Le 26 mars dernier, à l’Hôtel des ventes de Montpellier, s’est vendu un masque africain pour la somme de 5,25 millions d’euros. Une transaction record, qui a pourtant été contestée par des ressortissants gabonais, pays d’origine de la pièce.
Adjugé! Vendu! Pour la modique somme de 5,25 millions d’euros, un acheteur inconnu, qui a renchéri par téléphone, est devenu propriétaire, le 26 mars dernier, d’un masque en bois dont le peuple Fang avait l’usage au XIXe siècle. Pourtant estimé à 400 000 euros, le masque africain, gabonais plus précisément, a suscité les convoitises d’une dizaine de personnes présentes à l’Hôtel des ventes de Montpellier pour l’occasion. Et pour cause: il n’existe qu’une dizaine d’exemplaires dans le monde.
Mais, durant la vente, des membres de l’association Gabon-Occitanie ont crié au vol. Ils ont accusé cette transaction d’être illégale car cet objet aurait été dérobé à l’époque coloniale. Se réservant même le droit de porter plainte. Allégations que réfute le commissaire-priseur Jean-Christophe Giuseppi pour qui, selon les informations en sa possession, l’histoire du masque Fang est on ne peut plus authentique.
“Ce masque appartenait à la société secrète du Ngil, des justiciers qui parcouraient les villages pour débusquer les fauteurs de troubles, parmi lesquels figuraient des individus soupçonnés de sorcellerie”, explique le commissaire-priseur.
Il aurait ensuite été acheté, vers 1918, par le gouverneur René-Victor Edward Maurice Fournier, qui officiait alors à Dakar. De retour en France, ce dernier l’aurait ramené dans ses valises, et sa famille l’aurait retrouvé au fond de son grenier lors de la vente de sa maison, ignorant la valeur qu’il pouvait avoir. Une histoire classique finalement, mais qui a une résonance particulière à l’heure où de nombreux pays africains réclament la restitution d’objets et œuvres d’art pillés à l’époque coloniale.
Severine Sarrat
Au journal depuis 2008, elle en connaît tous les rouages. D’abord journaliste polyvalente, puis responsable des pages économiques, elle est aujourd’hui rédactrice en chef.
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