Quatre ans après le lancement du dispositif de mixité sociale, le Département de la Haute-Garonne tire un bilan très positif de la mesure de réaffectation des élèves scolarisés dans les collèges les plus défavorisés de l’agglomération toulousaine.
L’opération est un succès. En réaffectant 1140 collégiens du quartier prioritaire du Grand Mirail, à Toulouse, dans 11 établissements favorisés de l’agglomération, le Cconseil départemental de la Haute-Garonne a réussi le tour de force d’augmenter significativement les résultats scolaires des élèves concernés.
Avec 63 % de réussite au Brevet, contre 50 % avant le lancement du dispositif départemental de promotion de la mixité sociale, et une multiplication par deux des élèves ayant décroché une mention, ce premier pas vers une refonte plus large de la carte scolaire a porté ses fruits dès la première promotion d’élèves entièrement scolarisés dans l’un des établissements d’accueil.
De quoi réjouir Georges Méric, le président du Conseil départemental à l’origine de cette politique : « En plus de donner le sourire et de procurer une profonde satisfaction intérieure, de tels résultats nous encouragent à poursuivre notre politique de brassage, de rencontre et de partage nécessaire à l’épanouissement des collégiens. »
Lancé il y a quatre ans, le dispositif “Mixité sociale” du Conseil départemental de la Haute-Garonne s’est donné comme objectif de désenclaver les ghettos éducatifs en redéfinissant la carte scolaire des collèges. Dans un premier temps et afin de ne pas attendre la création de nouvelles infrastructures permettant une répartition plus hétérogène des élèves, la collectivité locale a décidé de réaffecter les élèves des collèges Badiou, tout d’abord, puis de la Reynerie ensuite, vers 11 établissements plus favorisés de l’agglomération toulousaine (Michelet, Bellevue, Les Chalets, Pierre de Fermat, etc.).
Au total 1140 élèves ont donc quitté leur quartier pour aller retrouver de nouveaux camarades dans des établissements plus cotés. Une première mesure complétée par un solide programme d’accompagnement.
Ainsi, 17 navettes gratuites et spécifiques ont été affrétées pour acheminer les collégiens vers leur nouvel établissement, de manière à réduire l’allongement des temps de trajet. De même, des actions de médiation ont été mises en œuvre au sein des établissements, mais aussi dans les cars scolaires, pour veiller à l’intégration des élèves et faciliter les échanges avec leurs parents. « Ce challenge n’a pas été évident. Au début, il nous a fallu convaincre et rassurer. Nous avons mené près de 80 réunions de dialogue citoyen avec les familles et nos partenaires éducatifs pour adapter notre projet », se remémore Georges Méric qui se projette déjà dans les années à venir.
« Nous devons poursuivre, dès demain, cette volonté de brassage dans les collèges. Notamment en ouvrant de nouveaux établissements qui redéfinissent la carte scolaire en prenant mieux en compte la mixité sociale. » Une démarche dont il espère qu’elle permettra de limiter les stratégies d’évitement des collèges réputés difficiles et la fuite des élèves issus de familles aisées vers les établissements privés. Un point qui semble d’ailleurs déjà en voie d’amélioration puisque, lors de la rentrée 2020, 75 % des familles concernées par ce programme ont respecté la carte scolaire contre 60 %, en moyenne, à Toulouse.
En plus de travaux visant à rendre plus attractifs trois collèges classés Réseau d’éducation prioritaire (Rosa Parks, Georges Sand et Stendhal), le Conseil départemental projette de construire 22 nouveaux établissements d’ici 2027. Deux d’entre eux, situés dans des zones socialement mixtes (Saint-Simon et Guilhermy), viendront remplacer, dès la rentrée prochaine, les deux collèges désaffectés du Grand Mirail (Badiou et la Reynerie).
« Nous avons déplacé le collège de la Reynerie pour qu’il ne soit plus dans le ghetto », explique Georges Méric qui assure que les anciens bâtiments seront réaménagés afin d’accueillir des locaux associatifs, des services publics ou des centres d’accueil d’ONG caritatives comme le Secours populaire, les Restaurants du cœur ou La Banque alimentaire.
Enfin, afin d’inciter les établissements scolaires à « favoriser un équilibre social de leurs effectifs », le Conseil départemental a également mis en place un dispositif d’incitation financière. Les établissements présentant un taux d’élèves défavorisés supérieur à la moyenne constatée sur le département (24%) verront leur dotation consacrée aux projets éducatifs augmenter (de 54 euros à 70 euros par élève) quand, ceux qui auront un taux d’élèves défavorisés trop insuffisant (à la fois inférieur à 10 % et au taux moyen du quartier) seront sanctionnés par un malus. Leur dotation sera alors réduite à 22 euros par élèves. Ainsi, en 2021, un établissement public et 13 des 21 établissements privés se sont vu appliquer une pénalité. 38 établissements publics ont vu leurs crédits maintenus et 57 établissements publics ont profité de cette prime à la mixité.
Commentaires