » Elle ajoute : « La coulée de boue a traversé des granges et des habitations et recouvert 17 hectares de terres agricoles, avant de rejoindre la rivière Drauzou, située à plus de 1,5 kilomètre en aval. » Seulement, des résidus riches en plomb, zinc, cadmium et arsenic sont toujours présents, à ce jour, dans le secteur, selon un rapport du 10 février 2021 du Geoderis, un Groupement d’Intérêt Public (GIP) constitué par le ministère de la Transition écologique et solidaire, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) et l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (INERIS).
Ces métaux ayant été retrouvés dans les sols de plusieurs parcelles des communes de Figeac, Camburat, Planioles, Lissac-et-Mouret et Camboulit, elles ont été ajoutées à la liste des Secteurs d’information sur les sols. Les services de l’État assurent en avoir informé les personnes et propriétaires affectés. Le “Collectif de l’après-mine du 46” s’est d’ailleurs créé dans l’objectif de « regrouper les personnes touchées par cette pollution des sols due à l’exploitation des anciennes mines dans le Lot, aussi bien sur des terrains nus que construits ou en cours de construction. » Et celui-ci affirme que le devoir d’informations incombant à l’État n’a pas été suffisamment sérieux : « Tous les propriétaires ne sont pas au courant ou n’ont pas compris les courriers reçus. »
De plus, le collectif réclame des actions concrètes afin de dépolluer les terrains. Pour eux, il suffirait « d’enlever la mauvaise terre sur 30 centimètres environ, de poser un géotextile et de remettre de la bonne terre et de l’herbe, et ce, à la charge de l’État. » Les habitants ont également demandé l’installation de panneaux indicatifs « sur les parcelles concernées, comme cela était notifié sur le rapport du Geoderis, car cela n’a toujours pas été fait. » Pour autant, le document cité stipule : « L’étude montre qu’aucune mesure d’urgence n’est nécessaire au vu des usages constatés. »
Mais le collectif ne s’arrête pas là : les riverains demandent également l’annulation des SIS dans le secteur de Figeac. Selon eux, le travail de l’État n’est pas « logique ». Ils soulèvent alors deux « incohérences ». La première concerne l’actualisation des parcelles polluées : « Il a été réalisé un premier projet SIS en 2022 suite aux prélèvements de 2018, puis un second en 2023, sans prélèvement. Entre les deux, nous trouvons des erreurs. Certaines parcelles ont été supprimées alors que d’autres ont été ajoutées. » Le collectif se demande alors comment l’État a pu faire évoluer le statut de certaines parcelles sans effectuer aucune analyse supplémentaire.
Le deuxième point soulevé par le collectif concerne les modalités du dispositif pour recenser les parcelles polluées. L’association explique : « En regardant le plan, on remarque rapidement des irrégularités. Par exemple, à Planioles, dans la même rue, trois maisons qui sont côte à côte ne sont pas concernées par la pollution de la même manière. Celle du milieu a été ajoutée au SIS parce que le terrain est pollué, mais pas les deux autres. Comment cela est-il possible ? » L’explication pourrait résider dans les modalités des analyses. En effet, la préfecture du Lot précise que les prélèvements sur les terrains étaient soumis à l’autorisation des propriétaires. Cela implique donc que la pollution de certaines parcelles n’a tout simplement pas été vérifiée, car les services chargés de réaliser les ponctions n’ont pas eu accès aux terrains. Pour l’heure, le collectif a demandé à s’entretenir avec les élus du Grand Figeac et les services de l’État, sans succès.
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